Le Medef estime que la revalorisation de 2% du Smic au 1er juillet est "raisonnable"
En réaction à l'annonce par le gouvernement d'une revalorisation de 2% du Smic au 1er juillet, le Medef a estimé, les voix de ses dirigeants, que cette décision est "raisonnable" : elle "aura peu d'incidence sur l'emploi et la création d'emplois".
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a estimé mardi 26 juin à Bruxelles que l'augmentation de 2% du salaire minimum au 1er juillet décidée par le gouvernement aura peu d'incidence sur l'emploi et la création d'emplois.
Cette décision "permet aux salariés qui reçoivent le Smic d'avoir un peu plus que la simple augmentation liée aux critères économiques de l'inflation, et en même temps, on peut considérer que ce coup de pouce limite les risques à l'égard de l'emploi, de la création d'emplois et du maintient de l'emploi", a-t-elle expliqué au terme d'une réunion au siège de la représentation du patronat européen à Bruxelles.
"Nous avons toujours dit qu'il fallait rester dans les critères économiques objectifs qui depuis des décennies permettent d'augmenter le Smic en fonction de l'inflation. Le gouvernement a été au delà, mais dans des proportions qui témoignent qu'il a intégré la réalité de l'économie d'aujourd'hui et l'objectif premier qui est l'emploi, l'emploi et l'emploi", a ajouté la patronne du Medef.
"Nous savons que les augmentations du Smic au delà des critères économiques sont dangereuses pour l'emploi", a-t-elle rappelé.
"Maintenant, tout dépend aussi de l'évolution de l'économie dans les semaines et les mois à venir et aussi des conclusions du sommet européen de jeudi et vendredi", a-t-elle indiqué.
Une mesure qui va "pénaliser les entreprises" pour la CGPME
"L'économie aujourd'hui en France et en Europe est très perturbée par les nombreuses incertitudes qui existent. L'évolution du Smic est une des variables qui peut perturber le fonctionnement de l'économie, mais ce n'est pas la seule", a-t-elle conclu.
"C'est une mesure, qui par rapport à ce qui était annoncé, est raisonnable", a dit, pour sa part, Benoît Roger-Vasselin, président de la commission sociale du Medef.
La Confédération générale du patronat et des petites et moyennes entreprises (CGPME) est plus critique. Elle estime que cette mesure va "pénaliser les entreprises", les poussant à "des arbitrages douloureux au détriment de l'emploi de l'investissement".
Promesse de campagne de François Hollande, la hausse s'appliquera dès juillet. Les 2,5 millions de smicards - un salarié sur dix - recevront chacun près de 22 euros de plus en net par mois pour un travail à plein temps de 35 heures par semaine.
Il s'agit de la première revalorisation intermédiaire le 1er juillet, hors du calendrier légal, puisque le Smic est revu chaque année le 1er janvier. La hausse annoncée pourrait être un à-valoir sur la revalorisation de janvier prochain.
"Un mauvais signe" pour les salariés, selon la CGT et FO
Ce "coup de pouce" est deux fois plus élevé que le dernier accordé (0,3 point en juillet 2006). Il faut remonter à 1997 pour retrouver un coup de pouce supérieur (2,26 points).
Il reste cependant en deçà des attentes syndicales. FO et la CGT notamment réclamaient une hausse plus substantielle du pouvoir d'achat. Une fois l'inflation déduite, le "coup de pouce" représente quelque 6,5 euros de plus par mois en net dans la poche du salarié aux 35 heures.
Les syndicats et les communistes ont donc fustigé une décision qu'ils considèrent "tout à fait symbolique", et qui lance, d'après eux, "un mauvais signe" aux salariés.
"C'est la déception qui domine après la décision du gouvernement. Je ne sais même pas s'il faut retenir la notion de coup de pouce après cette annonce. On est plus dans la mesure symbolique, une mesure politique", a déclaré Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, sur RTL.
"Le chiffre est de 0,6% (...) on a fait le calcul, c'est une baguette de pain par semaine, c'est pas avec ça qu'on va dynamiser la politique des salaires en France", a dit aux journalistes Paul Fourier, membre de la commission exécutive de la CGT, à l'issue de la réunion de la commission de la négociation collective au cours de laquelle Michel Sapin avait annoncé la décision gouvernementale.
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