"Attal show" ou exercice nécessaire ? On a suivi la nouvelle version des questions au gouvernement
Les premières "questions au chef du gouvernement", ou le "Attal show" comme l'appellent les oppositions, ont eu lieu mercredi 3 avril à l'Assemblée nationale. 45 minutes de questions-réponses entre les députés et Gabriel Attal, un exercice expérimenté pendant cinq mercredis, que le Premier ministre a accepté. "Attal show" ou exercice nécessaire ?
Le Premier ministre vante d'entrée cette nouvelle formule des questions au gouvernement : "Je suis ravi de vous retrouver aujourd'hui. La présidente de l'Assemblée nationale m'a proposé de répondre aux questions dans ce nouveau format. J'accepte toujours les propositions qui me sont faites s'agissant des comptes que je dois rendre en tant que Premier ministre vis-à-vis de la représentation nationale et de la presse."
"Je suis ravi de pouvoir expérimenter ce nouveau format. Nous verrons s'il permet de revivifier cette séance du mercredi."
Gabriel Attal, Premier ministrelors des questions au chef du gouvernement
La situation se tend rapidement, avec une attaque venue des rangs du RN. "Votre aveuglement, partagé d'ailleurs avec celui d'Emmanuel Macron, coûte cher aux Français. Même votre majorité doute de vos choix, qui sont proches aujourd'hui, il faut bien le dire, du Requiem", assène le député Sébastien Chenu.
Gabriel Attal offensif
Le chef du gouvernement saisit la perche, alors que Gabriel Attal cherche ces derniers mois à confronter le Rassemblement national qui dépasse de loin la liste de la majorité dans les sondages aux européennes. "C'est toujours surprenant de vous entendre parler de responsabilité budgétaire, vous qui n'avez que le mot dépenses à la bouche, vous qui proposez de rétablir la retraite à 60 ans sans expliquer comment vous le financieriez. Vous nous parlez de Mozart, de la finance. Avec vous, ce serait le crépuscule des retraites et la dette enchantée. C'est ça le programme du Rassemblement national", rétorque le Premier ministre.
À une question de la gauche sur la taxation des superprofits pour financer la dette de la France, Gabriel Attal en profite pour rappeler la ligne : "Je vous rappelle que c'est cette majorité qui a mis en place une contribution sur la rente infra-marginale des énergéticiens et des pétroliers. Et c'est dans cette même logique que nous allons travailler, pas pour aller chercher, comme je peux le lire ici ou là, le livret A ou l'épargne des Français. La vraie différence entre nous et les oppositions dans cet hémicycle, c'est que nous ne nous en prendrons jamais aux Français qui travaillent, aux fruits de leur épargne, aux Français qui ont travaillé toute leur vie. C'est ça la vraie différence entre vous et nous." Le Premier ministre tient à se montrer offensif, inarrêtable même quand les oppositions tentent de l'interrompre en criant. Le tout devant des députés de la majorité debouts qui applaudissent ses interventions.
Les députés divisés
Parmi les députés qui veulent pouvoir confronter chaque mercredi le chef du gouvernement, il y a notamment le RN qui y voit un enjeu de visibilité. Et parmi ceux qui dénoncent la surexposition de Gabriel Attal, se retrouve la gauche, des députés qui dénoncent un spectacle, un exercice narcissique. "C'est un numéro de claquettes du Premier ministre, c'est grand guignol, c'est un numéro de cirque, selon Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste et député du Nord. On a besoin de réponses précises sur les sujets liés au pouvoir d'achat, les salaires, les services publics, dans la santé, dans l'école, dans la recherche, dans la culture."
"Il veut prendre la lumière, il veut être au cœur, au centre de la grande machine, mais ce n'est pas possible."
Fabien Roussel à propos de Gabriel Attalà franceinfo
Une certaine satisfaction est palpable dans l'entourage de Gabriel Attal. Preuve en est ce recensement des députés de la majorité présents, envoyé dans la foulée aux journalistes : ils sont une soixantaine de plus qu'avant cette nouvelle formule, la semaine dernière. À noter également, la présence de nombreux journalistes en tribune pour un mercredi alors que c'est pluôt la séance du mardi qui attire les foules d'habitude. L'intérêt suscité par la nouveauté peut donc très vite retomber.
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