Remaniement : qui est Franck Riester, le nouveau ministre de la Culture du gouvernement Philippe ?
De Coulommiers, où a démarré sa carrière politique, aux campagnes présidentielles de Nicolas Sarkozy et François Fillon, en passant par l'Assemblée nationale, franceinfo vous résume l'ascension de cette figure du centre-droit.
A 44 ans, Franck Riester fait son entrée au gouvernement à la faveur du remaniement. L'ancien cadre de l'UMP puis des Républicains, devenu soutien de centre-droit de la majorité présidentielle, a été nommé, mardi 16 octobre, à la tête du ministère de la Culture en remplacement de Françoise Nyssen. L'occasion pour franceinfo de vous présenter ce nouveau ministre.
Engagé très jeune au RPR en Seine-et-Marne
S'il est né à Paris, Franck Riester appartient à une famille de notables implantée de longue date en Seine-et-Marne. Son arrière-grand-père, déjà, était maire de Coulommiers. Diplômé de l'Institut supérieur de gestion et titulaire d'un master de gestion des collectivités territoriales décroché à l'Essec, celui qui se définit comme "chef d'entreprise" travaille dans un cabinet d'audit et de conseil, avant de reprendre l'entreprise familiale de concessions automobiles Peugeot.
Franck Riester attrape très tôt le virus de la politique. Il rejoint le RPR comme militant dès l'âge de 16 ans. En 1995, à seulement 21 ans, il est élu conseiller municipal à Coulommiers sur la liste de son mentor, Guy Drut, ancien athlète de haut niveau et ministre sous Jacques Chirac. Député de la circonscription depuis 1986, Guy Drut lui cède son siège en 2007. Franck Riester est alors l'un des benjamins de l'Assemblée nationale.
Mais entre le vieux chiraquien et le jeune député, les relations deviennent orageuses. Son ancien protecteur le surnomme désormais "Brutus", relate l'agence Reuters. Franck Riester, maire de Coulommiers depuis 2008, se place alors dans l'orbite d'un autre grand élu de Seine-et-Marne, Jean-François Copé, chef de file des députés UMP. A cette époque se fixe son image de franc-tireur de la droite.
Un des rares députés ouvertement homosexuels
En décembre 2011, Franck Riester est la cible d'un opposant local PS peu élégant. Ce dernier évoque la "couverture mixte" du nouveau terrain de sport de Coulommiers et glisse : "Si la couverture est mixte, il ne faudrait pas être gay." Franck Riester réplique en abordant son homosexualité dans Le Pays briard : "Il semblerait que ces allusions m'étaient destinées et cherchaient à m'atteindre. Si c'est le cas, c'est raté car mon homosexualité n'est pas un secret. Je partage ma vie avec mon ami depuis longtemps. Pour autant, je n'ai jamais fait étalage de ma vie privée et continuerai à agir de la même manière."
"A Coulommiers, c’était un secret de Polichinelle", assure Franck Riester un an plus tard dans Libération. "Très jeune, j’ai eu une conscience claire de mon identité sexuelle. Et aucune culpabilité n’a jamais encombré mes désirs. Mais mon idéal social, lui, était hétéro", confie-t-il. A l'Assemblée, le député de Seine-et-Marne prend fait et cause pour le mariage pour tous, donnant une interview au Journal du dimanche, afin d'expliquer pourquoi lui, l'homme de droite, s'engage en faveur de ce projet de loi socialiste. En 2013, il est l'un des deux seuls élus de son camp, avec Benoist Apparu, à voter pour cette réforme "historique" à ses yeux.
Un membre de "la bande du Bellota-Bellota"
Edouard Philippe, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Bruno Le Maire, Franck Riester… Ces cinq hommes sont aujourd'hui membres du gouvernement. Mais il y a quelques années, ils étaient membres de "la bande du Bellota-Bellota", raconte Le Monde. Pendant le quinquennat de François Hollande, ces "ambitieux lieutenants de la droite", comme les désigne le quotidien, se retrouvaient régulièrement au Bellota-Bellota, un restaurant de charcuterie ibérique du 7e arrondissement de Paris. Après l'élection d'Emmanuel Macron, ils ont tous rallié, ou du moins soutenu le nouveau président "ni de droite ni de gauche". Autour de la table, on trouvait aussi Thierry Solère, chef de file des "constructifs" à l'Assemblée.
Un cadre de l'UMP en rupture avec son camp
Figure montante de l'UMP, Franck Riester est adoubé par Nicolas Sarkozy, qui en fait le directeur de campagne du parti présidentiel pour les européennes de 2009. Nommé en 2011 secrétaire national chargé de la communication, il intègre la "cellule riposte", chargée de défendre le bilan du président, rappelle Le Figaro. Il devient l'un de ses porte-parole pour la présidentielle de 2012. Lors de la primaire de la droite en 2016, il soutient Bruno Le Maire, avant de rallier Alain Juppé au second tour.
La campagne électorale de 2017 ouvre un nouveau chapitre dans sa carrière. Face aux affaires qui rattrapent François Fillon, Franck Riester quitte la campagne LR et demande "solennellement" à l'ancien Premier ministre de se retirer de la course à l'Elysée. Entre les deux tours de la présidentielle, il se démarque de la position de son parti, jugeant "irresponsable et dangereux de cautionner le vote blanc", et appelle à voter Macron.
Franck Riester se rabat sur la coprésidence du groupe UDI-Constructifs, soutien de la majorité, avant de créer un parti, Agir, avec d'anciens juppéistes. La formation se veut "de droite, libérale, sociale, pro-européenne, réformiste et humaniste", face à la ligne de Laurent Wauquiez jugée "identitaire, eurosceptique, ultraconservatrice". Lui insiste sur son envie de "servir la France, pas un clan".
"J’ai senti que cela basculait quand j’ai vu Jean-François Copé suivre, à partir de 2012, la stratégie de droitisation, de 'buissonisation' de Nicolas Sarkozy, raconte Franck Riester au Monde. Des digues ont sauté au moment des débats sur le mariage pour tous, puis avec la candidature de François Fillon à la présidentielle. Et enfin le ni-ni exprimé vis-à-vis du Front national et d’Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle en 2017."
"Monsieur Hadopi"
Au Palais Bourbon, Franck Riester s'est déjà frotté aux dossiers qu'il aura à traiter dans son ministère. Il s'y est fait remarquer comme coprésident du Club parlementaire sur l'avenir de l'audiovisuel et des médias et secrétaire de la commission des affaires culturelles. Il y a surtout été rapporteur, en 2009, des deux projets de loi Hadopi. Entre 2009 et fin 2015, il a également siégé au collège de la Haute Autorité. Sa nomination au ministère de la Culture est, aux yeux du Monde, "une reconnaissance pour le travail de longue date qu’il a mené sur les dossiers culturels".
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