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Jean-François Copé a été intronisé mercredi à la tête de l'UMP, le parti présidentiel, né de la fusion RPR-UDF-DL

Le bureau politique, instance suprême de l'UMP, s'est réuni en présence du Premier ministre François Fillon, pour entériner sa nomination au poste de secrétaire général, occupé depuis fin 2008 par Xavier Bertrand.Ce vote purement formel -puisqu'il entérinera une nomination décidée à l'Elysée- est imposé par les nouveaux statuts de l'UMP.
Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
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Jean-François Copé arrivant au siège de l'UMP (AFP/Joël Saget)

Le bureau politique, instance suprême de l'UMP, s'est réuni en présence du Premier ministre François Fillon, pour entériner sa nomination au poste de secrétaire général, occupé depuis fin 2008 par Xavier Bertrand.

Ce vote purement formel -puisqu'il entérinera une nomination décidée à l'Elysée- est imposé par les nouveaux statuts de l'UMP.

Ils avaient été "rafraîchis" dans la foulée de l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, afin d'instaurer une direction collégiale à la place de la présidence de l'UMP laissée vacante par le chef de l'Etat.

Depuis lors, le chef de l'Etat suit de près les affaires du parti à l'Elysée, jusqu'à vérifier quasi quotidiennement, selon plusieurs cadres, le compteur des adhésions qui, à 18 mois de la présidentielle, ont reflué à 230.000, alors que M. Bertrand jurait de les porter à 500.000 en 2012.

La nomination de M. Copé, victoire personnelle indubitable pour celui qui ne fait pas mystère de ses visées élyséennes pour 2017, a été arrachée in extremis dimanche au président de la République. Les deux têtes de l'exécutif ont d'ailleurs présidé à la préparation du bureau politique de mercredi. S'il savoure sa conquête de l'UMP, qu'il voit comme un pas de plus vers celle de l'Elysée en 2017, Jean-François Copé devra aussi composer dès son arrivée avec la fronde des héritiers de l'ex-UDF, contre la "RPRisation" de l'exécutif et du parti.

Le dernier remaniement gouvernemental a effectivement fait tomber quelques têtes ou sévèrement déçu les espoirs d'autres, au sein des deux courants (sociaux et libéraux) de la famille centriste. Jean-François Copé, lui, a promis qu'il n'y aurait pas de "chasse aux sorcières" à l'UMP, en appelant à l'"union sacrée" pour 2012.

Dans un premier geste d'apaisement, avant même sa nomination, il a proposé dès mardi à deux ministres congédiés, le centriste social Marc-Philippe Daubresse et le "libéral" Hervé Novelli (venu de l'extrème-droite), de le seconder (les deux ont accepté). Et c'est au groupe UMP à l'Assemblée, dont il abandonne la présidence, que M. Copé a "symboliquement" réservé la primeur des "grandes lignes" de son projet pour l'UMP.

Premier geste fort du patron de l'UMP: il a décidé d'abandonner ses fonctions d'avocat d'affaires, un cumul qui avait fait l'objet de nombreuses critiques. "Compte tenu de la charge de travail que constitue le secrétariat général et des nombreux déplacements que j'effectuerai à travers la France, j'ai décidé de quitter mes fonctions au sein du cabinet d'avocats, une fois passé le délai de prévenance", a-t-il déclaré à la presse.

Copé, le Sarkozy de Sarkozy ?

Né à Boulogne-Billancourt le 5 mai 1964, dans une famille de juifs roumains côté paternel, de famille maternelle sépharade débarquée d'Algérie de l'autre, Jean-François grandit dans le 8e arrondissement de Paris. Sciences-Po puis l'Ena... Lui qui, à 7 ans, affiche fièrement une photo du gouvernement Pompidou au-dessus du lit, adhère tout naturellement au RPR.

En 1995, il reste fidèle jusqu'au bout à Jacques Chirac contre Edouard Balladur. Dans la foulée de la présidentielle, ce suppléant de Guy Drut devient député de Seine-et-Marne mais est battu en 1997 par la fameuse dissolution. Sa dernière défaite à ce jour.

Revenu dans le jeu en 2002, il connaît un joli parcours gouvernemental -Relations avec le Parlement, ministre délégué à l'Intérieur puis Budget- sans jamais occuper de portefeuille régalien.

Dans l'euphorie de la victoire en 2007, Nicolas Sarkozy le vire du gouvernement et veut le neutraliser en en faisant le président du groupe UMP. Jean-François Copé va en faire une machine de guerre, s'inspirant de celui dont il brigue la place à l'Elysée. Chantre autoproclamé de "l'hyper-Parlement", il entend imposer sa "coproduction législative" à l'exécutif.

En 2007, l'ancien bébé Chirac se met définitivement à son compte. Il dévoile ses visées élyséennes pour 2017 et lance des initiatives tous azimuts à la tête de son club politique, Génération France.

Maire de Meaux et patron des députés UMP, il était également avocat dans le grand cabinet d'affaires parisien Gide&Loyrette qui conseille de grandes sociétés. Dans son livre Pour en finir avec les conflits d'intérêts, Martin Hirsch soulignait à quel point ce mélange des genres pouvait être considéré comme choquant, Jean-François Copé refusant aussi bien de révéler ses honoraires que le nom de ses clients.

A la tête de l'UMP, l'ambitieux devrait chercher à mettre le parti en ordre de marche, pour servir au mieux ses intérêts. Comme l'avait fait un certain Nicolas Sarkozy...

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