Juppéistes, sarkozystes, lemairistes, centristes et même fillonistes : plus de 80 élus ont désormais lâché François Fillon
Des ténors des Républicains, des sarkozystes, des centristes et même des membres de son équipe lâchent François Fillon, qui veut poursuivre sa campagne, coûte que coûte.
Contre vents et marées, le capitaine reste à la barre, mais les membres d'équipage ont commencé à quitter le bateau. Depuis que François Fillon a annoncé qu'il restait candidat à l'élection présidentielle, mercredi 1er mars, malgré la menace d'une mise en examen, les défections se multiplient chez Les Républicains. Au total, selon un décompte exhaustif tenu par Libération, plus de 70 cadres ont choisi de claquer la porte vendredi 3 mars.
Bruno Le Maire et ses soutiens
Bruno Le Maire a été le premier à faire défection, juste après la conférence de presse de François Fillon, mercredi. L'ancien ministre de l'Agriculture et candidat malheureux à la primaire de la droite, avait rejoint l'ex-Premier ministre au soir du premier tour. Mais cette fois, c'en est trop. Au "nom du respect de la parole donnée", Bruno Le Maire a démissionné de ses fonctions dans la campagne où il était chargé des questions internationales et européennes.
Plusieurs de ses soutiens lui ont emboîté le pas : les députés des Républicains Franck Riester, Laure de La Raudière, Alain Chrétien, Arnaud Robinet, le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau, le sénateur Gérard Cornu, ou le président du conseil départemental de Corrèze Pascal Coste. Président du conseil départemental de l'Eure, Sébastien Lecornu, autre proche de Bruno Le Maire, les a imités jeudi matin, quittant ses fonctions de directeur adjoint de la campagne, selon un message envoyé à des journalistes. Porte-parole de François Fillon, le Lemairiste Thierry Solère a attendu vendredi pour quitter ses fonctions.
Des sarkozystes
Premier sarkozyste à lâcher François Fillon, le député Pierre Lellouche a appelé François Fillon, dès mercredi, à se retirer, jugeant que la campagne avait atteint "un point de non-retour".
Catherine Vautrin, députée LR de la Marne, veut elle aussi que "François Fillon consacre toute son énergie à défendre son honneur", et réclame "un autre candidat". Cette ancienne trésorière de l'UMP assure, à ce stade, n'avoir "pas la réponse" sur le nom de ce plan B. Avec d'autres sarkozystes, comme Virginie Duby-Muller, Valérie Lacroute, Brigitte Barèges, Valérie Debord, elle fait partie d'une vingtaine d'élus signataires d'une tribune publiée, jeudi après-midi, dans L'Opinion, appelant l'ancien Premier ministre à se retirer. Interrogé par franceinfo, le maire de Mulhouse, Jean Rottner, à l'initiative de ce texte, veut "rappeler à François Fillon ce qu'il a dit les yeux dans les yeux aux Français", et souhaite "son retrait, une décision de raison, pour permettre à la machine de se remettre en marche".
Autre sarkozyste dépité, le député LR Sébastien Huyghe, qui lance cruellement sur Twitter : "En ce moment, je pense au général de Gaulle..." "On ne peut pas dire 'les yeux dans les yeux' aux Français qu'on se retirera en cas de mise en examen et faire le contraire aujourd'hui", a-t-il fait valoir, rappelant les engagements bafoués de François Fillon. Directeur de campagne de Nicolas Sarkozy pendant la campagne de la primaire de la droite, Gérald Darmanin a pour sa part lâché sur Twitter : "Jusqu'à présent, ce sont les socialistes qui faisaient monter le Front national, maintenant c'est nous. J'ai honte de ma droite."
Jeudi matin, le député du Rhône Georges Fenech a appelé les élus à donner leur parrainage à Alain Juppé, rival malheureux de François Fillon à la primaire de la droite, se disant "convaincu de la chute imminente de François Fillon". Le député sarkozyste avait été le premier à appeler au retrait de l'ancien Premier ministre, après les révélations du Canard enchaîné sur les emplois présumés fictifs de Penelope Fillon, jugeant "le résultat de la primaire caduc". Ils ont été rejoints, vendredi, par le Marseillais Renaud Muselier et une ancienne sarkozyste, Nadine Morano.
Des juppéistes
Un constat partagé par les amis d'Alain Juppé. Pour la sénatrice LR Fabienne Keller, qui a activement participé à la campagne du maire de Bordeaux, il n'est "pas possible de continuer à faire campagne contre la justice". Elle a appelé, dès mercredi soir, dans un communiqué "François Fillon à prendre une décision plus grande que son destin personnel, à prendre en compte le destin de la France", détournant la formule de François Fillon : "La France est plus grande que mes erreurs."
D'autres juppéistes ont suivi Fabienne Keller, jeudi. Benoist Apparu, député-maire de Châlons-en-Champagne, Edouard Philippe, député-maire du Havre et Christophe Béchu, maire d'Angers et sénateur du Maine-et-Loire ont eux aussi décidé de quitter la campagne, tout comme Jean-Pierre Grand, sénateur de l'Hérault, Jean-Baptiste Lemoyne, sénateur de l'Yonne, Bernard Bonne, président du conseil départemental de la Loire, Guillaume Delbar, maire de Roubaix, Karl Olive, maire de Poissy et vice-président du conseil départemental des Yvelines.
Directeur de la campagne d'Alain Juppé durant la primaire, et nommé depuis trésorier de celle de François Fillon, Gilles Boyer a également jeté l'éponge, en présentant sa démission au candidat de la droite. Vendredi matin, Dominique Bussereau, les a rejoints tout comme Virginie Calmels, adjointe au maire de Bordeaux.
Les centristes de l'UDI
Au centre droit, le président des députés UDI, Jean-Christophe Lagarde, a expliqué, dès mercredi après-midi, qu'il suspendait la participation de son parti à la campagne de François Fillon, et prévoit de réunir un bureau exécutif la semaine prochaine pour "une décision collective". Sans attendre cette réunion, le député Yves Jégo, premier vice-président du parti, a appelé François Fillon à passer la main.
C'est aussi le cas du maire de Nancy et président du Parti radical, Laurent Hénart, cosignataire de la tribune publiée dans L'Opinion jeudi après-midi, avec d'autres élus UDI, comme la maire d'Amiens, Brigitte Fouré, le maire de Vincennes, Laurent Lafon, celui de Saint-Dié-des-Vosges, David Valence, celui de Bayonne, Jean-René Etchegaray, ou encore celui de Villers-les-Nancy, François Werner.
Et même des fillonistes
La liste ne s'arrête pas là. Sénateur filloniste des Ardennes, Marc Laménie a lui aussi décidé de claquer la porte : "Je suis pour l’exemplarité en politique. On ne peut demander d’être exemplaire à la population sans l’être soi-même !", estime ce parlementaire dans les colonnes de L'Union. Député-maire (ex-UDI) de Cholet, Gilles Bourdouleix, avait, comme Marc Laménie, appelé à voter en faveur de François Fillon lors de la primaire de la droite : "Juste ou injuste, la situation n'est plus tenable pour une campagne sereine, indispensable pour l'avenir de la France. J'appelle à la candidature d'Alain Juppé", a-t-il écrit sur Twitter jeudi après-midi.
Si seuls ces deux fillonistes ont, pour l'instant, décidé de lâcher leur candidat, d'autres ont, en tout cas, déserté complètement les médias, mercredi et jeudi, comme le président du Sénat, Gérard Larcher.
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