Le PS lance une cellule pour contrer le FN
La dernière idée du PS pour stopper la progression du FN. La création d'une équipe qui travaillera spécifiquement sur le parti de Marine Le Pen. Le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis a donné son feu vert à la création de cette cellule qui va notamment suivre l'action des onze maires FN dans les villes conquises lors des municipales au mois de mars.
Ce sont de jeunes responsables du PS qui ont poussé pour la mise en place de cette cellule, notamment pendant les dernières universités d'été du parti à La Rochelle. Trois personnes vont maintenant devoir la piloter : Sarah Proust, 35 ans, Elsa di Méo, 32 ans et Yann Galut 48 ans.
Tous les trois font partie de la "génération 21 avril 2002", marquée par la présence du FN au deuxième tour de la présidentielle. Depuis, comment expliquer le vote FN ? Théo Maneval, de France Culture, a rencontré Elsa di Meo qui explique la cellule du PS ainsi : "On va travailler à bien comprendre le phénomène. Nous associerons différents élus locaux, des chercheurs, des sociologues ". La responsable explique ensuite que cette cellule s’attachera à une "stratégie d’information réelle ", car "la folie médiatique n’est parfois pas en cohérence avec ce que vivent sur place les militants de gauche ".
Volonté d’étudier
L'initiative anti-FN au Parti Socialiste n'est pas une nouveauté. En 1984, c'est un militant socialiste, Julien Dray, qui fonde SOS Racisme avec Harlem Désir. En 1990, l'actuel Premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, lance son "Manifeste contre le Front National". On a aussi vu une "cellule de riposte" dans la campagne de François Hollande.
Mais le but de ces organisations était surtout de montrer l'opposition du PS à un parti qu'il qualifie de raciste et xénophobe. Ce qui change aujourd'hui, c'est la volonté de l'étudier. La stratégie et l'électorat du FN ont changé et les partis traditionnels ne l'ont pas vu venir. "Sur le Front national, les gens se contentent d’idées toutes faites ", estime Pascal Perrineau du centre de recherche politique de Sciences Po, "avec Marine Le Pen et l’évolution du parti, il y a de nouveaux ressorts de la dynamique du Front national, d’où la nécessité de comprendre ce qu’il se passe dans la société française avant d’envisager les parades politiques, économiques et sociales ".
"Cette cellule est en déconnexion complète avec les préoccupations du moment" (Louis Aliot, vice-président du FN)
La simple dénonciation du Front National ne suffit donc plus. De son côté Louis Aliot, vice-président du FN, estime que cette cellule est en "déconnexion complète avec les préoccupations du moment ". Il lance, au micro de France Culture : "On aurait attendu que le parti socialiste fasse une cellule sur le chômage, sur le changement de modèle économique, sur une nouvelle solidarité, que sais-je encore ".
Une perspective à proposer
Le PS n'est pas le seul à avoir fait une cellule sur un parti politique. A l'UMP la réponse au FN c'est du chacun pour soi, chaque cabinet s'organise. Mais au Parti de Gauche, depuis 2010, une vingtaine de personnes font de la veille et préparent des arguments pour les dirigeants et les militants. Alexis Corbière pilote cette cellule. Il parle d'un rôle d'accompagnement car le seul moyen de lutter contre le FN est d'avoir des arguments à lui opposer. "Le combat contre le Front national autonome qui ne serait pas relié à un programme politique est quasi inutile " estime-t-il, "ceux qui sont sensibles aux idées du Front national ne peuvent être convaincus que si nous d’autres choses à leur dire ".
En 2012, Marine Le Pen représentait un peu moins de 6,5 millions d'électeurs. Cette année le FN est arrivé en tête aux Européennes, mais avec seulement 4,7 millions de voix. Le taux d'abstention dépassait les 57%. Finalement le véritable enjeu pour les partis de gouvernement c'est de remobiliser ceux qui s'abstiennent.
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