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Remaniement : pourquoi la formation du nouveau gouvernement prend autant de temps

Attendu mardi, puis mercredi, le remaniement n'aura finalement pas lieu avant le retour d'Emmanuel Macron d'Arménie vendredi soir, selon l'Elysée.

Article rédigé par franceinfo
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Des micros installés dans la cour de l'Elysée, le 23 novembre 2017. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Quand je vois un 01 qui s'affiche sur mon téléphone, je me dis que c'est peut-être qu'on a un poste au gouvernement à me proposer !" L'anecdote, signée d'une députée LREM est "évidemment à prendre sur le ton de la blague". Mais elle dit quelque chose de la situation actuelle entre parlementaires de la majorité. "On continue notre travail en commission ou ailleurs en attendant le remaniement, mais c'est vrai que ça ne pourra pas durer six mois", confie à franceinfo cette élue.

En effet, l’entracte s’éternise depuis la démission de Gérard Collomb il y a maintenant huit jours. Attendu mardi, puis mercredi, le remaniement n'aura finalement pas lieu avant le retour d'Emmanuel Macron d'Arménie, vendredi 12 octobre. La machine semble s'être grippée. Et pour plusieurs raisons que franceinfo vous résume ici.

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Parce qu'il y a eu des refus

Faire sortir des gens du gouvernement, c'est bien. Mais encore faut-il trouver des remplaçants. "Il y a deux ou trois cas tranchés, comme les départs de [Jacques] Mézard et [Stéphane] Travert. Mais pour le reste, c’est le grand flou, confie un ministre dans les colonnes du Parisien. Ils n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le casting." 

Si le casting coince, c'est aussi parce que certains prétendants ont poliment refusé la proposition qui leur a été faite. Selon RTL, l'exécutif aurait déjà essuyé au moins cinq refus. Parmi eux, celui de Mathieu Klein, ancien porte-parole de Manuel Valls à la primaire de la gauche en 2017. Ce dernier a annoncé sur Twitter qu'il déclinait l'offre.

Parce qu'il y a désaccord pour le ministère de l’Intérieur

Huit jours après la démission de Gérard Collomb, son fauteuil place Beauvau attend toujours preneur. Et le choix du successeur est loin d’être simple. "Il faut une personnalité incontestable, en qui le président a une totale confiance et qui forme un duo serein avec le Premier ministre", glisse L'Alsace

Beaucoup de noms ont déjà été cités. Celui du procureur de la République de Paris, François Molins, du secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement Christophe Castaner, de la directrice de la police judiciaire Mireille Ballestrazzi, de l'élu local des Pyrénées-Orientales (et ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée sous Sarkozy) Jean Castex, de l’ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard... Jusque-là, ni l’Élysée ou Matignon n’ont confirmé ou infirmé.

A franceinfo, Bruno Bonnell joue carte sur table. "Il y a deux options possibles pour Beauvau. Celle du profil poids lourds politique, à la Collomb. Ou celle de l'expert", résume le député LREM du Rhône. Et à chaque fois, qui privilégier ? "Un proche d'Edouard Philippe ou un proche d'Emmanuel Macron ? Bon, tout ça est bien compliqué", analyse une députée LREM. 

Parce qu’il faut passer par la case HATVP

Ce délai, plus long que d'habitude, tient également de la mécanique de contrôle mise en place autour des nouveaux entrants. C'est ce qu'expliquait déjà Benjamin Griveaux, dimanche 7 octobre, dans l’émission "Questions Politiques" sur France Inter et France Info. Selon le porte-parole du gouvernement, "le temps où l'on nommait un ministre en deux heures, c'est un temps révolu"

Les mêmes qui nous disent que ça prend trop de temps pointeraient du doigt les conflits d'intérêts qui n'auraient pas été levés dans le cadre de l'examen préliminaire. Donc on assume.

Benjamin Griveaux

sur France Inter

Chaque profil est en effet passé au scanner de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Dossier fiscal, patrimonial, éventuels conflits d’intérêts... "Ca prend du temps et c'est tant mieux, se réjouit à franceinfo Bruno Bonnel, c'est le signe que les choses sont prises très au sérieux. Si c'est deux semaines, ce sera deux semaines."

Nécessaire, ce principe de précaution ? Oui, selon BFMTV, car "c'est la démission du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, qui faisait pourtant figure de fidèle parmi les fidèles jusqu'ici, qui a poussé le gouvernement dans la crise". En clair, une nouvelle erreur dans la distribution serait "un accroc catastrophique pour l'exécutif". 

Nuance quand même. Même si le processus de vérification du patrimoine des potentiels ministres s’est rallongé ces dernières années à force de mauvaises surprises, "il ne prend pas pour autant une semaine", tient à rappeler Le Monde. Au bout du fil, la députée LREM sourit : "C'est vrai que cette HATVP est aussi un bon prétexte pour expliquer ces reports du remaniement..."

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