Mort d'Yvan Colonna : l'indépendantiste Paul-Félix Benedetti appelle "à trouver les chemins d'une réconciliation durable" entre la France et la Corse
Le représentant du mouvement indépendantiste Corse In Fronte à l’Assemblée de Corse espère que la mort d'Yvan Colonna sera "le marchepied à une prise de conscience collective".
Paul-Félix Benedetti, représentant du mouvement indépendantiste Corse In Fronte à l’Assemblée de Corse a appelé mardi 22 mars sur franceinfo "à trouver les chemins d'une réconciliation durable" entre la France et la Corse. Yvan Colonna est mort lundi à 61 ans, après de longs jours de coma, à la suite de l'agression par un codétenu de la prison d'Arles. Il espère que ce "drame" puisse "permettre d'être le marchepied à une prise de conscience collective". Paul-Félix Benedetti "ne voit pas en" Yvan Colonna "un assassin" même s'il a été condamné pour l'assassinat du préfet Érignac.
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franceinfo : Quelle est votre réaction à la mort d'Yvan Colonna?
Paul-Félix Benedetti : On s'y était préparé malheureusement. On est dans le recueillement, dans la peine, dans la douleur. On est horrifié par ce qui s'est passé. On pense que c'est quand même un énorme gâchis. Ça fait des années que nous demandons l'application stricte du droit. Le rapprochement en Corse pour que leurs familles puissent rendre visite aux détenus et que les conditions de détention soient plus sécurisées. Ça fait un moment qu'il y a un problème sécuritaire interne dans les prisons françaises. J'ai mon frère qui a été détenu pour raisons politiques à la prison de Fresnes. Il y a eu des moments de tension extrême.
"Il y a eu la volonté permanente au plus haut niveau de l'État, d'instrumentaliser la détention des membres du commando dit 'Érignac' et de perpétuer une vengeance d'État."
Paul-Félix Benedetti, représentant du mouvement indépendantiste Corse In Fronteà franceinfo
Et aujourd'hui, il y a un phénomène de résilience non possible de l'ensemble du peuple corse et la volonté, malgré tout, de rester digne et de vouloir une solution politique efficiente et qui soit quelque chose qui solderait ces cinquante années très difficiles.
Que représente pour vous Yvan Colonna ?
Un militant, un patriote. Il a toujours clamé son innocence. On ne voit pas en lui un assassin. Ce sont des condamnations difficiles par un appareil judiciaire instrumentalisé. Il a quand même été digne, il a accompli une détention dans un silence et dans une acceptation absolue. Je reste dans l'idée qu'il est innocent, qu'il a été mis en cause verbalement. Il n'y a pas d'éléments matériels qui le lient directement à l'acte.
Appelez-vous les jeunes corses à descendre dans la rue ?
Je les appelle à rester dignes. On est face à la mort d'un homme. On est face à la douleur d'une famille. On ravive des plaies. Aujourd'hui, il faut que le temps fasse son travail. Mais il faut qu'il y ait aussi l'acceptation qu'il y a un problème politique de fond et qu'il faut le solutionner. J'espère au moins que ce drame, parce que c'est un drame, le drame de la Corse, le drame de la famille Érignac, qu'il puisse permettre d'être le marchepied à une prise de conscience collective. Ensemble, on peut trouver les chemins d'une réconciliation durable. Si l'un et l'autre, et quand je dis l'un et l'autre, pour moi, c'est la France et la Corse. Ils prennent la notion de ce qu'il faut faire. On a besoin aujourd'hui d'un comportement étatique et pas d'un comportement vengeur. Et nous avons à prendre la responsabilité de nourrir une jeunesse vers des lendemains meilleurs, à mieux vivre, ce qui n'est pas le cas en Corse.
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