Présidentielle 2022 : quels enseignements tirer de la victoire de Yannick Jadot à la primaire écologiste ?
L'eurodéputé a remporté, mardi soir, le second tour de cette élection interne face à Sandrine Rousseau avec 51,03% des voix. Une courte victoire qui pourrait le conduire à adopter plusieurs propositions de son ancienne concurrente.
Entouré par une nuée de journalistes, Yannick Jadot savoure sa victoire. "J'ai porté une écologie qui rassemble", s'est-il félicité. Pour la seconde fois après 2017, il a été désigné pour être le candidat des écologistes à l'élection présidentielle. L'eurodéputé de 54 ans est arrivé en tête du second tour de la primaire écologiste, mardi 28 septembre, avec 51,03% des suffrages exprimés, devant Sandrine Rousseau.
L'économiste a réuni pour sa part 48,97% des voix. Lors du premier tour, l'ancien dirigeant de Greenpeace France avait devancé sa concurrente de près de 3 000 voix avec 27,70% des suffrages contre 25,14% pour Sandrine Rousseau. Quels sont les enseignements à tirer de cette première primaire politique en vue de l'élection présidentielle ?
Une courte victoire
Comme pour le premier tour, l'écart entre les deux candidats est très faible puisque seulement 2,06 points les séparent. L'électorat vert se retrouve ainsi presque coupé en deux. Une situation qui contraint le vainqueur à faire campagne avec la vaincue. "Yannick Jadot a désormais une obligation de s'accorder avec Sandrine Rousseau sur la tonalité de la campagne à venir, souligne Olivier Rouquan, politologue et chercheur associé au Cersa (Centre d’études et de recherches de sciences administratives et politiques), contacté par franceinfo. Il va devoir tenir compte de ce résultat et faire évoluer son discours et ses propositions pour en intégrer certaines de Sandrine Rousseau."
Selon le politologue, si Yannick Jadot ne fait pas évoluer son discours vers une écologie plus radicale, prônée par sa rivale, "il va casser son parti et ne mobilisera pas sa base". "Le corps électoral est très partagé, constate également Daniel Boy, politologue spécialiste de l'écologie politique, contacté par franceinfo. Il y aura tout de même une dynamique autour de sa candidature davantage qu'avec Sandrine Rousseau, qui risquait d'avoir moins d'audience au niveau national."
Un candidat déterminé à aller jusqu'au bout
En 2017, quelques semaines après avoir été désigné par les écologistes, Yannick Jadot s'était désisté au profit de la candidature de Benoît Hamon, le candidat du PS (qui avait finalement recueilli 6,4% des suffrages au premier tour de la présidentielle). Cette fois, Yannick Jadot a assuré à plusieurs reprises qu'il irait "jusqu'au bout" et qu'il avait pour objectif la victoire au second tour de l'élection présidentielle. "Nous allons construire un rassemblement beaucoup plus large pour gagner en 2022", a-t-il répété devant les militants écologistes après sa victoire, mardi.
Et pour cause, la situation est bien différente de celle de 2017. Fort des succès aux européennes en 2019 et dans plusieurs grandes villes aux municipales l'année dernière, EELV s'imagine désormais comme un parti de gouvernement. Et ce, malgré l'échec des écologistes aux élections régionales du printemps dernier. "Anne Hidalgo a un score très faible dans les sondages, donc pour le moment, Yannick Jadot a toutes les raisons de conserver sa candidature jusqu'au bout", estime Olivier Rouquan. L'idée d'une candidature unique à gauche, un temps évoquée au printemps, pourrait même revenir sur la table au profit de Yannick Jadot si la campagne de la candidate socialiste ne décolle pas. "Les écologistes sont dans une stratégie assez ferme de vouloir rester présents pour conquérir le leadership à gauche", souligne le politologue.
Un succès "relatif" de la primaire
A l'heure des comptes, Julien Bayou, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, s'est félicité de l'organisation de cette primaire qui a rassemblé environ 122 000 personnes, un record pour les écologistes en France. "J'ai le sentiment qu'organiser le débat démocratique a été l'occasion de faire progresser notre projet dans l'opinion publique", a-t-il souligné mardi avant de proclamer les résultats.
Une analyse partagée par Daniel Boy. "Le parti a une plus grande chance de réussite au premier tour de la présidentielle et le parti en sort dans un bon état, estime le politologue. Sandrine Rousseau n'a pas été écrasée et n'a donc pas de ressentiment très fort. C'est bon signe pour la suite."
Un succès "relatif ", tempère de son côté Olivier Rouquan. "C'est un score intéressant, mais la primaire d'un PS en mauvais état en 2017 avait réuni deux millions d'électeurs [soit 16 fois plus que cette primaire des écologistes]. Les Verts restent un parti relativement faible."
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