Affaire Tapie : Stéphane Richard et Jean-François Rocchi mis en examen
Les deux hommes sont poursuivis pour "escroquerie en bande organisée".
L'affaire Tapie a pris une nouvelle dimension, mercredi 12 juin. Stéphane Richard, PDG d'Orange et ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde lorsque celle-ci était ministre de l'Economie, et Jean-François Rocchi, ex-président du Consortium de réalisation, la structure créée pour gérer le passif du Crédit lyonnais, ont, tour à tour, été mis en examen pour "escroquerie en bande organisée".
L'avocat de Stéphane Richard a annoncé mercredi soir son intention de déposer un recours, à la demande de son client, pour obtenir l'annulation de cette mise en examen qu'il juge "infondée, infamante et grotesque".
Que leur est-il reproché ?
Les enquêteurs s'interrogent sur le rôle qu'ils ont pu jouer dans la décision de recourir à un arbitrage, en 2007, pour mettre fin au litige entre Bernard Tapie et le Crédit lyonnais.
Les juges d'instruction du pôle financier de Paris enquêtent sur cet arbitrage, qui a permis à l'homme d'affaires Bernard Tapie d'obtenir, en juillet 2008, 403 millions d'euros d'indemnités, intérêts inclus. Ils cherchent à savoir si cet arbitrage a été entaché d'irrégularités. Pour cela, ils souhaitent dérouler la chaîne de prises de décision ayant conduit au choix de recourir à un tribunal privé dans cette affaire.
Les juges étudient en particulier le mode de désignation des arbitres et la décision du gouvernement de ne pas contester l'arbitrage rendu, malgré des soupçons d'irrégularité.
Comment se défendent-ils ?
Stéphane Richard et Jean-François Rocchi se sont rejetés la responsabilité de l'initiative d'envisager un arbitrage.
Haut-fonctionnaire, Jean-François Rocchi a affirmé qu'il n'avait fait que "mettre à l'étude", à la demande de Stéphane Richard, une proposition des liquidateurs du groupe de Bernard Tapie suggérant un arbitrage. Est-il un bouc émissaire ? "Je pense un peu ça, et j'utiliserais le mot de lampiste s'il n'avait pas une connotation désagréable", a déclaré son avocat. "Il paye le fait qu'il a suivi les instructions qui lui ont été données."
Stéphane Richard, lui, a affirmé que l'initiative était venue de Jean-François Rocchi, lors d'une réunion à l'été 2007 en présence du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant. Et l'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde a au passage répété qu'il n'y avait eu "ni ordre, ni instruction, ni pression particulière" de l'Elysée pour aller à l'arbitrage. Mais selon Le Canard enchaîné, Stéphane Richard a soutenu le contraire, évoquant une instruction transmise par Claude Guéant lors de cette réunion.
Stéphane Richard va-t-il rester à la tête d'Orange ?
A la suite de cette mise en examen, Matignon a indiqué que le conseil d'administration de l'opérateur Orange se réunirait "dans les prochains jours" pour "faire le point" et "décider des conséquences à tirer". "A travers ses administrateurs, l'Etat fera alors valoir sa position en tant qu'actionnaire", a précisé l'entourage du Premier ministre. Les représentants de l'Etat "se détermineront par rapport au seul intérêt de l'entreprise", a ensuite indiqué le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici.
Du côté de l'opérateur, on estime que cette mise en examen n'a pas de "conséquences sur [les] responsabilités [de Stéphane Richard]".
Jeudi, avant son audition par les juges, le PDG d'Orange, cité par Le Monde, disait avoir "eu l'assurance de François Hollande [qu'il resterait] à [son] poste." "Ma position personnelle, dans l'affaire Tapie, c'est qu'elle n'a rien à voir avec mes responsabilités à la tête d'Orange. (...) Si ma mise en examen devait advenir, c'est à mon conseil d'administration et à lui seul de statuer sur mon cas", avait-il poursuivi.
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