La Ligue des droits de l'homme privée de local à Hénin-Beaumont, "une décision de caporal autoritaire"
Le nouveau maire FN de cette commune du Pas-de-Calais, Steeve Briois, a mis fin à la subvention et au prêt de local dont bénéficiait l'association. Contacté par francetv info, le président de la Ligue des droits de l'homme se dit "scandalisé".
Le FN règle-t-il ses comptes avec ses adversaires ? Steeve Briois, nouveau maire Front national d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), a décidé de priver la Ligue des droits de l'homme (LDH) de sa subvention ainsi que du local municipal qui avait été mis à sa disposition.
"La Ligue des droits de l'homme est une association politisée", explique mardi 8 avril l'élu FN à France Info. "Elle n'a eu de cesse pendant la campagne électorale de dire tout le mal qu'elle pensait de nous. Alors on coupe les liens. Point final", assume Steeve Briois. Dans un communiqué diffusé mardi après les révélations de France Info, le maire d'Hénin-Beaumont justifie sa décision en invoquant une subvention et un prêt de local à la LDH "totalement illéga[ux]". Steeve Briois se réfère à un arrêt pris le 28 octobre 2002 par le Conseil d'Etat (voir l'arrêt ici), ayant donné raison à un habitant de Draguigan (Var) dans une affaire du même type visant la Licra.
"Steeve Briois, en bon soldat, a appliqué la consigne" de Marine Le Pen, estime Pierre Tartakowsky, président de la LDH, interrogé par francetv info.
Francetv info : Etes-vous surpris par la décision du maire d'Hénin-Beaumont ?
Pierre Tartakowsky : Je suis scandalisé pour des raisons qui tiennent à l'exercice de la démocratie, mais surpris, pas du tout. Entre les deux tours des élections municipales, Marine Le Pen avait très clairement prévenu qu'il fallait "mettre les associations au pied du mur'" On sait désormais que ce "au pied du mur" signifie hors les murs. Steeve Briois, en bon soldat, a appliqué la consigne.
Steeve Briois justifie l'arrêt de la subvention et de la mise à disposition du local à la LDH par votre engagement contre le Front national…
Il a tout à fait raison. Nous sommes une association citoyenne, nous sommes hostiles au Front national, nous ne l'avons jamais caché. C'est ce qui s'appelle le libre exercice de la contradiction démocratique. En nous adressant ce reproche, qui est une sorte d'hommage du vice à la vertu, le maire d'Hénin-Beaumont dépeint sa vision de la démocratie, qui consiste à donner la parole aux gens qui ne feraient pas de politique et qui seraient uniquement d'accord avec le FN. C'est un programme intéressant pour la France...
Pour autant, un conseil municipal peut choisir les associations qu'il soutient ou non…
Il en a parfaitement le droit, c'est exact. C'est intéressant de constater que c'est le premier droit que Steeve Briois met en œuvre, pour quelqu'un qui s'était présenté comme le défenseur prioritaire et inconditionnel des droits et des déshérités. On attend avec intérêt les autres mesures pour les déshérités... Ce que je constate, c'est que l'usage de droits pour monsieur Briois, c'est un usage qui se retourne contre le droit et la démocratie.
Depuis quelques jours, nous recevons des adhésions de la part de citoyens accompagnées de petits mots sur lesquels il est simplement écrit "c'est pour Hénin-Beaumont". On va continuer. Il faut appeler les personnes que ce type de procédure antidémocratique inquiète à rejoindre la Ligue des droits de l'homme à Hénin-Beaumont et ailleurs. Nous dénoncerons ces mesures de caporal autoritaire, comme celle qui a été prise par Steeve Briois. Nous continuerons d'être vigilants, c'est une affaire de bonne santé démocratique.
Un reportage de France 3
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