Dans le fief de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont, une soirée placée sous le signe de l'incertitude
A Hénin-Beaumont, les militants se sont réunis salle du Colisée où Marine Le Pen leur a donné rendez-vous dimanche 17 juin. Dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, la candidate FN et le socialiste étaient au coude-à-coude. Récit.
Envoyée spéciale à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais)
21h15 : "C'est une victoire à la Pyrrhus. Nous allons demander un recours, nous avons subi des pressions" pendant la campagne. "Ils sont allés dans les banlieues chercher les voix de ceux qui ne votent jamais, on y entend les youyous. Ils ont communautarisé le vote", déclare Steeve Briois, le secrétaire général du FN.
"Ce qui me déçoit le plus c'est de voir que les seuls drapeaux qu'on a vus à Hénin-Beaumont ce soir ce sont des drapeaux algériens", ajoute-t-il.
20h50 : Marine Le Pen fait son entrée dans la salle sous les hourras. "Ce soir est un soir de victoire pour le "Rassemblement bleu marine" que j'ai eu l'honneur de diriger", lance-t-elle. "Après 25 ans d'absence illégitime au Parlement, le Front national fait à nouveau son entrée à l'Assemblée".
"Avec 114 voix d'écart, seule contre tous, je suis privée d'un siège du fait d'un redécoupage en faveur des socialistes. Ce soir, c'est à M. Guéant que M. Kemel doit adresser ses remerciements", poursuit Mme Le Pen qui a obtenu 55,14% des voix à Hénin-Beaumont.
20h30 : Les sympathisants se remettent de leur déception et saluent les scores de Marion Maréchal-Le Pen dans le Vaucluse, et de Gilbert Collard dans le Gard. "Marion, c'est quelqu'un de clean, d'impeccable, de mature, c'est une nouvelle icône", lance Stas, venu de Picardie. Et M.Collard ? "Il a un grand talent, il est contre la peine de mort, ça équilibre, c'est bien".
Camille, jeune militant, tient lui à rappeler : "Ca sera toujours Marine dans nos coeurs, mais Marion, c'est la nouvelle génération, la pure relève Le Pen, c'est ce qu'il faut".
20h20 : L'écart entre Philippe Kemel et Marine Le Pen est ténu. Le socialiste l'emporterait à 50,11% des suffrages, avec à peine un peu plus de 100 voix d'écart. Marine Le Pen estime que cet écart est trop faible. La présidente du FN exige que toutes les voix soient recomptées.
20h10 : Un envoyé spécial annonce que Philippe Kemel l'emporte. Stupeur sur les visages : "C'est affreux, c'est pas normal, pas logique", se désole Maryse. "Ce n'est même pas de la déception à ce stade, c'est du dégoût", renchérit sa voisine.
"Je suis chtimi, j'ai les boules, à un point près", déclare Aimé, qui a tenu un bureau de vote toute la journée. "Mais les deux députés ça va nous mettre du baume au coeur, ils pourront nous informer sur ce qui se passe à l'Assemblée nationale".
20h00 : Le camembert qui se dessine à l'écran montre que deux députés FN ont été élus, les militants s'enflamment : "On a gagné", "Marine, Marine" scande la foule. Mais tous s'interrogent : "Qui est passé ?", "Elle y est ?". "J'espère, elle le mérite" répond Maryse. "Tant qu'à faire on aimerait que ce soit les deux filles Le Pen, que ça reste en fammile", ajoute-t-elle.
19h55 : Jean-Luc Mélenchon apparaît sur le plateau de TF1 et provoque des cris de dédain dans la salle et des réactions épidermiques : "C'est un cinglé", "Il n'est même pas à Hénin ce soir".
19h50 : Les visages tendus des militants sont tournés vers l'écran géant installé dans la salle du Colysée. "C'est pire que l'euromillion", lance l'un d'entre eux. "Non, on se croirait au jour de l'an", répond une autre. Avec un peu plus de stress pour ce jeune frontiste qui préfère rappeler qu'"un seul député, ça sera déjà 100% de réussite".
Ségolène Royal, qui apparaît à l'image, est huée par la salle.
19h45 : Pas encore d'horaire précis pour le discours de Marine Le Pen, initialement prévu à 20h30.
19h15 : Le dépouillement a commencé depuis plus d'une heure, mais le suspense est total. La tension est palpable dans la salle où sont réunis la centaine de journalistes accrédités et les militants. Marine Le Pen reste retranchée dans sa permance.
18h45 : Les échos des bureaux de vote montrent que les deux candidats sont dans un mouchoir de poche. Certains bureaux ont même du recompter les bulletins dépouillés.
18h30 : Des camions de police prennent place autour de la mairie d'Hénin-Beaumont. Une manifestation anti-FN y serait prévue à 19h30. A confirmer. En tout, une centaine de policiers ont été déployés dans la ville.
18 heures : Morgan, 21 ans, a voté à Hénin-Beaumont. "C'est une des seules à défendre les habitants d'ici", affirme ce salarié du secteur automobile venu voir Mme Le Pen. "Ce qui plaît c'est aussi son franc-parler. Et puis dans ma famille on vote tous FN. Mais ça va être serré, ça va être chaud", ajoute-t-il.
Son ami Johan, 18 ans renchérit : "Il faut qu'elle fasse bouger les choses à Hénin, il ne se passe rien ici, pas d'animation, c'est mort, il n'y a que des kebabs".
17h45 : A l'extérieur, des militants font le pied de grue pour apercevoir Marine Le Pen. Ils sont venus de Douai et même de Saint-Omer, pour soutenir la candidate. "Elle est sincère et surtout courageuse alors que les médias l'attaquent sans cesse", lance Michel, 51 ans, un ancien employé de SeaFrance actuellement au chômage.
"Y'en a marre, il faut que ça change ici", ajoute Grégory, un douaisien.
D'autres sont venus de Paris. "Là-bas il ne se passe rien, on vient là où on fait plus de 40%", affirme l'un d'entre eux.
17h30 : Alain Vizier, attaché de presse du FN fait part de son incertitude : "C'est le grand flou ici".
17h15 : Les informations sur l'agression de l'avocat Gilbert Collard à Saint-Gilles dans le Gard font bruisser la salle de presse. Le candidat du "Rassemblement bleu marine" aurait été malmené par des jeunes.
17 heures : La participation tombe. Elle s'élève à 46,16% en métropole, soit deux points de moins qu'au premier tour (48,31%) et près de quatre points de moins qu'au second tour en 2007 (49,58%).
Dans le Pas-de-Calais, elle s'élève à 45,67% contre 47,50% au premier tour.
16h30 : Seuls les journalistes ont pris place dans la salle du Colisée à Hénin-Beaumont où Marine Le Pen a de nouveau donné rendez-vous à ses militants. Ce dimanche 17 juin le soleil est au beau fixe, contrairement au soir du premier tour, marqué par une pluie battante.
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