Pourquoi des banques françaises ont refusé de prêter de l'argent au Front national
Le FN a publié, lundi, les lettres de refus des établissements bancaires sollicités par le parti en juin 2013 pour un crédit de 5 millions d'euros.
Le FN, critiqué pour avoir emprunté neuf millions d'euros à une banque russe, a dévoilé, lundi 8 décembre, les lettres reçues des banques qui ont refusé de lui accorder des prêts en juillet 2013. Le Front national publie également les courriers qu'il a envoyés pour solliciter des emprunts auprès de 15 banques, françaises et européennes.
Dans ces lettres, le trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, explique que le Front national, "depuis le mois de septembre 2012, a vu ses dépenses s'accroître sensiblement compte tenu de son développement. En ce mois de juin 2013, en vérité, le FN redémarre avec un déficit de plusieurs millions d'euros correspondant à ce qu'il a dû emprunter pour vivre depuis un an. Le FN voudrait emprunter une somme de cinq millions d'euros remboursables, par exemple, en cinq ans", poursuit-il. Comment les banques ont-elles justifié leur refus ?
1Le "déficit de plusieurs millions"
Dans sa lettre de réponse, la banque LCL explique être "au regret de répondre que LCL n'a pas convenance à l'octroi d'un tel crédit". Il n'existe pas de droit au crédit et les établissements financiers sont libres de signer ou non des contrats de prêt avec les contractants de leur choix. Aucun texte, par ailleurs, ne les oblige à motiver leur refus. Toutefois, le LCL met en avant dans son courrier le "déficit de plusieurs millions" dont souffre le Front national.
Par ailleurs, dans son courrier, Wallerand de Saint-Just n'explique pas comment le Front national compte rembourser son emprunt. "Dans une situation pareille, il est évident qu'un courrier est insuffisant, car les établissements bancaires veulent savoir à qui elles ont à faire exactement, or si l'on connaît le FN de réputation, les banques ont besoin de connaître ses comptes, de savoir comment ils sont gérés", explique un analyste financier contacté par francetvinfo.
2La "diversité des opinions"
Le CIC explique que "compte tenu de la diversité des opinions des clients, sociétaires et administrateurs élus du Groupe Crédit Mutuel-CIC, nous souhaitons nous en tenir à un principe de neutralité en nous abstenant de financer des formations politiques". De même, la BNP Paribas décline, car sa "politique de crédit ne (lui) permet pas de répondre favorablement à une telle demande en faveur d'un parti politique".
Prêter à un parti, quel qu'il soit, présente un risque d'image, pour des établissements financiers qui se présentent comme 'universels'", ajoute encore l'analyste financier contacté par francetv info. "Il n'y a rien d'étonnant à ce que des banques refusent d'être associé à une couleur politique", selon lui.
3La "frilosité"
A la fin novembre, en justifiant l'emprunt du FN auprès d'une banque russe, Wallerand de Saint-Just, concédait que la "frilosité" des banques françaises concernait tous les partis politiques, selon Le Figaro. "A l'évidence, les garanties de l'Etat ne suffisent pas à convaincre les banquiers", commentait le quotidien.
En outre, "les partis et les élus ont un statut précaire aux yeux des banques : ils ont des dépenses considérables et leurs rentrées d'argent dépendent de leur score", explique le professeur d'analyse financière contacté par francetv info.
4"Pas de crédit aux entreprises"
La banque UBS refuse, car l'établissement "n'exerce pas, en France, d'activité de crédit aux entreprises", ce que confirme la lecture du site internet français de la banque. Un motif surprenant, car les partis politiques sont des associations et non des entreprises.
Lire ci-dessous les lettres que s'est procurées BFMTV.
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