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Assemblée : un député défend une loi contre les discriminations liées aux cheveux pour "permettre à chacun d'être qui il est"

Et le sujet est pris très au sérieux par les députés. "Ce sujet n'a rien d'excentrique ou de corporatiste : il est universel", défend le député Liot, Olivier Serva.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le député Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot, centriste) Olivier Serva, le 27 avril 2023 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Nous entendons pouvoir permettre à chacun d'être qui il est, comme il l'entend, sans être discriminé, que ce soit au travail ou ailleurs". Invité de franceinfo jeudi 27 avril, le député Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot, centriste) Olivier Serva défend sa proposition de loi pour mettre fin aux discriminations liées aux cheveux. "Ce sujet n'a rien d'excentrique ou de corporatiste : il est universel", affirme l'ex-macroniste, qui cite aussi bien les "femmes d'ascendance africaine" qui "doivent changer leur coupe de cheveux pour postuler à un emploi" que les "femmes blondes" ou les "hommes chauves". Il "espère" un examen de son texte au mois d'octobre, à l'Assemblée nationale.

franceinfo : quel est le point de départ de cette proposition de loi ?

Olivier Serva :Tout part d'une d'une décision de la Cour de cassation, en novembre 2022 : après dix ans de procédure, un steward d'Air France qui s'était fait licencier a été réintégré, non pas parce qu'il pouvait porter ses dreadlocks comme il l'entendait, mais parce que les femmes pouvaient avoir les cheveux plus longs que les hommes, sur cette compagnie. Ça veut dire que l'article 225.1 du Code pénal, qui a déjà stipulé depuis 2001 les discriminations physiques, comporte un vide juridique concernant notamment la longueur, la couleur, la texture des cheveux. Nous voulons tout simplement combler ce vide juridique.

Existe-t-il une discrimination à l'embauche sur la base de la couleur des cheveux, ou de leur texture ?

En France, on ne peut pas faire d'études ethniques. Il faut donc aller outre-Atlantique ou outre-Manche pour comprendre ce qu'il se passe. Selon une étude de 2023 de Dove et de LinkedIn, aux États-Unis, deux tiers des femmes d'ascendance africaine doivent changer leur coupe de cheveux pour postuler à un emploi.

"Cette même étude dit aussi qu'un tiers des femmes blondes doivent pouvoir changer la texture, la couleur de leurs cheveux pour paraître plus intelligentes aux yeux d'un employeur."

Olivier Serva, député Liot

à franceinfo

Ce sujet n'a donc rien d'excentrique ou de corporatiste : il est universel. À l'image de la devise de la République, "Liberté, Égalité, Fraternité", nous entendons pouvoir permettre à chacun d'être qui il est, comme il l'entend, sans être discriminé, que ce soit au travail ou ailleurs.

Les femmes sont-elles les plus touchées par cette forme de discrimination ?

Les hommes chauves aussi en sont victimes. Une étude démontre qu'ils ont 30% de chances en moins de pouvoir progresser dans leur entreprise.

Pensez-vous qu'une loi peut faire changer les mentalités ?

La loi n'est qu'un outil pour aller vers l'objectif : permettre à chacun et chacune d'accepter l'autre dans ce qu'il est, dans son originalité. Parce que je crois que la France et diverse, elle a besoin aussi d'accepter les uns et les autres tels qu'ils sont.

"Quand quelqu'un est obligé d'aplatir ses cheveux, c'est un peu comme s'il aplatissait sa personnalité."

Olivier Serva

à franceinfo

Ce n'est bon ni pour lui ni pour la société. Toutefois, cette proposition de loi ne suffira pas [à mettre fin aux discriminations liées aux cheveux]. C'est un premier pas pour sensibiliser chacun et chacune, en disant : acceptons l'originalité puisque ça fait partie de la richesse de la France et des Français.

Vous voulez légiférer sur la couleur, la texture des cheveux. Est-ce que ce sujet est pris au sérieux chez vos collègues de l'Assemblée nationale ?

Oui, et je suis moi même très agréablement surpris. J'ai choisi une voie consensuelle, sans brutalité : je veux mettre cette loi à l'agenda de la semaine de l'Assemblée. De quoi s'agit il ? La semaine de l'Assemblée, ce sont des textes consensuels, transpartisans. Depuis une dizaine de jours, j'ai soumis ce texte à la signature des députés. 30 d'entre eux, tous bords confondus, l'ont déjà cosigné. Je me suis déjà rapproché du cabinet de la présidence de l'Assemblée, qui se dit intéressé. J'espère tranquillement pouvoir présenter ce texte lors de la semaine du Parlement d'octobre, de façon transpartisane, sans tensions, avec une forme de sérénité.

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