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De la vérité et du mensonge en politique

Janvier est consacré à la présentation des voeux. Permettez-nous d'abord de présenter ceux du site de Présidentielle 2012 à ses internautes. Il n'est pas inutile, ensuite, de se pencher sur leur contenu. Les présidentiables misent sur "la vérité".
Article rédigé par Hervé Brusini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Mensonge et vérité: les deux faces du politique (Gianni Dagli Orti / The Art Archive / The Picture Desk)

Janvier est consacré à la présentation des voeux. Permettez-nous d'abord de présenter ceux du site de Présidentielle 2012 à ses internautes. Il n'est pas inutile, ensuite, de se pencher sur leur contenu. Les présidentiables misent sur "la vérité".

C'est la période des voeux. Formulons en un, qui sans nul doute, se verra exaucé. Si ce n'est déjà fait. Celui de voir la vérité placée au coeur de tous les discours de la campagne présidentielle.

Faut-il des preuves ? Au tout début de ses voeux aux Français, le président de la République a vite avancé le mot clé. Parlant de la crise, il a affirmé : "je ne vous ai jamais dissimulé la vérité, ni sur sa gravité, ni sur les conséquences sur l'emploi et le pouvoir d'achat".

Et François Hollande, dans son adresse aux Français publiée dans l'édition de Libération du mardi 3 janvier, de placer la vérité comme premier principe de sa campagne.

La vérité donc, affichée au plus haut niveau, comme un devoir qui s'impose aux responsables politiques. Lors de la primaire socialiste, les prétendant(e)s n'ont pas fait autre chose. Ils et elles ont martelé la nécessité de cette indispensable vérité.

Les faits forcent tout aspirant élyséen à dire la vérité

Cette exigence est aussi vieille que les affaires de la cité. Notre pays a connu des hommes qui en faisaient leur étendard. Qui a oublié Pierre Mendes France et "la France peut supporter la vérité", sentence prophétique prononcée en 1953 alors que le conflit en Indochine allait tourner au fiasco ?

Aujourd'hui, en ces temps d'incertitudes inégalées depuis 1945, les constats, les chiffres, les faits forcent tout aspirant élyséen à dire la vérité.

Le Web et son fact checking sont déjà rompus à cette rigueur renouvelée à l'égard du discours politique. Sur ce point la responsabilité journalistique se devrait d'être absolue. Car c'est une antienne, hélas vérifiée au fil de l'histoire humaine, la politique n'est guère connue pour toujours dire la vérité.

Les multiples façons de tromper son peuple

Tout électeur devrait lire au plus vite "L'art du mensonge politique", opuscule rédigé par Jonatan Swift et judicieusement réédité par Jérôme Millon. L'auteur des "voyages de Gulliver" décrit les multiples façons de tromper son peuple.

On y parle rumeurs, bruits, diffamations ou calomnies. Il faut apprécier le savoir faire du mensonge d'addition qui consiste à "donner à un grand personnage plus de réputation qu'il en appartient". Ou celui du mensonge de translation "qui transfère le mérite d'une bonne action d'un homme à un autre". Sans oublier le mesonge qui doit épouvanter, "la bourse" étant l'un de ses lieux privilégiés.

Ce texte est d'une belle actualité. Jusque dans le rémède préconisé. "Il faut que le parti (ou l'homme) qui veut rétablir son crédit et son autorité s'accorde à ne rien dire et à ne rien publier pendant trois mois qui ne soit vrai ou réel".

A moins de quatre mois du premier tour de l'élection présidentielle, le 22 avril, gageons que les candidats sauront profiter du dernier mois de vérité qui leur est offert. Après, ils pourront s'en donner à coeur joie.

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