"Manuel Valls entre par la fenêtre", "le bal des morts-vivants", "des arrivistes" : à Montreuil, des électeurs de gauche dégoûtés par le nouveau gouvernement

La nomination de personnalités anciennement socialistes dans le gouvernement de François Bayrou, lundi 23 décembre, ne suffit pas à contenter les électeurs de gauche de la commune de Seine-Saint-Denis.
Article rédigé par franceinfo - Manon Lombart-Brunel
Radio France
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L'ancien Premier ministre Manuel Valls arrivant à l'Elysée pour la cérémonie d'investiture d'Emmanuel Macron, le 7 mai 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"On reprend les mêmes et on recommence, et pratiquement les pires", soupire Ouardia, électrice de gauche, devant la mairie de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, lundi 23 décembre, après l'annonce de la composition du gouvernement de François Bayrou. Le Premier ministre a glissé quelques noms d'anciens socialistes dans son équipe, comme Manuel Valls, ancien Premier ministre de François Hollande, désormais ministre des Outre-mer, ou encore François Rebsamen, ministre du Travail en 2014 et 2015, nommé ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation. Pour Ouardia, Manuel Valls "n'a pratiquement jamais été socialiste et il l'est de moins en moins". "Il est entré par la fenêtre", commente une autre habitante de la commune.

Manuel Valls est de retour dans la vie politique française après avoir échoué à prendre la mairie de Barcelone en 2019 et avoir été condamné pour financement illicite de sa campagne. Il avait ensuite raté l'élection dans la cinquième circonscription de Français de l'étranger alors qu'il était investi par La République en marche pour les élections législatives de 2022. "Ce n'est pas une bonne nouvelle, ça fait mal", estime Frédéric, un autre électeur de gauche rencontré à Montreuil. "On aurait voulu des gens de gauche, mais ce n'est pas une personnalité de gauche", souligne-t-il.

Pas de "politique de rupture"

À quelques mètres de là, à la sortie du cinéma, Samuel découvre sur son téléphone le nouveau casting gouvernemental. "C'est le retour des morts-vivants, c'est la nécromancie de la Ve République", s'indigne-t-il. "C'est la merde dans tous les DOM-TOM et ils sortent Manuel Valls, ce n'est pas possible", poursuit-il, se demandant si l'ancien Premier ministre va servir de "fusible" et s'interrogeant sur la pertinence de "mettre quelqu'un que tout le monde déteste à un endroit où il aurait fallu faire quelque chose".

"Personne à gauche qui tient la route ne peut accepter de rentrer dans un gouvernement comme ça."

Ève, électrice de gauche

à franceinfo

Juste à côté de Samuel, Ève acquiesce de la tête. Elle aurait souhaité une "politique de rupture", mais "sait très bien que Macron ne veut pas du tout une politique de rupture". Selon elle, "les seules personnes qui pourraient accepter de rentrer dans un gouvernement comme ça ne feraient pas de vraie politique de rupture".

Un discrédit pour la politique

D'autres sympathisants de la gauche s'inquiètent de l'effet que pourrait avoir un tel casting. "Pour faire progresser le Rassemblement national, c'est parfait", ironise Stéphane. "C'est un petit peu le bal des arrivistes, donc c'est dommage, parce que ça discrédite à fond la politique", ajoute-t-il. Ce nouveau gouvernement ne convainc pas et la plupart de ces électeurs de gauche espèrent bien le voir une nouvelle fois renversé, à l'image du gouvernement Barnier, censuré mercredi 4 décembre. Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a déjà prévenu : "Ce gouvernement n'a qu'un seul avenir : la censure."

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