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Industrie, consommation : le cocorico s’installe dans la campagne

"Patriotisme industriel", "acheter français", "produire français", les slogans changent mais tous les candidats ou presque "cocardisent" leur discours industriel alors que l’industrie française a perdu 400 000 emplois en cinq ans.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'appellation "origine France" (FranceTV)

"Patriotisme industriel", "acheter français", "produire français", les slogans changent mais tous les candidats ou presque "cocardisent" leur discours industriel alors que l'industrie française a perdu 400 000 emplois en cinq ans.

François Hollande l'a affirmé devant les ouvriers d'Alstom mercredi 7 décembre, il faut du "patriotisme industriel". François Bayrou parle d'"acheter français". Et le candidat-président, Nicolas Sarkozy, devrait lui aussi aborder ce thème en évoquant le "produire français", dans le discours qu'il doit prononcer mardi à Sallanches (Haute-Savoie), selon Eric Besson.

Des positions qui peuvent être vues comme une réponse aux attaques de Marine Le Pen qui affirmait dimanche : "Français, vous êtes les oubliés, les invisibles (...) quand en 2011 toutes les élites ont les yeux rivés sur l'Union européenne et les cours du CAC 40".

La candidate du Front national demande à "renégocier les traités européens" pour rétablir le contrôle des frontières, "seule solution", selon elle, pour mettre en place une politique de réindustrialisation.

Patriotisme industriel

François Hollande, le candidat socialiste à l'Elysée, a appelé au "patriotisme industriel", à une "véritable union pour le redressement productif" du pays, lors d'une visite en Saône-et-Loire la semaine dernière sur le thème de l'industrie.

"La désindustrialisation n'est pas une fatalité, a-t-il dit. Je veux, pour les cinq ans qui pourraient être ceux de mon mandat, réindustrialiser la France".

"Il y a eu 400 000 pertes d'emplois industriels en France en cinq ans, mais pendant les cinq ans qui viennent, nous allons réindustrialiser la France, augmenter la capacité de production, c'est un véritable enjeu pour notre compétitivité et pour notre balance commerciale", a rappelé M. Hollande devant les ouvriers d'Alstom du Creusot.

La visite était symbolique puisque Nicolas Sarkozy s'était rendu dans cette entreprise lors de sa campagne de 2007.

François Hollande s'était rendu avant Alstom dans l'usine Oléane, rare cas de relocalisation d'une entreprise de haute-technologie. De son côté, Nicolas Sarkozy enfourche le même thème puisque à Sallanches, son choix s'est porté sur l'usine Rossignol-Dynastar, seule usine de skis de France à avoir fait l'objet d'une relocalisation réussie ces derniers mois.

Acheter français
François Bayrou a fait, lui, du "acheter français" et "produire français" le premier thème de sa campagne. Sur France 2, il a plaidé en fin de semaine dernière pour la relance de la production française avec un "label France ".

"Il faut bien faire quelque chose, c'est une question de vie ou de mort", a ajouté le président du Modem qui souhaite vouloir afficher le pourcentage de "made in France" sur les produits. Des idées qui lui ont valu une réplique d'Hervé Morin : "Son slogan 'acheter français', c'est celui du Parti communiste en 1946".

L'idée d'"acheter français", "il faut utiliser l'expression avec tact et modération", a jugé dimanche Eric Besson.

"La France est quatrième exportateur mondial, deuxième exportateur européen, nous ne pouvons pas prétendre vendre des locomotives, des trains, des centrales nucléaires, des avions, des produits de luxe... en donnant l'impression d'être frileux et protectionnistes", a-t-il précisé.

Relocalisation
Le thème du nationalisme industriel n'a pas été utilisé en tant que tel par les écologistes. Ces derniers préférent évoquer la notion de production locale afin de limiter les coûts environnementaux.

Comme le Parti de gauche, ils mettent en avant la nécessité de respecter des règles environnementales dans la production. Ils dénoncent ainsi les pays exportant en France des produits qui ne respecteraient pas ces règles.

Jean-Luc Mélenchon aborde aussi la question des coûts de production. Il réclame "l'harmonisation sociale, l'harmonisation fiscale par le haut" pour empêcher les dumping fiscaux ou sociaux qui facilitent les délocalisations d'entreprises, au sein même de l'Europe.

Taxes "anti-délocalisation"
Les discours se rejoignent aussi sur le coût de la main-d'œuvre jugé souvent trop élevé. Résultat, à droite comme à gauche, on évoque la possibilité de transférer une partie des charges sociales vers des taxes… qui restent à définir.

Le mot "TVA sociale" est mal vu depuis qu'en 2007, elle aurait coûté des voix à l'UMP aux législatives. Le parti présidentiel parle donc d'instaurer une "fiscalité anti-délocalisation" qui ne se résumerait pas à une TVA sociale, mais mixerait plusieurs formes de contributions, selon une recette qui sera définie ultérieurement…

Seule proposition concrète pour l'instant : "Nous proposons un transfert sur 5 ans des allocations familiales vers une fiscalité anti-délocalisation", précise notamment l'UMP.

A gauche, François Hollande, toujours lors de son déplacement chez Alstom, a clairement évoqué la question des charges sociales affirmant "y réflechir". Il a cependant évoqué des pistes comme des financements de la protection sociale via le "capital installé" ou la "pollution". En clair, la taxe carbone.

Enfin, François Bayrou n'a pas écarté une augmentation de la Contribution sociale généralisée (CSG).

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