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"Un clip de campagne", "un président complètement hors-sol"... L'opposition dénonce le discours d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron s'est adressé aux Français lors d'une allocution télévisée, mardi 9 novembre. Une intervention critiquée par ses adversaires.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Emmanuel Macron lors de son allocution aux Français, le 9 novembre 2021. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Lors de son allocution aux Français, mardi 9 novembre, le chef de l'État a évoqué la reprise épidémique et la dose de rappel du vaccin contre le Covid-19, qui sera obligatoire pour les plus de 65 ans à partir du 15 décembre "pour prolonger la durée de validité" du pass sanitaire. Emmanuel Macron a également parlé de la réforme de l'assurance chômage et des retraites. Des annonces qui n'ont pas manqué de faire réagir l'opposition.

>> Pass sanitaire sous condition de rappel, vaccination des 50-64 ans, nouveaux réacteurs nucléaires... Retrouvez l'intégralité de l'allocution ici

Manon Aubry dénonce "un clip de campagne"

Emmanuel Macron "a clairement fait une forme de clip de campagne, aux frais d'ailleurs du service public et sans contradicteur", dénonce sur franceinfo l'eurodéputée La France insoumise (LFI) Manon Aubry. "On est à quelques mois d'une élection présidentielle et Emmanuel Macron n'a rien fait d'autre que vanter son bilan qui, si on l'écoute, est exceptionnel à tous les niveaux. Il n'y a plus de pauvres dans ce pays, il n'y a plus de chômeurs, plus de gens qui galèrent, et la crise sanitaire est derrière nous."

"On devrait décompter ce temps de parole pour la campagne de l'élection présidentielle."

Manon Aubry, eurodéputée LFI

à franceinfo

Sur le chômage, Manon Aubry considère que "le président préfère une nouvelle fois faire la chasse aux chômeurs plutôt que la chasse au chômage". Emmanuel Macron a rappelé que le gouvernement travaillait en ce moment sur la réforme de l'assurance chômage et qu'à partir du 1er décembre, il faudra avoir travaillé six mois dans les deux dernières années pour être indemnisé. "Cela va faire perdre jusqu'à 40% d'allocation à des millions de gens et les précariser encore plus. Je le prends comme une forme de violence vis-à-vis de toutes ces personnes."

Grégory Doucet critique "l'absence de débat démocratique" sur le nucléaire

"À aucun moment le président ne parle de débat démocratique sur la question énergétique alors que c'est fondamental", a critiqué sur franceinfo le maire Europe Ecologie - Les Verts (EELV) de Lyon Grégory Doucet, après l'allocution d'Emmanuel Macron au cours de laquelle le président a notamment annoncé la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. 

"On sait que les choix en matière d'énergie sont très engageants sur des durées extrêmement longues", a rappelé l'édile, reprenant l'exemple de l'échec de l'EPR de Flamanville. "Ça fait dix ans qu'on attend, ça va nous coûter trois fois plus cher que prévu, est-ce que tout ça n'appelle pas à un débat démocratique ? Bien sûr que si !"

Le maire de Lyon regrette également le manque de vision du chef de l'Etat sur la question des énergies renouvelables. "Il ne dit rien de précis sur la sobriété, tout ça ne fait pas une politique énergétique", a-t-il déclaré. Pour Grégory Doucet, le président "ne tire aucune leçon des grandes crises que nous connaissons" et qui devraient selon lui impliquer des changements de mode de vie. "Il nous parle des scientifiques mais leur tourne le dos", estime-t-il.

"Il nous a parlé troisième dose de vaccin mais surtout deuxième dose de Macron", ironise Laurent Jacobelli

"Il a commencé par nous parler de la troisième dose de vaccin mais très vite il nous a parlé d'une éventuelle deuxième dose de Macron", a dénoncé sur franceinfo le porte-parole du Rassemblement national Laurent Jacobelli. "C'était un clip de campagne tout à son honneur", a-t-il affirmé.

"Il nous a décrit une réalité que les Français ne reconnaîtront pas, avec une augmentation du pouvoir d'achat et une lutte réussie contre le terrorisme. Quelle ironie", a affirmé le porte-parole du RN, dénonçant un "président complètement hors-sol ou complètement aveugle, incapable de tirer son bilan" qu'il estime "catastrophique."

Emmanuel Macron a appelé dans son allocution les Français à "résister" au "retour du nationalisme"."S'il veut dire qu'en 2022 il y a la possibilité de retrouver la fierté de la France, la priorité nationale, c'est une bonne chose, il nous annonce que l'espoir existe et qu'il s'appelle nation", ironise Laurent Jacobelli. Selon le porte-parole du RN, "il va falloir lui faire comprendre que si la France ne va pas bien, c'est notamment à cause de lui."

"Il chasse sur des terres de droite, c'est très clair", estime le maire LR de Chalon-sur-Saône

"Il chasse sur les terres de la droite, c'est très clair", a déclaré sur franceinfo le maire Gilles Platret, Les Républicains de Chalon-sur-Saône et vice-président du parti après l'allocution d'Emmanuel Macron qui a évoqué notamment la thématique du chômage et des retraites.

"Il y a plein de thèmes de droite dans ce qu'il a dit ce soir, il y a des éléments de communication pour draguer notre électorat", a-t-il dénoncé, estimant que le président est désormais dans un exercice de "précampagne électorale" pour 2022.

Sur la question des retraites, "c'est un terrible aveu d'échec" estime Gilles Platret. "On a passé 5 ans sans que cette réforme fondamentale ne soit menée", regrette l'édile.

Nucléaire : c'est "alimenter un cheval mort à l'écurie", selon l'eurodéputé écologiste David Cormand


Alors qu'Emmanuel Macron a annoncé que la France allait "relancer la construction de réacteurs nucléaires", l'eurodéputé écologiste David Cormand a estimé sur franceinfo mercredi 10 novembre que ce choix en matière de stratégie énergétique revenait à "alimenter un cheval mort à l'écurie." 

Pour le co-président de la délégation des Verts au Parlement européen, le nucléaire est "une énergie déjà obsolète", car aujourd'hui en France "on ne sait pas faire fonctionner" les réacteurs de troisième génération.

David Cormand cite l'exemple de l'EPR de Flamanville qui "a été lancé entre la fin des années 1990 et le début des année 2000, et devait rentrer en fonction en 2012 pour trois milliards et demi d'euros d'investissement. Nous sommes en 2021 et on ne sait pas quand il va être mis en fonction." 

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