Ralliement de Marion Maréchal à Eric Zemmour : "Marine Le Pen continue d'être affaiblie", selon un expert de la Fondation Jean Jaurès
"Dans le baromètre de notre fondation, Marine Marine Le Pen est à 14 et demi, là où Eric Zemmour est à 13", précise Mathieu Souquière.
"Marine Le Pen continue d'être affaiblie", estime ce dimanche 6 mars sur franceinfo Mathieu Souquière, expert à la Fondation Jean Jaurès, alors que l'ancienne députée du Front National, Marion Maréchal, a annoncé officiellement son ralliement à la campagne d'Eric Zemmour à Toulon (Var). "Marine Le Pen est lâchée par bon nombre de ses soutiens depuis plusieurs semaines, là où Eric Zemmour au contraire, enregistre des ralliements continus", ajoute-t-il. Selon l'expert, "il est difficile d'anticiper le gain qu'Eric Zemmour peut tirer de ce ralliement".
franceinfo : Peut-on parler d'un ralliement de poids ?
Mathieu Souquière : Oui, assurément. Je ne sais pas si c'est un scoop car Marion Maréchal-Le Pen avait de toute façon annoncé il y a quelques semaines que c'est à ce moment-ci qu'elle prendrait sa décision, qu'elle verrait lequel est le mieux placé entre Eric Zemmour et Marine Le Pen pour annoncer son soutien. Elle le fait effectivement à un moment où, en gros, les deux candidats sont au coude à coude. Aucun des deux n'a plié le match. Dans le baromètre de notre fondation, avec un panel extrêmement large de 16 000 personnes et avec des marges d'erreur extrêmement faibles, Marine Marine Le Pen est à 14 et demi, là où Eric Zemmour est à 13. Avec les marges d'erreur, on peut imaginer Eric Zemmour autant que Marine Le Pen qualifiables au second tour. Ce qui est sûr, si on les compare, c'est qu'il y a des différences sur les dynamiques de campagne. On observe bien que Marine Le Pen est lâchée par bon nombre de ses soutiens depuis plusieurs semaines, là où Eric Zemmour, au contraire, enregistre des ralliements continus.
Ce ralliement de Marion Maréchal peut-il jouer sur les intentions de vote en faveur d'Eric Zemmour ?
C'est très difficile à dire. Il est difficile d'anticiper le gain que lui peut en tirer. En tout cas, ce que ça dit, c'est que Marine Le Pen continue d'être affaiblie. Elle n'attire pas. Au contraire, il y a une sorte de phénomène répulsif, comme on l'a d'ailleurs au centre et à droite, où l'on voit bien que c'est Emmanuel Macron qui attire à lui, qui capte à lui des ralliements, là où une Valérie Pécresse est lâchée par un certain nombre de poids lourds. Il se passe exactement la même chose à l'extrême droite. Aujourd'hui, cela se fait avec Marion Maréchal-Le Pen, qui incarne quelque chose de tout à fait particulier. Elle incarne la jeunesse, la féminité et surtout la filiation avec le Front national historique, avec derrière, évidemment, en filigrane, la figure de Jean-Marie Le Pen. Encore une fois, difficile de savoir combien de points cela peut rapporter à Eric Zemmour.
Pour Marion Maréchal, c'est aussi une façon de faire son retour dans le jeu politique, elle qui avait pris du recul ces dernières années ?
Comme elle le dit, après cinq ans de mise en retrait, elle ne rentre pas à la maison, c'est à dire au Rassemblement national, elle engage une nouvelle aventure politique. Nous savons évidemment qu'au-delà du score obtenu par Eric Zemmour à la présidentielle, c'est l'après-présidentielle qui se joue. C'est la question des législatives. Rien n'est joué, l'électorat demeure volatile, mais Eric Zemmour est très loin d'Emmanuel Macron dans l'hypothèse d'un second tour. Il se joue évidemment quelque chose pour ce qui est de la recomposition de la droite et de l'extrême droite, après la présidentielle et après les législatives.
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