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Dernier jour du Congrès de Tours dimanche qui voit Marine Le Pen succéder à son père à la tête du Front National

Selon la direction du parti d'extrême-droite, elle a remporté 67,55% des suffrages des militants du FN sur son rival Bruno Gollnisch (32,25%).Après 40 ans de règne, Jean-Marie Le Pen passe le flambeau à sa fille, 42 ans, qui a proposé à Bruno Gollnisch un poste de "premier vice-président" pour préserver l'unité du FN à 15 mois de la présidentielle.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
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Marine Le Pen et son père, à Tours, le 16 janvier 2011 (AFP PHOTO / ALAIN JOCARD)

Selon la direction du parti d'extrême-droite, elle a remporté 67,55% des suffrages des militants du FN sur son rival Bruno Gollnisch (32,25%).

Après 40 ans de règne, Jean-Marie Le Pen passe le flambeau à sa fille, 42 ans, qui a proposé à Bruno Gollnisch un poste de "premier vice-président" pour préserver l'unité du FN à 15 mois de la présidentielle.

Disant ne pas avoir besoin d'un "lot de consolation" ni "de titre ronflant", ce dernier est resté vague sur son avenir dans l'organigramme du parti, alors que Marine Le Pen lui a proposé de devenir N°2 du Front national. Il a toutefois félicité la nouvelle présidente, candidate "légitime" selon lui à la présidentielle de 2012, et a déclaré vouloir continuer "naturellement à servir la cause que j'ai toujours servie (...) dans la formation (...) la plus apte, le FN".

Vice-présidente du parti et députée européenne, la chef du file du mouvement dans le Nord-Pas-de-Calais faisait figure de grande favorite pour ce scrutin après plusieurs mois de campagne interne dans toute la France. Elle avait reçu un soutien appuyé de son père, âgé de 82 ans, qui présidait le mouvement depuis sa création en 1972, et de l'appareil frontiste. Une forte majorité de cadres et d'élus avaient également pris fait et cause pour elle.

Une page se tourne dans le mouvement d'extrême droite. Son fondateur, Jean-Marie Le Pen, quitte la présidence du parti qu'il dirige depuis 1972. Second événement de taille, 17.127 adhérents ont voté par courrier sur les 22.403 inscrits pour désigner son successeur (soit un taux de participation de 76,45%), une procédure inédite pour un parti habitué à reconduire son chef par "acclamation".

Le dépouillement des bulletins, sous contrôle d'huissier et dans un lieu tenu secret, a eu lieu vendredi. La proclamation officielle a été fixée à dimanche matin, au second jour du congrès, quelques heures avant une intervention de Marine Le Pen au JT de 13 heures de TF1.

Marine le Pen soutenue par son père
Durant toute la campagne, Marine Le Pen a fait la course en tête.

Députée européenne, conseillère municipale (à Hénin) et régionale (région Nord-Pas-de-Calais), la benjamine des trois filles de Jean-Marie Le Pen ne manque pas d"atouts. Outre le soutien de son père et de l"appareil du parti, l'actuelle vice-présidente du FN jouit d"une notoriété bien supérieure à son rival et a su parfaitement mettre à profit sa fonction de porte-parole du parti.

Eloquente, pugnace et parfaitement rompue aux codes médiatiques, Marine Le Pen veut donner du FN une image plus présentable, une opération séduction qui vise à la fois les déçus de la majorité, élus comme électeurs, et les militants du FN.

Car s'ils ne votent pas forcément pour leur candidat préféré sur le plan idéologique, les adhérents veulent désigner un leader capable de récolter les 500 signatures requises pour la compétition élyséenne et de mener une campagne efficace via les médias et les sondages. Or beaucoup ont en tête l"absence de leur leader à l"élection présidentielle de 1981, faute de parrainage suffisants.

Ferme sur les thèmes classiques et chers au Front national, la sécurité, l"immigration, la préférence nationale, Marine le Pen donne le sentiment d"être moins extrémiste que son père. Ses références sont moins datées. "J'ai toujours pensé qu'il était nécessaire d'éviter de nourrir la suspicion qui pèse sur le FN, notamment celle de l'antisémitisme", explique-t-elle souvent.

Elle s"en prend moins aux immigrés et davantage à l"islam en "jouant" davantage sur la corde du rejet de l"autre, façon anti-islam, que sur le levier de la xénophobie. En clair, elle est pour les musulmans mais contre l'islam, une habileté conceptuelle et langagière censée séduire les plus "laïcards" et qui trouve une oreille attentive du côté de la droite traditionnelle (voir sondage).

Si on ajoute à cela qu"elle apparaît plus en phase que son père sur les questions de société et se positionne davantage sur le terrain économique et social en délaissant la tendance libérale du parti et fustigeant les effets néfastes du "mondialisme" et du "libre-échange déloyal", on mesure le capital de la fille de son père.

Gollnisch, l'outsider soutenu par la presse militante
A 60 ans, Bruno Gollnisch a fait figure d'éternel dauphin de Jean-Marie Le Pen. Moins exposé médiatiquement et soutenu par l'appareil "frontiste", cet universitaire multidiplômé a sillonné la France durant quatre mois et animé près de 80 réunions publiques, faisant fi des sondages le donnant pourtant largement battu.

Patron du groupe FN au conseil régional de Rhône-Alpes, Bruno Gollnisch incarne une branche plus traditionnelle du parti, proche des catholiques traditionnalistes. Il se pose en défenseur des "valeurs familiales" affirmant qu'"avorter c'est tuer".

"Moi, j'ai une stratégie en plusieurs étapes de réconciliation de la famille nationale, d'élargissement sur notre droite à ses conservateurs attachés à des valeurs traditionnelles qui votaient de Villiers, Boutin, Dupont-Aignan, Pasqua et également sur la mouvance de gauche patriotique", détaille-t-il régulièrement.

Elu au Parlement européen en 1989, celui qui a gravi tous les échelons au sein du parti jusqu'au poste de secrétaire général en 1995 joue sur sa légitimité. Il a reçu le
soutien de plusieurs figures du parti. Roger Haleindre, premier Vice-Président du Front national et président du Cercle national des combattants, s'est notamment déclaré en sa faveur.

En novembre 2007, au congrès de Bordeaux, lors de l'élection des membres du comité central du FN par les adhérents, Bruno Gollnisch était ainsi arrivé en tête, devant Marine le Pen.

Il a pu aussi compter sur la presse militante proche du FN. L'hebdomadaire Minute a critiqué, parfois violemment, la campagne menée par Marine Le Pen affirmant que ses partisans préparaient une Saint-Barthélémy de leur adversaires.

L'hebdomadaire Rivarol, de son côté, a accusé la direction du parti de bloquer les réadhésions de partisans de Gollnisch.

Des mises en cause qui ont aussitôt suscité l'ire du chef qui a refusé d'accréditer les deux journaux pour le Congrès de ce week-end. "Il y a volonté de nuire, comme l'ont démontré Minute et Rivarol au cours de leurs derniers numéros... Leur hostilité n'est pas légitime", a fait savoir Jean-Marie Le Pen qui a par ailleurs attaqué en diffamation le journal Rivarol.

Autant d'incidents qui ne devraient pas porter à conséquence. Car Bruno Gollnisch a déjà annoncé qu'il resterait fidèle à son parti en cas de défaite face à Marine Le Pen, qui veut lui proposer la fonction de vice-président avant de s'investir totalement dans la campagne présidentielle avec un objectif annoncé : faire aussi bien que son père en 2002 et se qualifier pour le second tour.

Selon un sondage CSA pour Marianne publié vendredi et réalisé les 7 et 8 janvier, Marine Le Pen arriverait en 3e position si le premier tour de l'élection présidentielle avait lieu dimanche, derrière Nicolas Sarkozy et le candidat socialiste, mais loin devant tous les autres candidats. Elle est créditée de 18% d'intentions de vote, si le candidat PS était Dominique Strauss-Kahn, et de 17% dans l'hypothèse d'une candidature de Martine Aubry.

Cette même étude indique par ailleurs qu'elle dispose d'un électorat supérieur à celui de son père, 20% des Français étant susceptibles de voter pour elle, contre 13% au président sortant du Front national.

Ses adversaires sont donc prévenus...

Le FN séduit de plus en plus les sympathisants

de la droite classique

22% des personnes interrogées pour une étude TNS-Sofres se disent d'accord avec les idées défendues par le Front national, un chiffre en hausse de 4 points par rapport à l'an dernier mais qui reste minoritaire et stable sur le long terme.

35% (+16) des sympathisants UMP estiment que leur parti devrait faire des alliances "selon les circonstances" et 8% (+4) pensent qu'il devrait passer une "alliance électorale globale", soit au total 43% (+20 points) favorables à des accords.

51% (-23) des sympathisants UMP sont contre des accords : 34% (-13) refusent tout accord politique avec le FN sans le combattre, et 17% (-10) sont pour le combattre. 6% sont sans opinion.

L'institut note également un "sursaut des idées extrémistes dans l'opinion" sur un an.

63% des sondés sont d'accord avec l'idée "que la justice n'est pas assez sévère avec les petits délinquants" (60% en 2010).

50% estiment qu'"il y a trop d'immigrés en France" (44% en 2010) et 49% trouvent qu'"on accorde trop de droits à l'islam et aux musulmans en France" (43% en 2010).

Si Marine Le Pen devenait la nouvelle présidente du FN ce week-end, 77% des sondés ne se sentiraient ni plus proches ni plus éloignés du FN. 11% se sentiraient plus proches - un chiffre qui s'élève à 25% chez les sympathisants de droite - et 9% se sentiraient plus éloignés (3% sans opinion).

* L'enquête a été réalisée par l'institut TNS-Sofres pour Le Monde/Canal+/France Inter, les 3 et 4 janvier, en face à face, auprès d'un échantillon de 1000 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatif de la population française (méthode des quotas)

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