Le "made in Gaule", entre idée fixe et potion magique
"Acheter français", le Cocorico est de bon ton en cette veille de Noël. Alors que récession et hausse du chômage menacent, les candidats se disputent le concept. Mais au-delà des slogans, que proposent-ils et comment être sûr de consommer français ?
Du label "Origine France garantie", proposé par le Président et probable candidat, Nicolas Sarkozy, au "label France" du candidat du Modem, François Bayrou, en passant par le "patriotisme économique" du socialiste François Hollande ou le "achetons français", de la candidate frontiste, Marine Le Pen, le discours politique fleure bon le "made in hexagonal" ces temps-ci.
Une véritable "entente nationale". Sauf que, derrière les étiquettes se nichent des positions différentes qui se heurtent à une réalité tenace, la France n'est plus la Gaulle.
Une poigné d'irréductibles a pourtant décidé de résister.
Initiative et vigilance citoyennes
Seul et sans relais au départ, Hervé Gibet est aujourd'hui fréquemment sollicité. En 2007, ce journaliste spécialisé dans la presse d'entreprise, lassé de voir le décalage entre les discours et la réalité, a l'idée d'un site qui recense et valorise les entreprises qui fabriquent ou font fabriquer en France. Un an plus tard, et après plusieurs mois de prospection, "La Fabrique hexagonale" est en ligne.
"L'objectif est de tisser une sorte de tissu social entre ceux qui perpétuent les savoir-faire et créent des emplois en France et ceux qui veulent les remercier en consommant leurs produits", explique son créateur.
Une façon de mettre un coup de projecteur sur les petites structures qui, faute de moyens, ne peuvent pas faire de publicité mais contribuent à l'économie locale et aux systèmes de protection sociale, privilégient les circuits courts et préservent l'environnement.
Les pouvoirs publics suivent
Aujourd'hui, le site recense entre 2.500 et 3.000 entreprises et son audience grimpe, de 75.000 visites en novembre, à près de 100.000 fin décembre.
Si sa compagne collabore désormais à son projet, M. Gibet ne dispose pas pour autant d'une armée de contrôleurs. En revanche, il peut compter sur l'extrême vigilance des consommateurs, "de vrais espions" qui signalent toute anomalie, explique-t-il.
Comment juge-t-il le label "Origine France garantie", lancé en mai 2011 par l'ancien ministre, Yves Jégo ? "Cela va dans le bon sens", se réjouit-il. Seul hic, le coût. "C'est Veritas (société d''inspection, d'audit et de certification, ndlr) qui accorde le label", indique-t-il, et "il faut débourser autour de 3.000 euros".
Reste que selon lui, si les consommateurs bougent, les entreprises et les pouvoirs publics suivront".
Les politiques dissertent
Du côté politique, on multiplie les déclarations. En déplacement en Haute-Savoie début décembre, M. Sarkozy s'est engagé à développer le label "Origine France garantie" et a défendu le projet de loi sur la mise en place d'une "carte d'identité" des produits, présenté par son secrétaire d'Etat au Commerce et à l'Artisanat Frédéric Lefebvre. Pour autant, pas question de protectionnisme, le Président préfère le "produisez en France" au "achetez français".
Côté Front national, le programme est connu. Marine Le Pen propose une renégociation des traités européens, la restauration de la liberté monétaire, une planification stratégique rattachée au Premier ministre, sans oublier des droits de douane ciblés et des quotas d'importation.
Le candidat socialiste n'est pas en reste. Une fois élu, François Hollande qui défend l'idée du "patriotisme économique", promet un "pacte productif pour relever notre compétitivité et notre capacité à produire en France".
Il y a encore le "Achetons français", signé François Bayrou et "la relocalisation de l'activité", version Eva Joly.
La liste n'est pas complète car en période électorale, la "fièvre patriotique" semble se propager "Abraracourcix".
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