Procès Fillon : "On a travaillé dans un climat de totale transparence", assure l'ancien Premier ministre

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
François et Penelope Fillon quittent leur domicile, le 26 février 2020 à Paris. (MEHDI TAAMALLAH / NURPHOTO / AFP)

François Fillon et sa femme, Penelope, ainsi que son ancien suppléant à l'Assemblée nationale, Marc Joulaud, sont jugés devant le tribunal correctionnel de Paris, principalement pour détournement de fonds publics.

Ce qu'il faut savoir

Penelope Fillon a-t-elle bénéficié d'un emploi fictif auprès de Marc Joulaud ? Après l'emploi d'assistante parlementaire pour son mari, le tribunal examine, mercredi 4 mars, cette fonction que Penelope Fillon a exercée entre 2002 et 2007, auprès de l'ancien suppléant de François Fillon à l'Assemblée nationale. A cette époque, son mari était ministre des Affaires sociales et avait cédé son siège de député de la Sarthe à Marc Joulaud. Ce dernier, très discret depuis le début du procès, a été interrogé mercredi. Trois témoins cités par la défense sont également auditionnés lors de cette journée : Igor Mitrofanoff, ancien assistant parlementaire de François Fillon, Sylvie Fourmont, sa secrétaire particulière, et Pierre Molager, son chef de cabinet quand il était maire de Sablé-sur-Sarthe.

François Fillon appelé à la barre. Après Marc Joulaud, c'est François Fillon qui a été appelé à la barre. Selon l'ancien Premier ministre, "tout a été dit" par son ex-collaborateur. "On a travaillé dans un climat de totale transparence. J'ai souhaité constitué une équipe avec Marc Joulaud, je ne le regrette pas car, aujourd'hui, il est maire de Sablé", a-t-il affirmé. 

"J'aurai été un baron de la drogue..." Lors de son témoignage, Marc Joulaud s'est plaint du traitement qu'il a subi. "J'aurais été un baron de la drogue dans la Sarthe je pense que je n'aurais pas été traité d'une manière plus dure", a-t-il assuré. "Ma vie est bouleversée depuis trois ans, celle de mon épouse et des enfants" aussi, a-t-il ajouté.

Un travail sans "consistance" pour les juges d'instruction. Penelope Fillon a expliqué aux enquêteurs que son objectif était d'apporter du poids dans l'exercice du mandat de Marc Joulaud, qui avait 34 ans en 2002 et était un "garçon timide". Elle devait l'aider "à s'imposer au niveau local, tout en permettant à François Fillon de garder le contact avec ses électeurs sarthois". Mais pour les juges, le travail de Penelope Fillon auprès du suppléant avait "moins de consistance encore" qu'auprès de son époux.

Le salaire de Penelope Fillon supérieur à celui de Marc Joulaud. "Dans ces conditions, il apparaît clairement que l'emploi de Penelope Fillon n'était rien d'autre que la contrepartie à la place de suppléant offerte par François Fillon à son ancien collaborateur et un biais pour François et Penelope Fillon d'augmenter leurs revenus", assènent les juges dans leur ordonnance. D'autant que le salaire de Penelope Fillon "était supérieur à celui de son député employeur." L'argent "détourné" est chiffré à 645 600 euros.

Des témoins cités par les avocats de François Fillon. Il s'agit de fidèles collaborateurs de l'ancien Premier ministre. Pendant plus de trente ans, Sylvie Fourmont a préparé les dossiers, géré l'agenda de François Fillon et son courrier "en lien avec Mme Penelope Fillon", a-t-elle assuré aux enquêteurs. Quant à Igor Mitrofanoff, il a été son assistant parlementaire dans les années 1990. Il l'a également suivi dans certains ministères occupés par François Fillon au cours de sa carrière politique. Penelope Fillon "était les yeux et les oreilles" de son mari dans la Sarthe, a-t-il déclaré aux enquêteurs. Pierre Molager, tour à tour chef de cabinet, conseiller et membre de l'équipe de campagne de François Fillon, a utilisé la même expression.