Dominique de Villepin dénonce la dérive électoraliste de la campagne présidentielle
L'ancien premier ministre, Dominique de Villepin, estime que la campagne du premier tour a été indigente et que "celle du second devient indigne", dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde, vendredi 27 avril.
Evincé de la course mais bien présent dans le débat.
Bien que privé de compétition élyséenne faute d'avoir recueilli les 500 parrainages requis, Dominique de Villepin veut faire entendre sa voix.
Dans une tribune publiée vendredi par Le Monde, l'ancien Premier ministre juge avec sévérité la tournure de la campagne et pointe "l'instrumentalisation de faits divers, l'improvisation de bien des propositions, le débauchage sans vergogne de voix extrémistes".
Halte au feu !
"Je veux le dire aujourd'hui avec gravité. C'est une route sans retour. La dérive électoraliste qui s'est engagée est un processus incontrôlable et sans fin (...) Une digue rompue en fera céder une autre. Halte au feu!", écrit M. de Villepin. "Je ne peux cautionner cette dérive".
"Le combat contre la logique des idées simples, de la peur et de la force, c'est l'engagement de toute ma vie politique au nom d'une certaine idée de la France" poursuit-il.
"C'est cette conviction qui m'a conduit, cinq ans durant, à alerter contre les risques de dérive, de stigmatisation et de division", argue l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac.
Et d'étayer son propos : "Aujourd'hui, tout se passe comme (...) n'y avait pas d'autres questions que le halal, l'immigration légale, les horaires de piscines municipales. La compétitivité, l'éducation, l'agriculture, l'innovation : disparues. L'Europe, le chômage, les déficits sociaux, la délinquance ? Lus jusqu'à l'absurde à travers les lunettes déformantes et rétrécissantes du FN", dénonce encore M. de Villepin.
"La droite m'effraie, mais la gauche m'inquiète"
Estimant qu'il ait de son devoir "de responsable politique d'assumer aujourd'hui l'exigence de mon héritage gaulliste en disant le poison mortel qui menace la droite", Dominique de Villepin appelle chacun "à prendre ses responsabilités pour faire revenir notre monde politique à la raison et retrouver un chemin d'espérance, de réconciliation et de refondation".
"Le 6 mai, quoi qu'il arrive, sera la victoire d'un homme, mais pas la victoire de la France. Tout sera à faire. Tout sera à réinventer", croit savoir celui qui affirme que la droite l'effraye et la gauche l'inquiète.
Donne-t-il une consigne ?
"Mon rôle n'est pas de dire pour qui voter, car chacun doit prendre ses responsabilités", lance-t-il puis il lance : "Le 6 mai, que chacun vote en pensant à la France et à ce qu'elle a toujours porté de meilleur, à ses valeurs de respect, de dignité et d'humanisme, parce que, en conscience, il faut bien choisir".
"Le 7 mai, tout restera à faire, il faudra se rassembler pour agir. C'est dans cette ligne que je m'engagerai dans la voie du redressement de notre pays", conclut-il.
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