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Contrairement à son père Jacques Delors, Martine Aubry se lance donc dans la bataille présidentielle

Première secrétaire du Parti socialiste depuis 2008, Martine Aubry était liée par son pacte de Marrakech avec Dominique Strauss-Kahn - l'un n'ira pas contre l'autre - rompu par l'éviction brutale de son allié, le 14 mai dernier.Elle s'est déclarée
Article rédigé par Christine Pouget
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Martine Aubry (AFP/Philippe Huguen)

Première secrétaire du Parti socialiste depuis 2008, Martine Aubry était liée par son pacte de Marrakech avec Dominique Strauss-Kahn - l'un n'ira pas contre l'autre - rompu par l'éviction brutale de son allié, le 14 mai dernier.

Elle s'est déclarée

Et elle semble désormais déterminée face notamment à François Hollande, qu'elle talonne dans les sondages.

"Elle le voulait dès le début"
Certains ont parlé de "candidature de substitution", évoquant son manque d'"envie". D'autres parlent de "cadeau du ciel". "Elle cherchait une fenêtre de tir. Elle l'a eue", commente-t-on. Un dirigeant socialiste renchérit: "Tout le monde s'imagine que Martine ne voulait pas être candidate. C'est faux. Elle le voulait dès le début. Elle est devenue première secrétaire pour cela".

Parfois cassante, mais attentionnée, la patronne du PS est une femme complexe et ambivalente. "Dr Martine et Mrs Aubry ?", s'interrogent Rosalie Lucas et Marion Mourgue dans leur récente biographie. Avec ses blessures, la mort d'un frère bien-aimé ou sa défaite aux législatives de 2002 dans le Nord et ses larmes publiques.

Selon un proche, Gilles Pargneaux, "elle a toujours voulu mettre du lien" entre les gens, aussi bien dans son expérience de ministre que son travail de terrain, dit-il à l'AFP.

Plus décontractée à Lille
Lille parle pour elle. Ses fiertés? "Avoir gardé les classes populaires et réussi la mixité". Elle change dès qu'elle se trouve dans son fief. Décontractée, rieuse, "Madame le Maire" se fait volontiers guide de la ville et de sa métamorphose depuis 2001.

"C'est une femme exigeante pour elle-même et pour les autres, elle veut toujours l'excellence. Il faut qu'on réussisse. C'est un principe de base", témoigne Gilles Pargneaux.

"Elle est humaine. Le député du Nord, Patrick Roy, souffre d'un cancer. Martine va le voir. Il lui dit 'J'en ai marre de la tambouille de la clinique', elle lui fait apporter chaque midi un repas qu'il aime", relate-t-il.

Celle qui a mis en oeuvre les 35 heures
Cette énarque de 60 ans, ex-numéro deux du gouvernement Jospin, plusieurs fois ministre, a été la "dame des 35 heures", celle qui a mis en oeuvre la réforme clé de la législature Jospin. Elle a le social chevillé au corps. Sa mise est simple et son mode de vie peu "bling bling".

Pourtant, le tableau était sombre en 2008. Au congrès de Reims, elle est candidate au dernier moment à la direction, et elle conquiert de justesse un PS déchiré.

Une travailleuse acharnée
Bosseuse acharnée, celle qui se définit comme "besogneuse" et comme un "diesel", remet le parti au travail, engrange de belles victoires (régionales, cantonales), pacifie les rapports avec son ex-rivale du congrès Ségolène Royal, fait valider à l'unanimité son projet 2012.

Passionnée de culture et bonne vivante
Passionnée de culture, amie d'artistes, elle aime aussi mitonner des petits plats, voyager avec son mari, l'avocat Jean-Louis Brochen. Et adore sa fille Clémentine, sa mère basque et son père, Jacques Delors. Elle assistait, à son côté, au récent sacre de son club de foot lillois, écharpe du LOSC autour du cou et hurlant sa joie.

On ne pourra plus entendre ce commentaire - "Elle est comme son père" - lui qui, en décembre 1994, alors président de la Commission européenne, annonçait son renoncement à l'élection suprême.

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