François Hollande a-t-il déjà perdu 2017 ?
Seuls 23% des Français font encore confiance au chef de l'Etat. Mais a-t-il pour autant déjà perdu la prochaine présidentielle ? Rien n'est moins sûr.
A trois ans et demi de l'échéance, la question peut paraître saugrenue : François Hollande peut-il d'ores et déjà dire adieu à un deuxième mandat ? A gauche, certains commencent à s'interroger, en constatant que la courbe de popularité du chef de l'Etat n'en finit plus de s'effondrer. En réalité, les jeux sont loin d'être faits.
Oui… parce qu'il est devenu bien trop impopulaire
Certes, la popularité de François Hollande est désormais au plus bas. Selon un sondage Ifop publié dimanche 22 septembre, 76% des Français sont mécontents de son action, un record absolu sous la Ve République. Et le taux d'insatisfaction grimpe à 81% chez les employés et 82% chez les ouvriers !
Jamais un président n'avait suscité autant de déception en si peu de temps. "L'image d'un homme politique met du temps avant d'évoluer. Et chez François Hollande, il y a des traces qui seront difficiles à effacer : par exemple, l'image de quelqu'un qui n'arrive pas à fixer un cap, qui n'arrive pas à trancher", observe Bruno Jeanbart, directeur général adjoint de l'institut de sondages OpinionWay, contacté par francetv info.
La pente sera donc difficile à remonter, mais pas impossible. En avril 2012, seuls 28% des Français se déclaraient satisfaits de Nicolas Sarkozy. "Il n'était même pas sûr d'être au deuxième tour !", rappelle à francetv info le sondeur Jean-Daniel Lévy. Et le 6 mai, 48,37% des Français votaient pour lui.
Oui… parce que son camp pourrait lui tourner le dos
Trois ans et demi, c'est long et court à la fois. Si la cote de popularité de François Hollande ne connaît pas d'embellie rapidement, le chef de l'Etat pourrait voir sa légitimité à briguer un second mandat remise en cause au sein de son propre camp.
C'est ce qui a failli arriver à Nicolas Sarkozy. En 2011, face à l'impopularité de l'ancien chef de l'Etat, certains à l'UMP imaginent une candidature alternative. Sondages à l'appui, le nom d'Alain Juppé est évoqué avec insistance. Et si elle n'a finalement jamais pris corps, l'hypothèse n'a pas franchement concouru à renforcer la candidature de Nicolas Sarkozy.
Aujourd'hui, les ambitieux Manuel Valls et Arnaud Montebourg jurent leur loyauté, et répètent qu'ils feront tout pour que François Hollande reste à l'Elysée jusqu'à 2022. Mais en sera-t-il de même en 2016, si le président n'a pas réussi à regagner le cœur des Français d'ici là ? "Si des sondages donnent des candidats mieux placés que lui pour battre le candidat de la droite, voire prédisent un deuxième tour UMP-FN, la question se posera", estime le politologue Bruno Jeanbart. Une primaire pourrait-elle alors être organisée à gauche ? "Nous n'en sommes pas là !", esquive pour l'instant Arnaud Montebourg, interrogé sur i-Télé.
Non… parce que la reprise économique pourrait le sauver
A l'Elysée, François Hollande et ses conseillers ne se posent pas encore ce genre de questions, et préfèrent une autre hypothèse : après un début de quinquennat fortement impacté par la crise, la croissance va faire son retour à partir de 2014, et permettra de finir le mandat dans de bonnes conditions. "L'économie devrait recréer des emplois, les salaires pourraient être revus à la hausse, la vis fiscale pourrait être desserrrée…", imagine un député socialiste.
"Il y a statistiquement de bonnes chances que la conjoncture aille en s'améliorant d'ici l'élection", acquiesce l'économiste Jean-Charles Simon sur La Tribune.fr. Ancien numéro 2 du Medef, Simon souligne que la reprise, si elle n'est "pas garantie", est quand même "le scénario le plus probable. Parce que la crise a duré longtemps, déjà plus que d'habitude, et que les premiers signes de reprise se confirment en Europe".
"Si nous parvenons à inverser la courbe du chômage, on peut passer du purgatoire au paradis", veut croire le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone. "Jusqu'à présent, on n'a jamais observé un lien direct entre le chômage et la popularité", met toutefois en garde le sondeur Jean-Daniel Lévy. "Il faudrait une amélioration de la situation économique extrêmement forte pour que cela ait un effet sur la popularité de François Hollande", abonde Bruno Jeanbart. Or pour l'instant, le léger rebond de l'économie "apparaît plus comme un feu de paille que comme l'enclenchement d'une spirale positive", rappelle l'économiste Xavier Timbeau, interrogé par nos confrères du site Geopolis.
Non… parce que Hollande n'a pas d'adversaire direct
L'autre chance de François Hollande n'est pas économique, mais politique : pour l'instant, "l'UMP n'a pas de leader" ni de "ligne politique claire", selon les mots d'Alain Juppé dans Sud Ouest. Et si les sympathisants de droite plébiscitent une candidature de Nicolas Sarkozy en 2017 – loin, très loin devant tous les autres prétendants, selon un dernier sondage Ifop (PDF) –, une nette majorité de Français y reste farouchement opposée.
Ce qui fait dire à la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, que Nicolas Sarkozy serait "la meilleure chance pour François Hollande". "On revoit cinq minutes Sarkozy à la télé, et sa violence transparaît, juge-t-elle, selon le JDD. Les gens développent tout de suite des anticorps." Selon un sondage publié début juillet, 59% des Français ne souhaitent pas son retour. "L'antisarkozysme reste fort", observe Bruno Jeanbart. Reste à savoir si cela sera encore le cas dans trois ans et demi.
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