Mort de Jean-Marie Le Pen : un "visionnaire" pour l'extrême droite, "un fasciste d’un autre temps" pour la gauche

Les premières réactions politiques à la mort du fondateur du Front national émanent de l'extrême droite française, qui salue "un tribun du peuple". À gauche, si on évoque "le respect de la dignité des morts et du chagrin", on n'oublie pas les "idées" et les "actes".
Article rédigé par franceinfo
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Jean-Marie Le Pen, le 14 janvier 2021. (JOEL SAGET / AFP)

Jean-Marie Le Pen, chef de file historique de l'extrême droite française, est mort mardi 7 janvier à l'âge de 96 ans à Garches (Hauts-de-Seine), dans un établissement où il avait été admis il y a plusieurs semaines. Le fondateur du Front national, devenu Rassemblement national, s'était peu à peu retiré de la vie politique à partir de 2011, lorsque sa fille Marine Le Pen avait repris la présidence du parti. 

Il était une "figure historique de l'extrême droite" dont le "rôle dans la vie publique de notre pays pendant près de soixante-dix ans (...) relève désormais du jugement de l'Histoire", a déclaré l'Élysée dans un communiqué. Le président de la République "exprime ses condoléances à sa famille et ses proches". 

L'extrême droite rend hommage au visionnaire

Jordan Bardella : "Engagé sous l’uniforme de l’armée française en Indochine et en Algérie, tribun du peuple à l’Assemblée nationale et au Parlement européen, il a toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté, écrit le président du Rassemblement national sur X. Je pense aujourd’hui avec tristesse à sa famille, à ses proches, et bien sûr à Marine dont le deuil doit être respecté".

Éric Zemmour"Jean-Marie Le Pen est mort. Par-delà les polémiques, par-delà les scandales, ce que nous retiendrons de lui dans les prochaines décennies, c'est qu'il fut parmi les premiers à alerter la France des menaces existentielles qui la guettaient", retient le président de Reconquête. "Il restera la vision d'un homme, et son courage, à une époque où les hommes courageux n'étaient pas si nombreux", salue-t-il sur X.

Gilbert Collard : "Il fait partie des derniers géants qui s'en vont. Je crois que c'est le dernier", a estimé sur franceinfo l'ancien député FN. "Je ressens une tristesse humaine et historique", a-t-il expliqué, évoquant "un personnage d'une dimension verbale, oratoire, polémique et politique indiscutable". "Nous n'avons plus d'homme de cette trempe historique", a poursuivi l’ancien député du Gard, parlant d'une "solitude historique dans laquelle la France se trouve maintenant".

Thomas Ménagé : "Pupille de la Nation, militaire, député, Jean-Marie Le Pen nous a quittés. Précurseur du mouvement national, il a dénoncé avant tout le monde le chemin que prenait la France et avait annoncé les difficultés auxquelles elle est aujourd’hui confrontée, souligne sur X le député Rassemblement national et porte-parole du groupe RN à l'Assemblée nationale. Nous mesurons ce que nous lui devons. Toutes mes pensées et mon affection pour ses filles, particulièrement pour Marine Le Pen et l’ensemble de ses proches."

La droite et le centre évoquent une "figure de la vie politique"

François Bayrou : "Au-delà des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond, Jean-Marie Le Pen aura été une figure de la vie politique française, souligne sur X le Premier ministre centriste. On savait, en le combattant, quel combattant il était."

Bruno Retailleau : "Aujourd’hui, une page de l’histoire politique française se tourne, écrit le ministre de l'Intérieur. Quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir de Jean Marie Le Pen, il aura incontestablement marqué son époque. J’adresse toutes mes condoléances à Marine Le Pen et à ses proches."

Éric Ciotti : "Avec Jean-Marie Le Pen s’éteint une part de l’histoire politique de la Ve République", réagit le président de l'Union des démocrates pour la République, dans un communiqué. "Il était un homme politique au parcours jalonné de zones d’ombre, mais aussi de courage, d’intuitions puissantes et de patriotisme sincère", poursuit l'ex-député LR, allié du RN sur les bancs de l'Assemblée. "Bien que son combat politique ait été durablement entaché par ses outrances et ses dérapages, il a été un lanceur d’alerte précurseur sur l’immigration de masse et ses ravages". Éric Ciotti "appelle la classe politique à ne pas sombrer dans l’outrance vis-à-vis de sa famille qui a le droit comme chaque famille française a une période de deuil dans le respect de sa dignité et de son intimité. Jean-Marie Le Pen était profondément français. Il aimait passionnément la France et l’avait servie, y compris sous les drapeaux", rappelle le député des Alpes-Maritimes.

Nicolas Dupont-Aignan : "Jean-Marie Le Pen est mort. Un monument de la vie politique française disparaît, commente le président de Debout la France et ancien député. Au-delà des polémiques, il aura marqué son temps par la force et la constance de ses convictions nationales. Affectueuses pensées à ses filles et à tous ceux qui l’ont aimé."

À gauche, le combat contre ses idées prime

Ian Brossat : Le député communiste de Paris réagit en deux phrases sur X : "Restent ses idées nauséabondes. Combattons-les, sans relâche."

Jean-Luc Mélenchon : "Le respect de la dignité des morts et du chagrin de leurs proches n'efface pas le droit de juger leurs actes. Ceux de Jean-Marie Le Pen restent insupportables, écrit le leader insoumis sur X. Le combat contre l'homme est fini. Celui contre la haine, le racisme, l'islamophobie et l'antisémitisme qu'il a répandus, continue."

François Ruffin : "Les amis de Vichy et la torture en Algérie. Le FN fondé avec des Waffen SS, les 'Durafour crématoire' et les 'points de détail de l'histoire'. Un fasciste d’un autre temps s’en est allé, a écrit sur X le député. Mais laisse derrière lui des héritiers, très actuels. Qui, aujourd'hui, honorent le 'tribun' et le 'serviteur de la France'. Jean-Marie Le Pen est mort, ses idées racistes restent à combattre."

Louis Boyard : "Jean-Marie Le Pen est mort. Il ne mérite aucun hommage. Toute sa vie il a craché sur les exilés, les femmes, les personnes musulmanes, juives, LGBT. Nos pensées doivent aller vers les personnes qu’il a haïes. Continuons le combat pour que son idéologie le suive dans sa tombe."

Philippe Poutou : "C’est dingue, les vœux ça marche ! L’année 2025 ne commence pas trop mal avec cette bonne nouvelle de la mort de Le Pen, un raciste, un colonialiste, un facho, un tortionnaire, un assassin, un homophobe, etc… Mais ça ne change rien au combat antifasciste unitaire à mener d’urgence."

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