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La candidature d’Eva Joly a été plusieurs fois remise en cause par ses propres soutiens

Eva Joly a dû composer tout au long de sa campagne avec les doutes et les critiques des cadres d'Europe Ecologie - Les Verts, et même parmi ses proches. Un jeu de petits tacles entre amis relancé par Yves Cochet jeudi 12 avril.
Article rédigé par Adrian Buffel
France Télévisions
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Eva Joly à Paris le 5 avril (THOMAS SAMSON / AFP)

Eva Joly a dû composer tout au long de sa campagne avec les doutes et les critiques des cadres d'Europe Ecologie - Les Verts, et même parmi ses proches. Un jeu de petits tacles entre amis relancé par Yves Cochet jeudi 12 avril.

Les camarades écologistes d'Eva Joly n'auront décidément pas été tendres avec Eva Joly pendant sa campagne, ne lui épargnant ni leurs doutes, ni leurs critiques. A croire que se tacler entre amis est une habitude chez les écologistes.

Dernier en date, Yves Cochet, figure d'Europe Ecologie - Les Verts, a annoncé jeudi 12 avril dans LeMonde.fr qu'il serait absent à son meeting le 18 avril prochain à Paris, critiquant la campagne de l'ancienne magistrate.

Selon le député européen, ce geste est "le symbole de son humeur critique vis-à-vis d'une campagne dont - comme en 2007 et avec la même impuissance de ma part à changer quoi que ce soit - tout indiquait depuis longtemps qu'elle serait un indéniable échec".

En mars sur France Info, Noël Mamère s'était même interrogé sur "l'intérêt" de sa candidature, craignant que celle-ci affaiblisse le candidat socialiste et ne remettre en cause l'avenir des circonscriptions réservées à EELV par l'accord signé avec le Parti socialiste.

Début janvier, Daniel Cohn-Bendit avait déclaré sur RMC qu'il pourrait être tenté de voter pour le candidat socialiste, et non pour Eva Joly, s'il était citoyen français.

"Quand on voit la montée de Marine Le Pen, il est bien possible aussi qu'au dernier moment je vote utile. Et pour moi c'est François Hollande", avait estimé le député européen.

En novembre, Yannick Jadot quittait ses fonctions de porte-parole auprès d'Eva Joly, en raison d'un désaccord sur la ligne politique de la candidate.

Même Nicolas Hulot refuse de dire s'il votera pour Eva Joly et se contente de pencher pour les intérêts de la "planète". Un positionnement que les écologistes n'apprécient que moyennement.

Coups bas et mea culpa

En réponse à ce flot de critiques issues de son propre camp, l'ancienne magistrate a assuré qu'elle "ne baissera pas les bras" et qu'elle "irait jusqu'au bout".

Plus encore, Eva Joly s'est rendue compte au cours de cette campagne que les amitiés politiques ne sont aussi simples qu'on le croirait, au point d'en faire une confidence.

"Je ne m'accommode pas des mœurs du milieu politique où il faut davantage se méfier de ses amis que de ses ennemis", a-t-elle déclaré lors de son meeting à Bordeaux.

De leur côté, les "fautifs" ont fait leur mea culpa. Le maire de Bègles, Noël Mamère, a ainsi "plaidé coupable" devant l'ancienne magistrate, reconnaissant un moment de "découragement".

Une manière pour lui d'afficher l'unité du parti avant le scrutin. "J'ai dit une bêtise", s'est excusé l'ancien candidat à la présidentielle.

Même exercice pour Daniel Cohn-Bendit. Le député européen a renouvelé son soutien à la candidate après son écart. "Notre candidate va, dans cette période de débat présidentiel, démontrer que c'est par l'Europe que nous allons arriver à trouver des solutions à la crise, a-t-il fait savoir, lors du meeting de Roubaix en février. C'est pour cela que la candidature d'Eva Joly est utile."

Quid des amis socialistes ?

Car le vote utile constitue là toute la problématique de la candidature d'Eva Joly. La candidate écologiste se voit coincée entre une "gauche molle" et une "gauche folle" et peine à trouver un espace politique.

L'accord PS-EELV apporte un soutien tacite à la candidature de François Hollande et réserve une soixantaine de circonscriptions aux écologistes pour les élections législatives. Mais en contrepartie, il conduit les militants EELV, soucieux de voir la gauche gagner à la présidentielle, à choisir de voter utile.

L'accord PS-EELV, un cadeau empoisonné pour Eva Joly ? Qu'à cela ne tienne, l'entente cordiale est restée entre amis de gauche lors de l'émission "Des paroles et des actes" mercredi 11 avril sur France 2.

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