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Le gouvernement promet de faire "évoluer" la réforme des retraites, d'ici septembre

Le président de la République, qui devait arbitrer aujourd'hui le projet de réforme des retraites, a demandé au ministre du Travail, Eric Woerth, de proposer des "évolutions" au texte d'ici septembre. Une annonce qui tombe à pic pour désamorcer la grogne sociale qui pointe.
Article rédigé par franceinfo
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Comment faire accepter une réforme dure, leçon deux. Chapitre un : faire mine de lâcher du lest au bon moment. L'Elysée a annoncé ce soir que le président de la République avait demandé au ministre du Travail, Eric Woerth, d'étudier des “évolutions qui pourraient être envisagées” au projet de réforme des retraites d'ici septembre. Elles pourront porter, précise-t-on, sur des questions de pénibilité, sur les carrières longues et sur la situation des personnes relevant de plusieurs régimes retraites, désignés sous le vocable peu glamour de “polypensionnés”.

Il s'agit, selon la version officielle, de prendre en compte les suggestions des partenaires sociaux, qui avaient jusqu'à aujourd'hui pour exercer une sorte de droit de “respectueuses remontrances” sur le texte.
_ Mais en fait, pour l'instant, rien ne change. Le communiqué de l'Elysée le précise : dans l'immédiat, le texte ne bouge pas d'une virgule. Si d'éventuelles modifications sont introduites, elles le seront avant le débat parlementaire en septembre, mais en attendant, tout reste en l'état. Ce sera le texte actuel qui sera présenté en Conseil d'Etat, puis en Conseil des ministres le 13 juillet.

LE CHAUD ET LE FROID

Pourquoi attendre autant ? Parce que, selon les syndicats, ce qui compte aujourd'hui pour le gouvernement, ce ne sont pas tant les modifications elles-mêmes, que les effets qu'auront l'annonce de ces modifications. Il espère bien en faire un boulet lancé dans les jambes des futurs manifestants du 24 juin. En laissant planer la possibilité de concessions, il se présente comme souple et à l'écoute, et compte bien éclaircir quelque-peu les rangs des futurs défilés. L'effet, qui plus est, pourrait durer jusqu'en septembre, puisque c'est la date fixée. Les évènements ont prouvé que les syndicats peinaient à mobiliser contre un projet encore en construction.

L'exécutif se laisse ainsi le temps de voir comment tournent les choses, et une marge de manœuvre qui lui permettra de faire passer les principales mesures, les plus controversées : le recul de l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans et la retraite à taux plein à 67 ans.

Un fin jeu de manipulation et de communication politique qui dure depuis le début de la réforme des retraites : annonce générale l'an dernier en Congrès, qui a peu retenu l'attention. Puis quelques fuites, laissant entendre un âge légal de 63 ans, avant de lâcher 62 ans, aux airs moins difficiles. Et le petit jeu du chaud et du froid se poursuit avec ces concessions en pointillé. Les communicants politiques ont beaucoup appris, depuis le temps où, sur les retraites, le pouvoir était étaient “droit dans ses bottes”.

Grégoire Lecalot, avec agences

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