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Des UMP réclament un droit d'inventaire du quinquennat de Sarkozy

De plus en plus de voix s'élèvent au sein du parti pour faire le bilan, parfois négatif, de la précédente législature.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'ancien président Nicolas Sarkozy quitte La Mutualité, à Paris, après avoir salué ses partisans, au soir de son échec à l'élection présidentielle, le 6 mai 2012. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Plus d'un mois après la prestation très commentée de Nicolas Sarkozy devant le parti, le 8 juillet, plusieurs personnalités de l'UMP se sont démarquées en réclamant un droit d'inventaire de son quinquennat. Toutefois, elles prennent soin de ménager celui qui reste la figure la plus populaire à droite.

Hervé Mariton, Gérald Darmanin, Patrick Devedjian ou Laurent Wauquiez sortent du bois au cœur de l'été avec une préoccupation : dire haut et fort qu'il est temps de procéder à "l'inventaire" du précédent quinquennat pour mieux se préparer au prochain. Un inventaire, il est vrai, réclamé avant eux par les anciens Premiers ministres Jean-Pierre Raffarin et surtout François Fillon

"On n'a pas redonné un vrai souffle"

Le plus virulent, en ce mois d'août, est sans conteste Laurent Wauquiez, fondateur du courant de la Droite sociale à l'UMP, qui se pose en ardent défenseur des classes moyennes et pourfendeur de "l'assistanat". Dans une interview au Point daté du 15 août, l'ancien ministre dresse un bilan quasi exhaustif de ce qui, à ses yeux, est à mettre à l'actif ou au passif de la décennie écoulée durant laquelle la droite a exercé le pouvoir. "Evitons que l'inventaire ne serve à instruire une espèce de procès stalinien de Nicolas Sarkozy", ajoute-t-il, alors que l'ancien président reste, de sondage en sondage, le préféré des sympathisants UMP.

A quelques jours de sa propre rentrée politique, prévue le 18 août, avec l'ascension, en compagnie de parlementaires de son courant, du Mont Mézenc, dans le Massif central, l'ambitieux député-maire du Puy-en-Velay, ne mâche pas ses mots : "En dix ans, on a sans doute amélioré le fonctionnement du pays mais on n'a pas redonné un vrai souffle, ni interrompu la menace du déclin".

"Chape de plomb"

Dans la colonne du "positif", il range la défense de la laïcité, la gestion de la crise économique ou encore "plusieurs réformes majeures" (service minimum, universités, investissement d'avenir). La liste des échecs est plus longue : maintien des 35 heures, "dérives de l'assistanat", "rafales de normes administratives", rigidités du droit du travail, TVA sociale arrivée trop tard... Hervé Mariton, député de la Drôme et délégué général du projet de l'UMP, évoque, lui, des "erreurs". Son collègue du Nord, Gérald Darmanin, proche de Xavier Bertrand, parle d'"une chape de plomb".

Sans entrer dans les détails, Patrick Devedjian, député des Hauts-de-Seine, affirme, dans le Figaro du 13 août, que "sans inventaire, l'UMP laisse la gauche libre de caricaturer [son] bilan" : faute de ce travail "essentiel", "nous nous condamnons à la paralysie ou à la politique du perroquet", dit-il. "Le droit d'inventaire, pourquoi pas, à condition de ne pas en profiter pour faire le procès d'un homme. Nous avons gagné ensemble en 2007, Nicolas Sarkozy n'a pas perdu seul en 2012 !", s'exclame Rachida Dati, vice-présidente de l'UMP.

"L'autoflagellation mène au suicide collectif"

"Sur le long terme, ils ont raison. Le mot 'défaite' n'a toujours pas été prononcé et cette absence de remise en cause du quinquennat de Nicolas Sarkozy conduit à des distorsions extrêmement fortes à l'UMP car les choses ne sont pas dites", analyse Jean-Daniel Lévy, directeur du département politiique et opinions chez Harris Interactive. Le politologue note toutefois que "ceux qui prennent la parole, soit ont été malmenés par Sarkozy, comme Devedjian, Raffarin, soit profitent de l'absence des ténors du parti" en plein été. 

"Attention", met en garde Geoffroy Didier, fondateur de la Droite forte, premier courant, très sarkozyste, de l'UMP : "En politique, l'autoflagellation mène au suicide collectif". "L'inventaire divise, ne nous trompons pas de débat", renchérit le sénateur des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi.

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