Affaire Robert Boulin : plus de 40 ans après la mort du ministre du Travail, un nouveau témoignage relance l'enquête

Un témoin affirme avoir assisté à une conversation qui accrédite la thèse selon laquelle le ministre du Travail a été assassiné en 1979 et relance les investigations selon France Inter.
Article rédigé par franceinfo
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Un témoin fait des gestes en montrant où il a retrouvé, il y a 40 ans, le corps du ministre français Robert Boulin lors d’une reconstitution de la découverte de son corps, à l’Etang Rompu à Saint-Léger-en-Yvelines (Yvelines), le 28 octobre 2019. (MARTIN BUREAU / AFP)

En 2022, alors que le parquet de Versailles avait requis un non-lieu et que les investigations dans l'affaire Boulin étaient sur le point d'être closes, un témoin s'est manifesté auprès de la justice relançant les investigations, selon les informations de France Inter vendredi 6 septembre.

L'homme en question affirme avoir assisté à une conversation qui accrédite la thèse selon laquelle le ministre du Travail a été assassiné. D'après ses dires, des membres du Service d'action civique (SAC) ont évoqué "un accident". Son récit, recueilli par France Inter, est jugé assez sérieux pour relancer l'enquête.

Dans les années 1970, ce témoin fréquente le club libertin Roi René dans les Yvelines. Il sympathise avec un homme qu'il désigne comme étant Pierre Debizet, patron du SAC, considéré comme la police officieuse du RPR. "Quelques jours après la mort du ministre, raconte-t-il, il m'a invité à prendre une coupe de champagne à sa table". Il affirme que deux membres du SAC étaient présents : "Ils m'ont été présentés comme ça".

Sur place, les hommes "ont sablé le champagne pour avoir récupéré les dossiers compromettants, ont-ils dit entre eux". Toujours selon ce témoin, "ça a déplu à Pierre Debizet qui leur a dit 'ouais mais vous l'avez tué [alors que] le patron, c'est-à-dire Pasqua, avait donné l'ordre de lui filer une danse'".

L'enquête rouverte en 2015

C'est alors que "le chef du commando a déclaré à Debizet c'est un accident, il a fait un arrêt cardiaque, il est mort dans nos bras et dans la panique on l'a balancé dans l'étang de Montfort-l'Amaury'". Le témoin raconte que les hommes "n'ont pas évoqué directement le nom de Boulin" mais qu'il a fait le lien "dans les jours qui ont suivi".

Pour expliquer ces années de silence, il affirme que "le club était protégé par le procureur de l'époque, qui a dirigé l'enquête sur l'affaire Boulin. La proximité de ce procureur avec des membres du SAC dans le même club m'a incité à l'époque à la plus grande prudence".

Après plus de 40 ans à se taire, ce témoin a été entendu à plusieurs reprises par les gendarmes ces deux dernières années, ainsi que par la juge d'instruction chargée du dossier. Il se dit aujourd'hui "au crépuscule de [sa] vie". Ce témoignage "[il] le devait à la famille Boulin".

En 1979, Robert Boulin, ministre du Travail, a été retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet. Le gaulliste venait d'être mis en cause pour les conditions dans lesquelles il avait acheté un terrain à Ramatuelle, dans le Var, ce dont il s'apprêtait à se défendre. La thèse officielle est celle du suicide, ce que sa famille conteste depuis. Elle affirme qu'il a été assassiné. L'enquête a été rouverte en 2015, après une nouvelle plainte de la fille de Robert Boulin.

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