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Le second tour des législatives doit déterminer la composition de l’Assemblée nationale

La gauche en passe de confirmer sa poussée, ses alliés fragilisés par des scores décevants, l’ancienne majorité de droite morcelée, le Front national qui rêve de s’exprimer au Parlement… Quels sont les enjeux du second tour des législatives ?
Article rédigé par Adrian Buffel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Assemblée nationale (AFP)

La gauche en passe de confirmer sa poussée, ses alliés fragilisés par des scores décevants, l'ancienne majorité de droite morcelée, le Front national qui rêve de s'exprimer au Parlement… Quels sont les enjeux du second tour des législatives ?

Le second tour des législatives va permettre de définir les rapports de force qui vont régir le Parlement au soir du dimanche 17 juin. Alors que ce scrutin intéresse peu les Français, France tv 2012 en détaille les principaux enjeux.

  • Un scrutin plus mobilisateur ?

C'est l'un des faits les plus marquants du premier tour des législatives. Dimanche dernier, le taux d'abstention s'est élevé à 42,77%. Un triste record depuis 1958. Le second tour mobilisera-t-il davantage que le premier, s'interroge Le Monde ?

  • Les socialistes auront-ils la majorité absolue ?

C'est du moins ce qu'annoncent les sondages. Pour cela, ils devront dépasser les 289 sièges sur les 577 du Parlement, donc en gagner une centaine. Selon les différents pronostics, le PS serait en mesure d'en remporter entre 284 et 330.

Sauf coup de théâtre, le Palais-Bourbon devrait être doté d'une majorité de gauche, ce qui évitera une cohabitation entre François Hollande et un gouvernement de droite. Dans le cas d'une majorité absolue pour le PS, le gouvernement Ayrault n'aurait pas besoin de ses alliés écologistes et des élus communistes pour faire voter les lois.

  • Quid des alliés des socialistes ?

Le poids des alliés de la gauche parlementaire serait alors grandement relativisé. Mis à mal par les dissidences socialistes, les écologistes ne sont plus assurés d'obtenir un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, puisque le seuil des 15 députés nécessaires pour pouvoir constituer un groupe risque de ne pas être atteint. Selon les projections, ils pourraient avoir entre 10 et 18 députés. Pour eux, ce seraient un lourd revers après la campagne calamiteuse d'Eva Joly à la présidentielle.

Les alliés du Front de gauche sont en plus mauvaise posture. La défaite de Jean-Luc Mélenchon face à Marine Le Pen à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) a été cinglante. Le FG pourrait n'obtenir qu'entre 9 et 11 députés, soit deux fois moins que dans la précédente Assemblée.

  • Y'aura-t-il des élus FN à l'Assemblée ?

Cela fait quatorze ans que le Front national n'a pas eu de siège au Parlement. La dernière fois, c'était en 1988 lorsque trois députés FN étaient entrés dans l'hémicycle. Marine Le Pen veut définitivement conjurer l'image sulfureuse qui colle à la peau du FN en décrochant, selon les sondages des instituts, un à quatre sièges.

Elle-même dans le Pas-de-Calais, la cadette de la famille Marion Maréchal-Le Pen (Vaucluse), l'avocat Gilbert Collard (Gard), et Valérie Laupis (Bouches-du-Rhône) semblent être en bonne posture. De fait, les élus frontistes ne pourraient pas avoir de groupe parlementaire, mais le Palais-Bourbon pourrait être une "tribune efficace" pour l'extrême-droite, souligne Le Monde.

  • L'UMP gardera-t-il son unité ?

Souffrant de l'anti-sarkozysme qui a marqué la présidentielle et de la stratégie du FN visant à faire imploser l'UMP, la majorité sortante ne devrait obtenir qu'entre 210 et 277 députés, selon les différentes projections. Ce score correspond à peu de choses près au poids de la gauche sous le quinquennat précédents, note Le Figaro.

Mais pour l'UMP, laissée sans "leader naturel" depuis la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, c'est un coup dur : au premier tour, son score correspondait au plus mauvais résultat enregistré par la droite parlementaire depuis 1958.

Son objectif est donc de ne pas descendre sous le seuil des 220 sièges. Mais dès le lendemain du second tour, les ténors de l'ancien parti présidentiel vont avoir pour perspective la dure bataille pour la présidence du parti qui aura lieu en novembre prochain.

  • Le Modem, seul ?

C'est l'une des principales faiblesses des partis fondés pour incarner la voix d'un seul homme. Car la défaite de François Bayrou aux législatives, confronté à une triangulaire, signerait la fin du Modem qui ne compte que trois députés sortants à Mayotte, dans les Pyrénées-Atlantiques et à La Réunion.

Après avoir atteint 18,57 % des voix au premier tour de la présidentielle de 2007, le Béarnais a vu son poids électoral fondre comme neige en 2012 (9%). Désormais, l'avenir politique de François Bayrou est incertain puisqu'il risque de perdre son seul mandat national s'il n'est pas réélu à Pau.

Quant au Nouveau Centre, Hervé Morin est presque sûr d'être réélu, mais il ne veut pas siéger dans le même groupe que le numéro 2 du parti, Jean-Christophe Lagarde.

  • Quelles personnalités risquent gros ?

Au final, ce sont une dizaine de carrières politiques qui se jouent. A droite, Nadine Morano et Valérie Rosso-Debord (Meurthe-et-Moselle) se trouvent en position de faiblesse. A l'instar de Patrick Devedjian (Hauts-de-Seine), Nathalie Kosciusko-Morizet (Essonne), Claude Guéant (Hauts-de-Seine), Michèle Alliot-Marie (Pyrénées-Atlantiques) et Xavier Bertrand (Aisne).

A gauche, Ségolène Royal peut voir ses espoirs d'obtenir le perchoir s'évanouir si le dissident socialiste Olivier Falorni remporte le duel qui l'oppose à La Rochelle. Au gouvernement, Marie-Arlette Carlotti, ministre en charge des personnes handicapées, joue son portefeuille au gouvernement, en cas de défaite. Même chose pour Stéphane Le Foll, qui tente de ravir l'ancienne circonscription de François Fillon dans la Sarthe.

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