Eric Woerth a demandé à Christine Boutin de renoncer à cumuler sa retraite et le salaire qu'elle touche pour une mission
L'ancienne ministre du Logement touche 9500 euros depuis le 1er janvier pour une mission sur les conséquences sociales de la mondialisation.
Christine Boutin a précisé jeudi au Parisien qu'elle touchait par ailleurs une pension de retraite "d'environ 6000 euros" et une indemnité de 2000 euros pour ses fonctions de conseillère générale.
Christine Boutin est l'invitée ce soir du journal de 20h de France 2
C'est le Canard Enchaîné qui a révélé que l'ancienne ministre touchait 9.500 euros par mois pour une mission controversée.
"Je vais demander à Christine Boutin de prendre en compte cette polémique qui ne doit pas durer pour renoncer à la partie qui dépasse les 9.500 euros, c'est-à-dire le cumul entre sa pension de retraite et la rémunération qu'elle a au titre de sa mission", a déclaré le ministre du Travail Eric Woerth.
Celui-ci "considère que Christine Boutin ne doit pas cumuler sa retraite de parlementaire avec la rémunération de sa fonction publique", a expliqué à Reuters l'entourage du ministre.
Le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer a conseillé à Christine Boutin de renoncer à sa retraite de députée pendant la durée de sa mission.
L'hebdomadaire satirique révèle que Christine Boutin touche 9.500 euros mensuels pour une mission sur la mondialisation
Employée comme chargée de mission depuis avril sur initiative de l'Elysée, l'ex-ministre du Logement dispose d'une "voiture avec chauffeur", des "bureaux dans le XVe arrondissement de Paris" et d'un "secrétariat particulier", selon Le Canard Enchaîné.
Christine Boutin a confirmé la mission mais conteste la présentation qui en est faite par le journal.
Dans son édition de mercredi, qui rapporte l'information, l'hebdomadaire la présente comme "le prix payé par Sarko pour calmer Christine Boutin", qui avait été évincée du gouvernement en juin 2009. Elle dément l'idée "que laisse entendre le Canard enchaîné que d'une certaine façon, (elle s'est) fait acheter par le président Sarkozy".
"La rémunération est effectivement de 9.500 euros net par mois", a confirmé l'ancienne ministre dans un communiqué diffusé tard mardi soir. Toutefois, elle se défend de bénéficier d'un passe-droit en la matière et dément l'interprétation qu'en fait l'hebdomadaire: "Cette mission correspond à un travail de fond à mener dans la perspective de la présidence française du G20 (novembre 2010-novembre 2011)", explique-t-elle.
Quant à la rémunération, elle a été "fixée par le secrétariat général du gouvernement, sur la base de textes réglementaires qui encadrent la rémunération des ministres, secrétaires d'État et hauts commissaires". Selon Christine Boutin, "elle s'apparente à celle d'un directeur d'administration, d'un conseiller maître à la cour des comptes ou d'un conseiller d'Etat." L'ancienne ministre précise que ses travaux sur la justice sociale et la mondialisation ont débuté début 2010, en liaison avec les ministères du Travail, des Affaires étrangères et des Finances. Elle rendra un "pré-rapport" en octobre 2010.
L'ancienne ministre, qui s'était déclarée publiquement "très choquée" par son éviction du gouvernement en juin 2009, a fait entendre à plusieurs reprises sa différence au sein de la majorité. En septembre, elle estimait que l'électorat de droite était "déboussolé" puis jugeait, fin 2009, qu'une loi interdisant le port du voile intégral en France serait "très difficile". Le Canard Enchaîné écrit que l'ancienne ministre a obtenu une revalorisation de sa rémunération en faisant "savoir habilement qu'elle envisageait de se présenter à la présidentielle de 2012". Déjà candidate en 2002, elle avait recueilli 1,19% des voix. Christine Boutin se défend et affirme ne pas avoir été "bridée dans son rôle de chef de parti politique (ndlr, le Parti chrétien-démocrate, PCD)".
Des collaborateurs également très bien payés
Quatre collaborateurs de l'ex-ministre Christine Boutin, dans le cadre de sa mission gouvernementale, touchent entre 4.700 et 6.000 euros nets mensuels, a indiqué jeudi le quotidien La Charente Libre, citant l'un d'entre eux.
Pour cette mission de deux ans sur les conséquences sociales de la mondialisation, l'ancienne ministre du Logement (2007-2009) est assistée de trois collaborateurs auxquels s'ajoutera un quatrième à partir de juillet pour un montant total de salaires de 22.000 euros par mois, précise le quotidien régional.
Le rapporteur de la mission, Vincent You, conseiller régional d'opposition de Poitou-Charentes, explique au journal, être le moins bien payé des quatre avec 4.740,67 euros. "Je suis le seul fonctionnaire mis à disposition. Ce salaire correspond à mon traitement de directeur adjoint d'hôpital", ajoute l'ancien chef de cabinet de Mme Boutin lorsqu'elle était ministre du gouvernement Fillon, cité par La Charente Libre.
Deux des autres collaborateurs sont rétribués 6.000 euros nets par mois et un troisième perçoit 5.000 euros, précise le journal.
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