François Bayrou chez Dailymotion : "le numérique doit définir ses règles" sociales
Devine qui vient à l'heure du goûter chez Dailymotion ? François Bayrou, qui s'est invité mardi, sur le thème du "produire en France" dans l'entreprise de partage vidéo. Selon lui, le numérique doit "définir" ses règles sociales.
Le candidat du Modem à l'Elysée est arrivé mardi vers 16h au "siège mondial de Dailymotion", comme le dit son président Cédric Tournay, juste à côté du cimetière Montmartre, dans le XVIIIe arrondissement parisien.
De jolis locaux lumineux en openspace sous toit vitré abritent la centaine de salariés (sur 130 dans le monde) de cette ex-jeune pousse devenue filiale d'Orange.
Car le géant français des télécoms a racheté en 2011 49% des parts de la plateforme de vidéo en ligne pour 58,8 millions d'euros et dispose d'une option pour racheter les 51% restant d'ici 2013. Autant dire que la start-up est adossée à une entreprise du CAC 40 qui a dégagé 3, 8 milliards de bénéfices l'an dernier.
Bayrou avait "la culture du numérique avant Internet"
Après avoir convié quelques lycéens qui traînaient par là à visiter, eux aussi, les locaux de Dailymotion, François Bayrou a fait un tour des bureaux, puis s'est installé dans une salle de réunion pour converser avec les dirigeants.
Il les a bombardés de questions sur leur stratégie, d'éventuelles cyberattaques, les protections des données, leurs capacités de stockage et leur modèle économique (accès gratuit précédé de publicités, même s'il y a des vidéos payantes) .
Le PDG de Dailymotion Cédric Tournay, le directeur général Martin Rogard, le secrétaire général Giuseppe de Martino, se sont efforcés de répondre concrètement, alignant les chiffres choc - "aujourd'hui nous avons accueilli 10 millions de personnes dans le monde".
Le député béarnais, lui, s'est livré à un panégéryque de la "culture du numérique" chez les dirigeants, glissant "c'est mon cas depuis très longtemps, avant même Internet". Mais prudence, prudence sur les propositions.
Il réitère son message central : l'Etat n'a plus les moyens. "Je ne pense pas que les grandes dynamiques de développement se fasse avec la dépense publique".
Inventer "une expérimentation sociale" pour le numérique
François Bayrou se servira donc des outils existants - Oséo, le Fonds Stratégique d'Investissement. Il entend favoriser "les business angels" (investisseurs dans les start-up) en leur donnant les mêmes avantages qu'aux fonds de capital risque, gardera le Conseil national du numérique, créera un "commissariat aux stratégies"...
Principal coup de pouce qu'il entend donner : une "expérimentation sociale" dans le numérique. Celui-ci, a-t-il estimé, "doit pouvoir définir ses propres règles pour n'avoir pas à s'arrêter à 18h30 le vendredi" et "travailler jusqu'à 4h30 du matin" si nécessaire.
"Taxer à 75% les start-up, c'est une idée nocive"
Il vante enfin les opportunités pour la jeunesse dans "un des rares secteurs" où "des garçons et des filles dont l'âge commence par 2 exercent des responsabilités". Et de tacler son adversaire socialiste François Hollande : "taxer à 75% le monde des start-up, c'est une idée nocive".
Les dirigeants de l'entreprise approuvent et écoutent poliment. Ce que Martin Rogard, Giuseppe di Martino et Cédric Tournay attendent, eux, des politiques ? Une "plus grande harmonisation européenne" et une "même chronologie des médias". En clair ? Qu'ils ne soient pas obligés d'attendre trois ans pour leur offre cinéma de nouveaux films.
Peu de vidéos qui "buzzent" en 2012
Quels hommes ou femmes politiques créditent-ils d'affinités avec le numérique ? Ils me citent Bruno Retailleau, Laure de la Raudière ou François Fillon à l'UMP, Christian Paul ou Patrick Bloche au PS.
Un regret dans cette campagne ? Qu'il n'y ait pas plus de vidéos qui "buzzent", d'images volées leur permettent de démultiplier clics et visites. Ils se souviennent de la campagne de 2007, des propos détonants de Ségolène Royal, filmée à son insu, sur les profs ou les images dérobées d'Alain Duhamel affirmant qu'il votait Bayrou.
Sondages : "on se fiche de nous !"
En marge de la visite, François Bayrou a ironisé sur le sondage "de croisement des courbes" voyant le chef de l'Etat sortant passer devant le candidat socialiste dans les intentions de vote au premier tour : "des sondages qui se déclenchent à l'heure pile où Nicolas Sarkozy finit son émission (sur TF1), je ne doute pas que ce soit un hasard. On se fiche de nous !"
Et de redire que la campagne est "monopolisée' par les favoris et qu'on passe "à côté des vrais sujets".
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