Mort de Jean-Marie Le Pen : François Bayrou vivement critiqué pour avoir évoqué les "polémiques" d'une "figure de la vie politique"

Le Premier ministre s'est attiré les foudres de la gauche, pour qui sa réaction après la disparition du fondateur du Front national est trop laudatrice. Au centre et à droite, quelques voix se sont élevées pour dénoncer ces propos.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
François Bayrou, Premier ministre, au palais de l'Elysée, à Paris, le 3 janvier 2025. (FRANCOIS PAULETTO / HANS LUCAS / AFP)

C'est une réaction qui ne passe pas. Plusieurs responsables de gauche ont dénoncé mardi 7 janvier les mots choisis par François Bayrou pour évoquer la mort de Jean-Marie Le Pen, à l'âge de 96 ans. "Au-delà des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond, JM Le Pen aura été une figure de la vie politique française. On savait, en le combattant, quel combattant il était", a déclaré sur X le Premier ministre, qui a affronté le leader d'extrême droite aux élections présidentielles de 2002 et 2007.

Les réactions outrées n'ont pas tardées à fleurir sur le même réseau social. "Jean-Marie Le Pen est mort. Ce n'était pas juste 'une figure de la vie politique française' comme réagit François Bayrou. Le respect pour les défunts ne doit pas conduire à la cécité sur son parcours. Jean-Marie Le Pen était un raciste et antisémite notoire, adorateur de Pétain et un tortionnaire en Algérie", a écrit la cheffe de file des eurodéputés de La France insoumise, Manon Aubry.

Jean-Marie Le Pen, "un nostalgique du régime de Vichy"

"Le racisme, la haine des musulmans, l'antisémitisme ne sont pas des polémiques. Ce sont des délits punis par la loi", a fustigé le député LFI Paul Vannier. "C'était un raciste. Un antisémite. Un colonialiste. Un nostalgique du régime de Vichy. Un antiféministe... Un multirécidiviste qui a fondé le FN avec des SS. Pas une figure de la vie politique française", a appuyé le secrétaire général du Parti socialiste, Pierre Jouvet.

"Il n'est pas question de polémiques, mais de condamnations pour des propos racistes, antisémites et négationnistes", a pour sa part estimé le porte-parole du Parti communiste français Ian Brossat, qualifiant de message du Premier ministre de "pathétique". "Et pourquoi ne pas rendre hommage à Hitler pendant que vous y êtes ?", a lancé l'élue LFI Ersilia Soudais. "Jean-Marie Le Pen n’était pas un simple polémiste. (…) Il n’est pas certain que le décès de Jean-Marie Le Pen nécessitait un 'hommage' public du Premier ministre de la République française", a estimé Guillaume Lacroix, président du Parti radical de gauche.

Des critiques au-delà de la gauche

Les critiques ont dépassé les rangs de la gauche. "A vouloir être trop centré sur soi et celle qui tient la corde du pendu, on réécrit l’histoire en 'polémiques' là où il s’agit de scandales et de condamnations judiciaires", a pointé le député Les Républicains Julien Dive. L'ex-ambassadeur Gérard Araud, ancienne figure de la diplomatie française, a quant à lui considéré que les propos de Jean-Marie Le Pen ne relevaient pas de "polémiques" mais de "déclarations intentionnellement racistes, négationnistes et antisémites", pour lesquelles le fondateur du Front national a été condamné à de multiples reprises. 

François Cormier-Bouligeon, député Ensemble pour la République (ex-Renaissance), qui a fait du combat contre le FN son engagement en politique, explique auprès de franceinfo qu'il "ne partage pas" les mots de François Bayrou : "S'il pense assurer la stabilité de son gouvernement avec ce genre de message, il commet une erreur politique. Cela aurait mérité un paragraphe supplémentaire pour dire qu'il a porté des idées nauséabondes, anti-démocratiques, antisémites et racistes. Il faut qualifier les choses."

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.