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Quatre questions pour comprendre les enjeux de la suppression de 1 800 postes dans l'Education nationale

Dans une interview accordée au "Figaro" le 16 septembre, Jean-Michel Blanquer a annoncé la suppression de 1 800 postes au sein de l’Education nationale. Le ministre a précisé que "seuls le second degré et les services administratifs" seront concernés.

Article rédigé par franceinfo - Céline Delbecque
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Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, à la sortie du Conseil des ministres, le 31 août 2018, à Paris.  (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Le gouvernement a annoncé, dimanche 16 septembre, une suppression de 1 800 postes en 2019 au sein de l'Education nationale. Dans une interview au Figaro (article abonnés), Jean-Michel Blanquer a précisé que cela ne concernerait que le "second degré" ,"et l’administratif". Une annonce qui suscite déjà de nombreuses réactions au sein de la profession et que le ministre justifie par la volonté d'investir davantage "dans l’école primaire".

1Qui est concerné par cette suppression ? 

Constituant près de la moitié des effectifs de la fonction publique, l’Education nationale pouvait difficilement être épargnée par les objectifs de réduction du nombre de fonctionnaires : ces suppressions correspondraient à "0,2% des emplois du ministère".

Le ministre de l’Education nationale a précisé que ces coupures ne concerneraient que "le second degré", soit les collèges et les lycées, ainsi que "les postes administratifs". Interviewé sur France Inter lundi matin, il assure que ces suppressions seront appliquées sur "au moins 400 postes administratifs", et qu’elles "toucheront également l’enseignement privé". Environ 1 400 postes d’enseignants du second degré seront donc touchés. Selon Jean-Michel Blanquer, cette décision permet de "dégager des marges de manœuvres pour faire de vrais choix politiques", notamment dans "l’investissement dans l’école primaire", avec des créations de postes dans ce secteur, et "dans la capacité à augmenter le pouvoir d’achat des professeurs".

2Quel sera l'impact sur les élèves et les professeurs ?

"Il n'y aura aucun élève en plus [par classe], nous maintenons totalement les taux d'encadrement dans les collèges et les lycées", a martelé Jean-Michel Blanquer sur France Inter. Pour cela, le gouvernement a prévu de maintenir le taux d’encadrement du second degré par le recours à davantage d’heures supplémentaires. Ces heures seront "exonérées de cotisations salariales, donc plus rémunératrices pour les professeurs", a souligné le ministre dans Le Figaro. "En cas de nécessité locale, une seconde heure pourra être imposée par le chef d’établissement comme c’était le cas avant les années 2000", précise-t-il.

Le ministre a insisté sur cette rémunération des salariés, expliquant que "l’augmentation du pouvoir d’achat des professeurs" est une "grande priorité". Sur France Inter, il a annoncé vouloir "créer un Observatoire du pouvoir d’achat des professeurs", afin de "nourrir le dialogue social". Il a également déclaré vouloir débloquer, sur la durée du quinquennat, "1 000 euros de plus par an pour un professeur en début de carrière".

3L'Education nationale est-elle le seul ministère touché ? 

Non. Au mois d’août dernier, le Premier ministre, Edouard Philippe, avait annoncé une accélération des économies budgétaires, en prévoyant la suppression de 4 500 postes de fonctionnaires en 2019, et plus de 10 000 en 2020. D’autres ministères seront donc touchés par les réductions d’effectifs, comme celui de l’Action et des comptes publics. Le gouvernement compte y supprimer 2 000 postes, a déclaré le secrétaire d’Etat Olivier Dussopt sur BFM, mercredi 12 septembre. Début septembre, Matignon avait aussi demandé au ministère des Sports de prévoir la suppression de 1 600 postes d'ici 2022, une décision qualifiée de "très brutale" par la ministre Roxana Maracineanu.

Cette nouvelle annonce reste cependant délicate pour le gouvernement qui assure régulièrement que l’éducation est sa première priorité budgétaire. En parallèle, Jean-Michel Blanquer a donc annoncé une hausse du budget de l’Education nationale, à hauteur de 850 millions d’euros en 2019, soit une augmentation de 1,7%, "hors augmentation de nos contributions aux pensions de l’Etat", a-t-il précisé.  "C’est l’une des plus importantes augmentations au sein de l’Etat. Le budget 2019 s’inscrit pourtant dans un contexte d’effort général de l’ensemble des pouvoirs publics", a souligné le ministre au Figaro.

Afin de maîtriser son budget, Jean-Michel Blanquer compte également sur la réforme annoncée du lycée et du baccalauréat, qui permettra de mieux répartir les élèves dans les classes : "Nous n’aurons plus des séries littéraires à 15 élèves, et de l’autre côté, des classes scientifiques à 35". Selon le ministre, cette réforme permettrait ainsi "de faire mieux, avec des moyens à peu près comparables".

4Comment réagissent les professeurs à cette annonce ? 

Sur Twitter, le Syndicat des enseignants-UNSA dénonce des suppressions "sonnantes et trébuchantes", tandis que l'Union nationale lycéenne (UNL) décrit une "décision dans une logique comptable, sans concertation, ni discussion"

"L’éducation nationale devait jusqu’ici rester une priorité et on voit bien que ça ne l’est plus", a déclaré Frédérique Rolet, du syndicat Syndicat national des enseignements de second degré (Snes-FSU) sur franceinfo. "On va avoir moins de profs pour plus d’élèves", s’inquiète-t-elle. En abordant le sujet de la réforme du lycée, Frédérique Rolet insiste : "Il est dit qu’il faudra mutualiser les enseignements, donc tout le monde n’aura plus le droit à une offre de formation riche dans tous les lycées. On se doutait donc bien que le second degré serait sacrifié, mais là, on est en train de mentir aux familles et aux élèves".

Le syndicat n'est guère convaincu par le recours aux heures supplémentaires annoncé par le ministre. "Les enseignants travaillent déjà 42h53 par semaine", déplore le Snes-FSU sur Twitter, qui prévoit des "classes encore plus chargées" pour l’année scolaire 2019-2020, malgré les engagements de Jean-Michel Blanquer.

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