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"Les choses n'ont pas assez changé. La promesse qui a été faite en 2017 n'est pas encore tenue" estime un ex-conseiller d'Emmanuel Macron

Ismaël Emelien, ancien conseiller d'Emmanuel Macron, est revenu sur les deux premières années du mandat du chef de l'État. Il analyse la défiance que suscite Emmanuel Macron depuis son élection.

Article rédigé par franceinfo
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Ismaël Emelien, à la sortie du conseil des ministres, le 7 juin 2017. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

"Les choses n'ont pas assez changé. La promesse qui a été faite en 2017 n'est pas encore tenue", a reconnu, mardi 26 mars sur France Inter, Ismaël Emelien, ancien conseiller d'Emmanuel Macron à l'Élysée qui a publié un livre avec un autre conseiller du chef de l'État, David Amiel, Le progrès ne tombe pas du ciel (Fayard). Cependant, "on en est conscients et tous les efforts sont faits pour qu'elle soit tenue à la fin du quinquennat", a ajouté Ismaël Emelien.

Pour lui, "le cap est le bon mais la manière dont c'est fait doit changer. À chaque époque politique correspond un instrument. Pour la gauche, c'était les syndicats, pour la droite, c'était les notables. L'instrument progressiste pour nous, ce sont les citoyens, ce sont les gens" a-t-il argumenté.

C'est ce que demandent les individus qui aspirent chacun à l'autonomie, c'est ce que disent les "gilets jaunes", ils veulent choisir leur vie et c'est ce que permettent aussi les outils technologiques, Internet les réseaux sociaux, etc.

Ismaël Emelien

à France Inter

"Ce qui nous frappe" dans le mouvement des "gilets jaunes", "c'est un double paradoxe", a poursuivi l'ex-conseiller d'Emmanuel Macron. "Ils nous disent exactement ce qu'on disait dans la campagne".

Selon Ismaël Emelien, les "gilets jaunes" "nous disent qu'il faut que le travail paye. Ils ne revendiquent pas une redistribution massive, ils ne revendiquent pas le fait d'augmenter tous les minimas sociaux. Ils demandent que le travail paye. Le deuxième élément qui rappelle notre campagne c'est qu'ils ne se reconnaissent ni dans la gauche ni dans la droite. Ils nous renvoient à la figure ce que nous disions il y a deux ans."

"Cela veut dire qu'il y a quelque chose qui n'a pas marché jusqu'à présent et qu'on est prêt à reconnaître sans problèmes. Les choses n'ont pas assez changé et c'est pour nous la racine des difficultés qu'on vit depuis deux ans et même depuis un an plus particulièrement".

La mise en oeuvre des décisions est trop lente

Ismaël Emelien explique cet état de fait par la lenteur de la mise en œuvre des décisions prises par le gouvernement car "entre le moment où une décision est annoncée, le moment où une loi est votée et le moment où vraiment ça change pour ceux qui sont concernés, il se passe trop de temps. Il y a une partie de ce temps qui est incompressible et il y a une partie de ce temps qui dépend aussi de la manière dont les choses sont organisées. C'est pour cela qu'on considère que la méthode doit changer".

Par ailleurs, Ismaël Emelien reconnaît des ratés, notamment "sur la baisse des APL par exemple qui était un signal mal venu. Le fait d'avoir annoncé des choses sans les mettre en œuvre immédiatement. On a mis en œuvre en plusieurs étapes les mesures de redistribution, l'annulation de la taxe d'habitation, l'augmentation de la prime d'activité. Tout cela a été corrigé le 10 décembre par le président de la République. Ce sont des choses qui avaient été annoncées et qui n'avaient pas été mises en œuvre".

Affaire Benalla : "On aurait fait les choses autrement"

Ismaël Emelien est revenu sur la gestion de l'affaire Benalla : "Compte tenu de ce qu'on savait à l'époque je ne pense pas qu'il aurait été possible de faire autrement et compte tenu de ce qu'on sait depuis je pense qu'on aurait fait les choses différemment".

C'est comme si vous demandiez à l'entraîneur du PSG après le match retour contre Manchester United [en 8e de finale de la Ligue des Champions] s'il avait eu raison de sélectionner le défenseur qui a offert le premier but à l'adversaire.

Ismaël Emelien

à France Inter

"Une fois que le match a été joué, le rejouer ça n'a aucun sens", mais "c'est sûr que si on savait l'intégralité de ce qui avait été commis par Alexandre Benalla, les choses n'auraient pas été aussi longues pour son départ".

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