En meeting à Saint-Herblain près de Nantes, Eva Joly a fait un retour attendu dans la campagne
En meeting à Nantes mercredi 4 avril, la candidate d'Europe Ecologie - Les Verts (EELV) Eva Joly a fait son retour dans la campagne après sa chute dans un escalier. Malgré des sondages décevants, l'ancienne magistrate refuse de baisser les bras.
Eva Joly a fait son grand retour dans la campagne mercredi lors de son meeting à Nantes.
"Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?, a lancé Eva Joly, le visage légèrement tuméfié et des lunettes noires sur le nez. Aujourd'hui, j'ai des petits bleus, mais bon ils sont camouflés."
L'ancienne magistrats a toutefois dû annuler son déplacement prévu un peu plus tôt dans la journée à Notre-Dame des Landes, alors qu'elle devait rencontrer les opposants au projet d'implantation d'un deuxième aéroport dans l'agglomération nantaise.
Selon son directeur de la communication, Sergio Coronado, il s'agissait d'éviter que son visage ne soit trop exposé au soleil.
C'est donc un retour timide dans la campagne
Devant près de 1200 militants surchauffés, ses soutiens ont auparavant exhorté les militants à "voter écolo au premier tour pour créer une dynamique de rassemblement au deuxième tour".
Car l'enjeu est là. A moins de trois semaines du premier tour, la candidature d'Eva Joly est fragilisée par des sondages plats.
Vindicative à l'encontre de Nicolas Sarkozy
La candidate s'est montrée incisive durant ce meeting.
"Ma campagne ne s'arrête pas parce que nous ne devons pas laisser un seul jour de répit à Nicolas Sarkozy", a-t-elle ajouté.
"Mon combat est un combat contre les petits arrangements entre amis, contre la tricherie et l'impunité", a-t-elle insisté.
"Le monde des Trente glorieuses ne reviendra pas, a déclaré celle qui dénonce le modèle productiviste. Ceux qui prétendent le contraire sont des marchands d'illusion."
"Se méfier de ses amis"
Partie pour réaliser un score à deux chiffres au lendemain de la primaire écologiste, la campagne n'a pas été facile pour l'ancienne magistrate, âgée de 69 ans.
Dénigrée et moquée par la droite, elle a fait preuve de ténacité, quand même les cadres de son parti s'étaient mis à douter lorsqu'elle chutait à 2 % d'intentions de vote.
Dernier en date, Noël Mamère. Le maire de Bègles s'est interrogé la semaine dernière sur France Info sur l'"intérêt" de sa candidature qui risque, selon, lui "d'affaiblir le candidat du PS", tout en remettant en cause l'avenir des circonscriptions réservées à EELV par l'accord signé avec le Parti socialiste.
En novembre, c'était son porte-parole, Yannick Jadot, qui quittait ses fonctions auprès d'Eva Joly, en raison d'un désaccord sur la ligne politique de la candidate.
La leçon a été tirée par la candidate à Bordeaux la semaine dernière : "je ne m'accommode pas des mœurs du milieu politique où il faut davantage se méfier de ses amis que de ses ennemis", a-t-elle déclaré.
Caution morale du Parti socialiste ?
Car des amis avec qui Eva Joly doit composer malgré tout, il y en a. Particulièrement chez les socialistes. Les écologistes sont désormais dépendants de l'accord PS-EELV censé leur réserver soixante circonscriptions pour les élections législatives.
Signé au lendemain des primaires socialistes, l'accord programmatique apporte un soutien tacite à la candidature de François Hollande. Cet accord a conduit les militants EELV, soucieux de voir la gauche gagner à la présidentielle, à choisir de voter utile.
"Pourquoi voter pour Eva Joly, alors que les écologistes ont un accord avec le PS ?" s'étonnait encore un cadre EELV mardi.
Résultat, il ne reste plus qu'un noyau dur d'écologistes, prêts à voter pour l'ancienne magistrate, soit environ les 2 % d'intentions de vote qu'annoncent les sondages.
A Eva Joly de se poster en caution morale et environnementale du Parti socialiste, tout en appelant tant bien que mal à un "vote juste", même si l'incompréhension règne entre les militants et la candidate.
La question du nucléaire dans la campagne
Pour Eva Joly donc, cette campagne présidentielle s'apparente à une traversée du désert.
Sa communication, maladroite, a rendu inaudibles ses propositions égrainées tout au long de la campagne, bien que la candidate écologiste a abordé les questions de l'emploi, du pouvoir d'achat et du logement.
Les militants ont ainsi été désarçonnés par l'importance donnée dans cette campagne aux problématiques sociétales.
L'environnement n'a pas pour autant été complètement absent de la campagne. La question du nucléaire a été abordé lors de la dernière émission "Des paroles et des actes".
Poussé par Jean-François Copé, François Hollande a ainsi dû mettre au clair sa position sur la question qui consiste à fermer la centrale nucléaire de Fessenheim, et de réduire d'ici à 2025 la part du nucléaire à 50 %.
Les écolos face au phénomène Mélenchon
Autre souci pour la candidate, Eva Joly a été débordée sur sa gauche par un Jean-Luc Mélenchon en grande forme.
Le candidat du Front de gauche, passé en troisième homme de la campagne avec des intentions de vote qui atteignent les 15 %, a teinté ses discours d'écologie.
En réaction, les membres d'EELV ont multiplié les attaques contre les politiques menées par les communistes en local.
"D'aucun découvrent avec enthousiasme l'écologie, et c'est tant mieux, a mis en garde Cécile Duflot. Nous nous retrouverons dans les jours qui viennent. Mais nous attendons de voir, car nos alliés devront l'être aussi même dans les actes".
En attendant le premier tour, l'équipe d'Eva Joly se prend à rêver d'une "vague verte".
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