François Hollande sera-t-il un "omnicandidat" ?
Champion officiel des socialistes à l'élection présidentielle, François Hollande s'était présenté comme un "candidat normal" pendant la primaire. Face à Nicolas Sarkozy, qui a l'image d'un "omniprésident", n'est-il pas voué à devenir "omnicandidat" ?
Occuper l'espace médiatique sans lasser l'opinion publique. Le défi est de taille pour le candidat corrézien qui, après la campagne de la primaire, a fait entrer les socialistes dans une course de fond jusqu'à l'élection présidentielle de 2012.
"Il faut être en tension, mais pas omniprésent", a résumé le député Claude Bartolone cité par Le Monde.
Car en face, se trouve un "omniprésident" qui a pris l'habitude de dicter son agenda à la presse française.
Nicolas Sarkozy en déplacement en 2007 - DOMINIQUE FAGET / AFP
Maintenir la distance
Principale difficulté : François Hollande part en tête dans la course à l'élection présidentielle de 2012. Le dernier sondage en date, qu'a publié Libération lundi, montre que pour améliorer la situation financière de la France, les Français font davantage confiance au candidat socialiste François Hollande (48%) qu'à Nicolas Sarkozy (33%).
"Aujourd'hui, on m'annonce sur des sondages qui n'ont aucun sens, qui risquent de démobiliser, qui ne pourront que baisser. Il faudra tenir bon", a déclaré François Hollande samedi au journal Le Monde.
En 2007, Ségolène Royal bénéficiait aussi d'une bonne avance, jusqu'à l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy. La candidat socialiste va donc devoir se montrer s'il ne veut pas voir sa position de favori s'éroder.
Il s'agit donc pour François Hollande de faire fructifier l'état de grâce dans lequel il se trouve, à la suite de sa victoire à la primaire, avant que le président de la République ne reprenne la main sur la politique intérieure.
Gérer le temps de parole
Car les socialistes ont "beaucoup parlé", leur "temps de parole" est "désormais réduit", a indiqué lundi Benoît Hamon lors du point de presse hebdomadaire du PS rue de Solférino.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a rappelé à l'ordre les médias qui ont fait un suivi surabondant du Parti socialiste au détriment de la droite. "On exploitera ce temps où on aura moins de couverture médiatique à préparer dans de bonnes conditions la campagne présidentielle, parce que ca va être une campagne redoutable", observe le porte-parole des socialistes.
Faire parler les lieutenants
François Hollande va donc devoir laisser la main à son équipe. Premier à s'exposer, le député PS Pierre Moscovici. Il a estimé mardi sur France Info que Nicolas Sarkozy, "de tergiversations en tergiversations" face à la crise européenne, avait été réduit à un rôle de "partenaire un peu junior" dans l'Union.
Une manière pour le lieutenant de François Hollande de renvoyer la balle à Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur. Celui-ci avait déclaré la semaine dernière que le candidat socialiste n'avait "pas la carrure" pour être président.
La veille, c'est André Valini qui a montré les muscles dans le délicat dossier d'alliance entre le PS et Europe écologie-Les Verts (EELV). Le sénateur de l'Isère a expliqué que sur le nucléaire, l'équipe de Hollande comptait négocier avec Les Verts, sans pour autant "céder à quelque diktat que ce soit de leur part." Faut-il comprendre que l'entourage du candidat a décidé de s'exprimer à flux tendu ?
Exposer sa vie privée sans en avoir l'air
La présence de la compagne de François Hollande, Valérie Trierweiler, au premier rang de la convention d'investiture atteste-t-elle d'un changement de la pratique politique du candidat socialiste ? Jusqu'ici, elle n'était jamais apparue sous la lumière des projecteurs.
Le député corrézien a continué d'être présent sans en avoir l'air, ne serait-ce qu'à travers les révélations de l'Express faisant état d'une enquête policière au sujet de l'ancienne journaliste politique qu'est sa compagne. Cette dernière a porté plainte contre X auprès du parquet de Paris à la suite de la publication de ces informations.
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