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"On ne juge pas une femme sur son physique, point" : Tiphaine Auzière, fille de Brigitte Macron et avocate, appelle à combattre la misogynie au quotidien

Quelques jours après les insultes adressées à Brigitte Macron par des membres du gouvernement brésilien, Tiphaine Auzière appelle sur Twitter à lutter contre la misogynie au quotidien avec #BalanceTonMiso.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Tiphaine Auzière lance sa campagne #BalanceTonMiso via une vidéo d'elle face caméra postée sur Twitter. (CAPTURE D'ECRAN TWITTER)

L'avocate Tiphaine Auzière lance la campagne #BalanteTonMiso sur Twitter, après les insultes de membres du gouvernement brésilien envers sa mère Brigitte Macron. Elle estime qu'insulter les femmes sur leur physique est "un signe de faiblesse" tout en précisant que sa campagne n'est pas "un pamphlet contre le Brésil" mais une invitation à prendre conscience de la misogynie en politique et à "balayer devant sa porte".

franceinfo : ce sont les insultes contre votre mère Brigitte Macron qui vous ont décidé à lancer votre campagne #BalanceTonMiso ?

Tiphaine Auzière : C'est un contexte global de l'actualité puisqu'il y a eu ces insultes qui sont effectivement sorties vendredi 6 septembre, mais si on remonte sur l'intégralité de la semaine vous avez eu aussi la loi qui s'est mise en application le 1er septembre sur les indicateurs de l'égalité homme-femme dans les entreprises, le Grenelle sur les violences faites aux femmes, qui a été lancé le 3 septembre. Et à titre professionnel, il se trouve qu'en cette semaine de rentrée j'ai eu aussi beaucoup de dossiers sur la défense des droits des femmes. Ça a été un ensemble et vendredi j'ai dit : "maintenant il faut prendre la parole publiquement, parce que j'espère que ça peut inciter d'autres personnes à en faire autant et puis à ce qu'on se mobilise un petit peu sur le sujet pour lutter contre le sexisme ordinaire et la misogynie au quotidien".

De nombreuses personnalités politiques de tout bord ont condamné ces insultes, de Jean-Luc Mélenchon (LFI) à Florian Philippot (RN). Cela signifie-t-il que la lutte contre la misogynie dépasse les clivages politiques ?

Je trouve ça très sain que, quelles que soient nos idées, on peut tous se réunir sur un principe commun qui est : on ne juge pas une femme sur son physique. Point. A mon avis, cette lutte doit totalement dépasser les clivages politiques, et surtout elle doit unir les deux sexes. (...) 

A la suite de cet appel, j'ai reçu énormément de témoignages à la fois de femmes, d'hommes, en France ou à l'étranger, qui sont totalement dans la même idée, les mêmes convictions

Tiphaine Auzière

à franceinfo

Tout comme d'ailleurs les politiques qui ont pris la parole publiquement en disant "ça suffit, au XXIème siècle, ça n'a plus lieu d'être". (...) J'ai beaucoup de gens anonymes ou certains aussi qui ont des mandats, qui ont eu envie de me témoigner soit leur soutien par rapport aux faits éventuels de l'actualité, soit des situations de la vie courante dans laquelle ils se sont retrouvés dans la famille ou dans leur entreprise.

Je vais vous donner l'exemple d'un homme qui m'a dit "moi, j'étais invité en tant que cadre supérieur dans une réunion et je me suis rendu compte qu'il n'y avait aucune femme dans cette réunion, alors j'ai demandé à ma collègue d'y aller à ma place en indiquant que je ne viendrai pas pour ce motif-là, parce que j'estime qu'il n'y avait pas de parité et que ça n'avait pas de sens de tenir une réunion comme ça".

Ces attaques misogynes sont-elles des armes en politique ?

Je pense plutôt que pour les personnes qui les emploient, c'est quelque chose qui leur est totalement défavorable puisqu'il y a quand même une unanimité contre ça. Et je pense que pour les personnes publiques qui utiliseraient ce type de propos pour attaquer leurs adversaires, ce serait plutôt un signe de faiblesse qui risque, à mon sens, de leur être très certainement défavorable à l'avenir, que ce soit dans leur entreprise ou dans les urnes. (...) Je souhaite qu'il y ait une prise de conscience parce que je pense que c'est quelque chose qui se travaille au quotidien dès l'éducation et dans les situations quotidiennes de la vie courante.

Dans votre vidéo pour lancer cette campagne, vous précisez que vous ne voulez pas donner de leçon à l'international. Pourquoi ?

Absolument, parce que je ne voulais pas qu'on considère cette intervention comme un pamphlet contre le Brésil. Je pense que quand il faut changer les mentalités, il faut déjà aussi balayer devant sa porte. [En tant qu'avocate] j'ai eu des dossiers cette semaine où je me rend compte que la question du droit des femmes est centrale à toutes les échelles, que ce soit en droit de la famille ou en droit pénal .On le voit encore avec la question des indicateurs dans les grandes entreprises, et donc je n'ai pas de leçon à donner, encore moins à l'international. Et en France, les hommes et les femmes qui se sont mobilisés montrent qu'effectivement il faut aussi s'intéresser à ce sujet chez nous.

Ecouter l'interview de Tiphaine Auzière

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