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François Hollande s'attaque à la finance, mais n'oublie pas Nicolas Sarkozy

Dans un hall des expositions bondé, à l'ambiance chauffée par Yannick Noah, le candidat socialiste à l'Elysée François Hollande a désigné cet après-midi au Bourget "le monde de la finance" comme son véritable adversaire, lors de son premier grand meeting de campagne.
Article rédigé par franceinfo
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A trois mois jour pour jour du premier tour de la présidentielle, le député de Corrèze a endossé le costume d'homme d'Etat devant les milliers de sympathisants de gauche venus l'applaudir au Bourget, dans la proche banlieue nord de Paris.
Avant de détailler son programme jeudi, François Hollande a prononcé un discours fleuve d'une heure et demie pour présenter sa vision de la France, en tentant de se hisser au-dessus des partis. "L'enjeu de cette campagne qui commence, n'allez pas le chercher dans un affrontement partisan. L'enjeu de cette campagne va bien au-delà de nous, de la gauche ", a-t-il déclaré. "L'enjeu, c'est la France, c'est la France toujours !"

Le candidat PS a dévoilé un peu sa personnalité, racontant avoir grandi dans une famille plutôt conservatrice en Normandie. "La gauche, je l'ai choisie ", a-t-il noté. "Je ne m'exhibe pas ", a-t-il dit en réponse à ceux qui le trouvent réservé. "Ce que vous voyez ici, c'est ce que je suis ". Il a revendiqué "une simplicité qui n'est pas une retenue, mais la marque de l'authentique autorité ".
"Je veux conquérir le pouvoir mais je ne suis pas un vorace. Je veux simplement le mettre au service des Français ", a-t-il assuré, confiant comme un secret: "J'aime les gens quand d'autres sont fascinés par l'argent ".

Devant les ténors socialistes, de Lionel Jospin à Martine Aubry, François Hollande a évoqué ses débuts en politique aux côtés du défunt ancien président François Mitterrand (dont la fille Mazarine Pingeot assistait au meeting) ses attaches corréziennes, mais aussi son rôle de Premier secrétaire du PS lorsque Lionel Jospin était Premier ministre. Cette période de la gauche plurielle, "j'en revendique les avancées ", a-t-il déclaré.
Puis, s'adressant aux 10.000 sympathisants, il a martelé: "Aujourd'hui, c'est moi qui vous représente. C'est moi qui porte votre espoir. C'est moi qui porte l'obligation de gagner. C'est moi qui va, dans ce combat, vous conduire à la victoire, celle que vous attendez depuis trop longtemps! "

Le "monde de la finance" son adversaire

François Hollande a présenté son "véritable adversaire ". "Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera donc pas élu et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c'est le monde de la finance ".
Contre cet adversaire, le candidat socialiste s'engage à faire voter une loi obligeant les banques à séparer activités de dépôt et opérations spéculatives. Il promet d'interdire aux banques françaises d'avoir des filiales dans les paradis fiscaux, d'interdire aussi "les produits financiers toxiques, c'est-à-dire sans lien avec les nécessités de l'économie réelle ", de supprimer les stock-options, "sauf pour les entreprises naissantes ", et d'encadrer les bonus. Il propose "une véritable taxe sur les transactions financières avec ceux en Europe qui voudront la mettre en oeuvre avec nous ". Et il suggère de créer au niveau européen une agence publique de notation. Selon lui, "l'argent sera remis à sa place, qui est celle d'un serviteur et non d'un maître ".
"Le changement, j'y suis prêt. Vive la République et vive la France ", a-t-il lancé, avant d'entonner "La Marseillaise".

Si les militants ont été galvanisés par un François Hollande " offensif et percutant", à droite, François Baroin  estime que ce discours " n'est pas adapté à la France de 2012. Les quelques rares propositions que formule François Hollande soit existent déjà, soit ne dépendent pas de lui ."
Pour le ministre de l'économie "dire la finance est notre ennemi c'est aussi idiot, me semble-t-il, que de dire : 'je suis contre la pluie, je suis contre le froid, je suis contre le brouillard '".  
"Il n'y a pas d'économie sans finance, il n'y a pas d'économie sans banques ".
     
Pour Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, "nous attendions de François Hollande une vraie entrée en campagne et enfin de la clarté dans les propositions. Nous avons
eu l'entrée en campagne mais pas la clarté" .

De son côté Marine Le Pen invite les français à se regarder "un tout petit peu dans le rétroviseur pour voir si les promesses qu'on leur fait pour demain ne sont pas en totale contradiction avec les actes qui ont été commis depuis 30 ans ."

"François Hollande nous prouve une fois de plus qu'avec lui, le changement c'est le néant " indique Thierry Mariani, ministre UMP des Transports.

Invitée de Radio France Politique, Marielle de Sarnez considère que le discours de François Hollande "n'est pas approprié en ce moment ".
La directrice de campagne de François Bayrou estime que "ça n'était pas très innovant sur le fond ".

 

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