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Front national : la discorde entre Marine Le Pen et Florian Philippot en six actes

"Je quitte le Front national", a annoncé, jeudi 21 septembre, Florian Philippot.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Marine Le Pen et Florian Philippot au Parlement européen, à Strasbourg, le 17 janvier 2016. (FREDERICK FLORIN / AFP)

L'unité du Front national se fissure. Florian Philippot, bombardé fin 2011 directeur de la campagne présidentielle de Marine Le Pen, et qui a connu une ascension fulgurante dans le parti, entretient des relations difficiles avec certains dirigeants frontistes. Jusqu'en mai pourtant, il n'y avait guère de nuages avec la patronne du FN, qui avait quasi systématiquement défendu le chef d'orchestre du "marinisme". Mais le vent a tourné après la défaite de la candidate à la dernière présidentielle. Depuis le lancement par Florian Philippot de son association Les Patriotes, les deux figures de l'extrême droite se répondent vertement par médias interposés. Franceinfo vous résume leurs échanges.

Acte 1 : Philippot lance Les Patriotes

Si des divergences séparaient déjà Marine Le Pen et Florian Philippot, la discorde s'est accentué le 15 mai dernier. Ce jour-là, Florian Philippot annonce le lancement de son association, Les Patriotes, sans attendre la fin de la campagne des législatives. Objectif alors annoncé de cette structure : "Défendre et porter le message de Marine Le Pen au soir du second tour de l'élection présidentielle".

La question de voir Florian Philippot rester au Front national se pose alors très sérieusement.

Acte 2 : des cadres critiquent l'association

Sans surprise, le lancement des Patriotes est vivement critiqué au sein du Front national. "Je n'adhère pas à l'association Les Patriotes. Je reste à 100% au FN, avec Marine Le Pen", tweete Gilles Lebreton, eurodéputé FN. Son message est rapidement partagé par de nombreux responsables du FN, notamment Louis Aliot, député des Pyrénées-Orientales et compagnon de Marine Le Pen, ou par Gilles Pennelle, patron du FN au conseil régional de Bretagne.

"L'association de Florian Philippot est non seulement inutile mais parasite le FN et sa Présidente. Ça sera sans moi !", ajoute Jean-Marc de Lacoste-Lareymondie, membre du bureau politique du parti.

Après avoir dit "tant mieux !" dans un premier temps, Marine Le Pen se joint finalement à la vague de critiques. "J’ai trouvé que le calendrier était étonnant. Disons que ça aurait pu attendre. Ça crée des incompréhensions", déclare-t-elle dans L'Opinion, jugeant, de plus, le nom de l'association "ringard".

Le 6 septembre, après un été marqué par une multiplication de ces critiques, le député FN du Gard Gilbert Collard demande encore à Florian Philippot d'"arrêter la boursouflure de l'ego". "Si j'étais Marine Le Pen, je dirais à Florian Philippot : 'Tu ranges tes Patriotes qui ne riment à rien, tu ranges ton discours qui ne fait qu'accentuer les divisions, tu te rappelles que tu n'es pas numéro deux ni numéro un, il y a plusieurs vice-présidents, et tu joues collectif'", déclare-t-il au Figaro

Acte 3 : Marine Le Pen le rappelle à l'ordre

Vendredi 15 septembre, Marine Le Pen revient à la charge, et cette fois sans prendre de gants. Dans une interview accordée au Parisien, la présidente du parti somme Florian Philippot de "clarifier" sa situation. "Qu'il y ait des think-tanks, ça ne me pose aucun souci. Mais nous sommes tout de même au cœur de la refondation du mouvement, rappelle-t-elle. Je souhaite donc que tous les dirigeants du FN se reconcentrent sur cette refondation et qu'ils apportent leurs réflexions à l'intérieur du mouvement."

Acte 4 : Philippot refuse de quitter Les Patriotes

"Ce qu'il faudrait clarifier, pour le coup, ce serait qu'on sorte de la tambouille interne et qu'on soit audible sur le fond face à Macron." La réponse de Florian Philippot ne se fait pas attendre. "Je ne quitterai par la présidence des Patriotes, affirme-t-il sur France Inter, lundi 18 septembre. Ça n'est pas une opposition. Il y a déjà eu et il y a encore actuellement d'autres vice-présidents qui dirigent des associations." Quand on lui demande ce que signifie exactement "clarifier sa position", Florian Philippot répond : "Je ne sais pas. Ma position est extrêmement claire."

Le vice-président du parti évoque enfin son possible départ du Front national si Marine Le Pen abandonne la sortie de l'euro. "Je ne vois pas pourquoi [Marine Le Pen] ferait cela. Mais oui, si elle fait cela, ce sera sans moi."

"On ne fera pas la refondation avec un pistolet sur la tempe", ajoute, mardi 19 septembre, Florian Philippot. Un peu plus tôt, Marine Le Pen avait dit sur RTL qu'elle "prendrai[t ses] responsabilités" si son vice-président ne quittait pas la présidence de son association. "Je lui ai répondu, ainsi qu'au bureau politique, que je ne comprenais pas cette demande et que je ne pouvais donc pas y répondre", déclare le vice-président du FN sur RMC.

Acte 5 : Le Pen retire à Philippot ses attributions

Hors de question de quitter la présidence de son association Les Patriotes. Florian Philippot tient tête, Marine Le Pen le sanctionne. Elle a décidé, mercredi 20 septembre, de lui retirer sa délégation à la stratégie et à la communication, tout en le maintenant à son poste de vice-président du FN. "Florian Philippot, sollicité par mes soins, n'a pas répondu à la demande de mettre un terme au conflit d'intérêts résultant de sa double responsabilité de vice-président du FN chargé de la stratégie et de la communication et de président de l'association politique Les Patriotes", écrit Marine Le Pen dans un communiqué. J'ai pris la décision de lui retirer sa délégation à la stratégie et à la communication. Sa vice-présidence sera, à compter de ce jour, sans délégation." Comme un début de mise à l'écart. 

Acte 6 : Philippot annonce qu'il quitte le FN

"Evidemment, je quitte le Front national", a annoncé Florian Philippot, jeudi 21 septembre, sur France 2. "On m'a annoncé que je suis vice-président de rien. Je n'ai pas le goût du ridicule et je n'ai jamais eu le goût de ne rien faire", a-t-il justifié sur le plateau des "4 Vérités". Il a par ailleurs assuré qu'il n'avait pas prévenu la présidente du parti d'extrême droite de sa démission. "Je pense qu'elle s'en doutait, hier, en me nommant président à rien", a-t-il dit.

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