Politique économique, intermittents du spectacle, Florange : les raisons du départ de Filippetti
La ministre de la Culture ne sera "pas candidate à un nouveau poste ministériel", préférant "la loyauté à ses idéaux" au "devoir de solidarité" gouvernementale.
Aurélie Filippetti a pris les devants. Elle ne fera pas partie du nouveau gouvernement Valls. Dans une lettre adressée à François Hollande et à Manuel Valls, la ministre de la Culture et de la Communication explique, lundi 25 août, qu'elle n'est "pas candidate à un nouveau poste ministériel".
Moins de vingt-quatre heures après les vives critiques du ministre de l'Economie Arnaud Montebourg à l'égard de la politique menée par l'exécutif, le Premier ministre a présenté la démission de son gouvernement. Le président de la République l'a aussitôt chargé d'en former un nouveau. Voici les raisons pour lesquelles Aurélie Filippetti claque la porte.
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La loyauté à ses idéaux de gauche
"Il y a un devoir de solidarité, mais il y a aussi un devoir de responsabilité vis-à-vis de ceux [les électeurs] qui nous ont fait ce que nous sommes. Je choisis pour ma part la loyauté à mes idéaux, écrit Aurélie Filippetti dans sa lettre. Je ne serai donc pas candidate à un nouveau poste ministériel" dans la future équipe de Manuel Valls.
"Depuis deux années, malgré les difficultés, je n'ai jamais manqué à la solidarité gouvernementale ni à la loyauté. Je n'ai jamais fait prévaloir un quelconque intérêt personnel sur l'engagement personnel", souligne-t-elle. "François, je t'ai soutenu dès la primaire de 2011 et j'ai participé ardemment à la campagne de 2012. Manuel, mon amitié ne t'a jamais fait défaut depuis plusieurs années", déclare Aurélie Filippetti, qui a soutenu Manuel Valls pour succéder à Jean-Marc Ayrault.
L'absence de débat sur la ligne politique
"Le débat qui a été ouvert sur la politique économique est salutaire et nécessaire", estime Aurélie Filippetti en référence aux critiques formulées par Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. "Car si nous ne sommes pas les porte-parole des sans-voix, qui le sera ?", s'interroge la ministre sortante. Selon elle, "la réunion des ministres de jeudi dernier à Matignon a été malheureusement à la fois un révélateur et un exemple des raisons qui rendaient indispensable une discussion collective".
Et Aurélie Filippetti de poursuivre sa réflexion : "Au moment où nos concitoyens attendent de nous une politique réaliste mais de gauche, les discussions qui y ont eu lieu furent le tragique contrepied de tout ce pour quoi nous avons été élus. Je l'ai dit lors de cette réunion, faudrait-il désormais que nous nous excusions d'être de gauche ?"
"Aujourd'hui, déplore-t-elle auprès de du couple exécutif, vous avez choisi de clore ce débat pourtant attendu par nos militants et nos électeurs, par beaucoup de nos parlementaires et par les Français." "L'alternative n'est pas entre la loyauté et le départ, estime-t-elle. La question est : 'de quelle loyauté parle-t-on et pourquoi est-on investi d'une responsabilité politique ?'"
La fermeture des hauts fourneaux et la montée du FN
"Ma loyauté a été et demeure sans faille, même lorsqu'il m'a fallu affronter la fermeture des hauts fourneaux de Florange, alors que je m'étais battue comme députée pendant cinq années sous le mandat de Nicolas Sarkozy contre le renoncement politique face à Mittal", écrit encore l'élue de la Moselle.
"Aujourd'hui nos électeurs sont désemparés. Ils nous interpellent, nous attendent, sont dans un désarroi qui les jette dans la désillusion de la politique, ou, pire, dans les bras du Front national comme à Hayange, ville symbole de la Lorraine", poursuit Aurélie Filippetti. "Aujourd'hui, les hauts fourneaux sont éteints. Avec eux beaucoup d'espoirs. Hayange est aux mains d'un maire qui repeint en bleu-blanc-rouge les anciens wagonnets de la mine, et Florange est passée à l'UMP."
Le budget de la Culture et le régime des intermittents
Aurélie Filippetti rappelle aussi sa "loyauté" lorsqu'elle a dû affronter "une baisse sans précédent du budget du ministère de la Culture", et après l'accord concernant le régime des intermittents "pas conforme à [leurs] engagements" et sur lequel elle avait immédiatement "alerté" Jean-Marc Ayrault et François Hollande. "Je t'ai, toi aussi, François, à de nombreuses reprises demandé d'intervenir", écrit-elle à l'adresse du chef de l'Etat.
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