François Hollande sur France 2 : ce qu'il faut en retenir
Le président a dû défendre des mesures parfois impopulaires, tout en préservant ce qu'il reste d'optimisme chez les Français.
La tâche s'annonçait ardue pour le président de la République. François Hollande, invité jeudi 28 mars sur France 2, devait rassurer les Français, expliquer sa politique et réaffirmer un cap, alors qu'il est au plus bas dans les enquêtes d'opinion. Francetv info revient sur ce qu'il faut retenir de son intervention.
Le style : fermeté et pédagogie
La situation économique a obligé le chef de l'Etat à un grand écart périlleux : faire accepter des mesures douloureuses tout en préservant ce qu'il reste d'optimisme chez les Français. Interrogé par David Pujadas sur la citation de Winston Churchill qui avait promis en 1940 "du sang et des larmes" au peuple britannique, François Hollande a rétorqué qu'il fallait, au contraire, "de l'espoir".
Face au désamour des Français, le chef de l'Etat, en connaisseur "des humeurs et des modes", s'est dit "serein", pas plus affecté que cela par les fortes critiques émanant parfois de sa propre majorité : "J'ai le cuir solide, j'ai le sang tout à fait froid, mes nerfs ne sont pas à vif."
Pacte de compétitivité, réforme du marché du travail, emplois d'avenir, contrats de génération... Comme prévu, François Hollande a longuement fait la promotion de sa "boîte à outils" pour l'emploi, assurant le service après-vente de chacune des réformes engagées. Le tout étant censé servir un seul objectif : "inverser la courbe du chômage avant la fin de l'année".
En fin d'interview, interrogé sur l'intervention au Mali, François Hollande a fait vibrer une corde plus sensible lorsqu'il a rendu hommage à l'action des soldats sur le terrain, "qui sont allés à pied dans le sanctuaire des terroristes, avec 45 degrés de température".
La phrase
"Nous n'atteindrons pas les 3% en 2013 car si je forçais l'allure, je casserais l'espoir de retour de la croissance."
A elle seule, cette phrase résume le cap que s'est fixé François Hollande, mais aussi ses contradictions. Coincé entre les exigences européennes de réduction du déficit et le soutien à une croissance atone, le président marche sur un fil.
A ce titre, le chef de l'Etat a annoncé qu'il n'y aurait pas d'impôts nouveaux en 2013 ni en 2014, après le choc fiscal administré en 2012. Revers de la médaille, les économies devront être drastiques pour se conformer aux engagements de la France. Cependant, le président est resté avare de détails sur la façon d'économiser des milliards.
Tout en plaidant pour une Europe de la croissance à l'opposé de l'austérité prônée par la chancelière allemande, Angela Merkel, François Hollande se trouve contraint de mener une politique qui risque d'imprimer son empreinte au quinquennat. Dans une (petite) autocritique, il a confié n'avoir pas anticipé, avant d'arriver au pouvoir, "que cette crise allait encore durer, plus longtemps que prévu".
Les annonces
Les observateurs n'attendaient pas d'annonces particulières lors de cette interview. Surprise : François Hollande en a distillé une bonne demi-douzaine. La stratégie est assez habile en terme de comunication : les mesures annoncées sont suffisamment emblématiques et nombreuses pour que l'on retienne quelque chose de cette intervention, mais aucune n'est susceptible de faire passer au second plan le propos général.
Fidèle à sa posture de chef de l'Etat qui ne doit pas décider de tout, François Hollande s'est le plus souvent borné à exprimer une préférence, un principe, entrant peu dans les considérations techniques des futures mesures. Voire en restant volontairement flou, comme sur le non-cumul des mandats.
Voici les principales mesures annoncées par François Hollande, dont vous pouvez retrouver le détail dans cet article :
- la taxe exceptionnelle de 75% sur les hauts revenus sera payée directement par les entreprises, non par les contribuables.
- les allocations familiales seront modulées selon le revenu des bénéficiaires, mais ne seront ni fiscalisées, ni supprimées pour les hauts revenus.
- dans le cadre de la réforme des retraites, François Hollande s'est dit favorable à l'allongement de la durée de cotisation, sans pour autant écarter les autres leviers : taux de cotisation et montant des pensions.
- le budget de la Défense restera inchangé en 2014 par rapport à 2013.
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