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La candidate écologiste, Eva Joly, est visée par plusieurs plaintes en diffamation

L'ancien ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua, a annoncé jeudi 5 janvier qu'il avait porté plainte en diffamation contre Eva Joly. Ce n'est pas la première fois que la la candidate des écologistes est visée par ce type de plaintes. Rappel.
Article rédigé par Adrian Buffel
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Eva Joly (AFP)

L'ancien ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua, a annoncé jeudi 5 janvier qu'il avait porté plainte en diffamation contre Eva Joly. Ce n'est pas la première fois que la la candidate des écologistes est visée par ce type de plaintes. Rappel.

Charles Pasqua, ancien ministre de l'Intérieur, a annoncé jeudi qu'il avait porté plainte en diffamation contre la candidate des écologistes, Eva Joly. Connaisseuse du droit, elle fait pourtant l'objet de plusieurs plaintes.

La plainte de M. Pasqua vise des propos qu'a tenu l'ancienne juge d'instruction le 11 novembre dernier sur France Inter, alors qu'elle débattait avec le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino. Elle avait désigné l'ancien ministre de l'intérieur de "criminel".

Ce n'est pas la première fois que Charles Pasqua et Eva Joly s'opposent. La dernière fois, c'était en 2001 dans le cadre de l'affaire Elf, dans laquelle M. Pasqua avait été mis en examen, avant de bénéficier d'un non-lieu.

Marine Le Pen, "héritière d'un tortionnaire"

En décembre 2011, le président d'honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen, a annoncé une plainte en diffamation contre la candidate EELV à la présidentielle.

Eva Joly ripostait aux attaques de Marine Le Pen qui l'avait accusée de tenir des positions "francophobes". Sur Europe 1, elle déclare : "ce n'est pas à la fille héritière de milliardaire, héritière d'un parti, héritière d'un tortionnaire en Algérie, de décider qui est Française ou pas".

"Dans une campagne, il faut savoir distinguer ses alliés et ses adversaires"

En juin 2011, en pleine primaire écolo, Eva Joly est en retard dans les sondages face à Nicolas Hulot. Elle se fait plus agressive et dénonce les relations que l'animateur télé entretient avec l'ancien ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo. Même si les propos n'entrent pas dans le domaine de la diffamation, ils n'en restent pas moins vindicatifs.

"Dans une campagne, il faut savoir distinguer ses alliés et ses adversaires", lance-t-elle. "Jean-Louis Borloo est le meilleur élève de Nicolas Sarkozy. Il a soutenu le bouclier fiscal et signé les décrets d'autorisation d'exploration des gaz et pétroles de schiste. Moi je sais que je ne peux faire alliance qu'avec la gauche".

La députée européenne affirmait qu'il y avait une "réelle différence" entre elle et M. Hulot. "Vous avez entendu Jean-Louis Borloo protester quand Nicolas Sarkozy a dit que l'écologie ça commence à bien faire ? Moi je sais faire la différence entre les éléments d'amitiés et les éléments d'alliances".

Patrick Ollier "préside l'amitié franco-libyenne"

En mars 2011, le ministre des relations avec le Parlement (UMP), Patrick Ollier, a annoncé qu'il portait contre l'eurodéputée écologiste Eva Joly. Celle-ci l'avait accusé d'avoir favorisé des ventes d'armes en Libye.

Un peu plus tôt, elle avait déclaré à Marseille à l'égard du ministre : "Il préside l'amitié franco-libyenne au Parlement en France" et "a effectué une vingtaine de voyages d'amitié avec le président Kadhafi et ces voyages ont été suivis de ventes d'armes. Des armes qui aujourd'hui tirent sur les foules."

Entendue durant le mois de septembre par la brigade criminelle de Marseille, Eva Joly a dénoncé la disproportion des moyens engagés dans cette procédure

David Douillet, "détenteur de comptes au Liechtenstein"

En septembre 2009, l'ancienne juge d'instruction avait déclaré que le champion de judo devenu homme politique, David Douillet, était "l'heureux détenteur de comptes au Liechtenstein", lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale sur la lutte contre les paradis fiscaux.

Cette déclaration, rendue publique par France Inter, était intervenue alors que l'ancien judoka était en campagne pour l'élection législative partielle dans la 12e circonscription des Yvelines. Il avait immédiatement porté plainte pour diffamation.

Eva Joly comparaîtra devant le tribunal correctionnel. La candidate d'Europe Ecologie-Les Verts est finalement condamnée en 2011 à 1 000 euros d'amende avec sursis, 1 euro de dommages et intérêts, et 3 000 euros au nom des frais de justice pour avoir diffamé le ministre des Sports David Douillet.

Eva Joly a bâti sa carrière de magistrate sur la lutte contre la corruption

Eva Joly n'est pas une professionnelle de la politique. Elle a fait ses premières armes en tant que juge d'instruction au pôle financier du palais de justice de Paris et a conduit des dossiers très médiatisés comme l'affaire Elf. Elle incarne une sorte d'icône de la justice prête à tout pour conduire en prison les puissants.

Interrogée sur la question du langage d'Eva Joly, Hélène Flautre, députée européenne et chargée des Droits humains et des affaires internationales dans son équipe, avait concédé en décembre 2011 que son langage pouvait "poser problème".

"Le pari de sa candidature, c'est de dire que son langage constitue une forme de fragilité et d'authenticité, avait-elle expliqué. Elle n'a pas la langue codée, mais ça peut lui permettre de se faire entendre auprès d'une population imperméable à l'engagement politique".

Un positionnement qui en agace plus d'un, probablement parce qu'il gêne et bouscule.

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