La France reporte "jusqu'à nouvel ordre" la livraison du premier Mistral à la Russie
"Je prendrai ma décision en dehors de toute pression, d'où qu'elle vienne et en fonction de deux critères, les intérêts de la France et l'appréciation que j'ai de la situation" avait affirmé François Hollande dimanche dernier au sommet de Brisbane.
Deux jours plus tôt, la Russie avait accentué sa pression sur la France, lui donnant deux semaines pour livrer le premier porte-hélicoptère en la menaçant de "sérieuses réclamation s" financières. Mais aujourd'hui le vice-ministre de la Défense russe Iouri Borissov assure que son pays ne va pas "pour l'instant" poursuivre la France en justice et espère que le contrat sera honoré.
Un bras de fer à un milliard d'euros
La vente à la Russie des deux navires "Mistral" est estimée à 1,2 milliard d'euros. Décidée en 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, elle s'est transformée en un imbroglio diplomatico-militaire, depuis que François Hollande a décidé début septembre de lier la livraison des navires à un règlement politique de la crise ukrainienne.
Le 16 octobre, il avait déclaré que le respect du cessez-le-feu ukrainien restait l'une des conditions essentielles pour la livraison des "Mistral". Or depuis l'entrée en vigueur le 5 septembre de ce cessez-le-feu, l'armée ukranienne estime à 150 le nombre de soldats tués par les forces russes.
Un refus de livrer les navires au delà d'une date butoir jusqu'ici tenue secrète pourrait obliger la France à dédommager l'Ukraine.
Dans l'opposition, les tergiversations du gouvernement sur la question du Mistral entraînent de nombreuses critiques. Thierry Mariani estime ainsi que "si on attend la paix pour prendre une décision, le mandat de François Hollande sera déjà terminé".
Mais certains comme Benoît Apparu se rallient à la décision du Président, estimant qu'il s'agit d'une*** question de principe. "On ne peut pas livrer un bateau de guerre à ceux qui sont à l'origine de ce qui se déroule en Ukraine"* a expliqué le député UMP de la Marne.
A Saint-Nazaire, sur le chantier STX, responsable de l'assemblage des "Mistral", cet énième report de la livraison du premier navire suscite peu de réactions. Pour la direction, l'important est que le travail continue sur le second navire. Les salariés, eux sont davantage préoccupés par les rumeurs de rachat par un goupe italien qui entourent STX.
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