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Le secrétaire d'Etat aux Transports a présenté ses excuses jeudi après un dérapage sur les "harkis"

Interrogé sur la présence de centristes sur la liste de la présidente sortante de Poitou-Charentes Ségolène Royal, Dominique Bussereau, qui dirige la liste UMP, est sorti de ses gonds: "Elle rassemble des harkis, hein, si vous me permettez l'expression. Des gens qui vont un peu dans cette affaire parce qu'ils n'ont pas d'autres moyens d'être élus".
Article rédigé par France2.fr
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Le secrétaire d'Etat aux Transports et chef de file UMP en Poitou-Charentes, Dominique Bussereau (France 2)

Interrogé sur la présence de centristes sur la liste de la présidente sortante de Poitou-Charentes Ségolène Royal, Dominique Bussereau, qui dirige la liste UMP, est sorti de ses gonds: "Elle rassemble des harkis, hein, si vous me permettez l'expression. Des gens qui vont un peu dans cette affaire parce qu'ils n'ont pas d'autres moyens d'être élus".

"J'ai utilisé à tort le mot 'harkis'. C'est un mot que je regrette d'avoir employé, et c'est donc une erreur", a déclaré le secrétaire d'Etat dans un communiqué publié à Paris dans l'après-midi. "Dès ma sortie du studio, je m'en suis excusé auprès des journalistes présents", a-t-il ajouté.

"Je présente très sincèrement mes excuses à toutes les personnes qui se sont senties blessées. A aucun moment, je n'ai voulu mettre en doute l'honneur des harkis et leur fidélité à la France et aux valeurs de la République, qui les ont conduits à s'engager avec courage pour elle", a conclu Dominique Bussereau.

Ce nouveau dérapage verbal à l'encontre de la communauté harkie survient le jour même où plusieurs parlementaires UMP ont déposé une proposition de loi élaborée en accord avec le gouvernement et visant à sanctionner pénalement les injures à l'adresse des harkis.

L'un des signataires de ce texte, présenté à la presse mercredi par le secrétaire d'Etat Hubert Falco, est le sénateur-maire UMP de Béziers Raymond Couderc, tête-de-liste en Languedoc-Roussillon face au président sortant Georges Frêche. En février 2006, ce dernier avait été attaqué en justice pour avoir traité les harkis de "sous-hommes". Il avait été relaxé en 2007 mais avait été exclu du Parti socialiste.

Durant la guerre d'Algérie (1957-1962), les harkis combattirent aux côtés de l'armée française.

Réactions
Le député PS Julien Dray: "On ne peut pas se draper de la toge de professeur en morale publique pour donner des leçons à Georges Frêche et utiliser la première occasion venue le terme de 'harki' comme une insulte",

SOS Racisme juge "inadmissibles" les propos de Dominique Bussereau. "Il est plus que temps que M. Fillon ordonne à ses ministres de cesser de tenir des propos stigmatisants à l'endroit de telle ou telle partie de la population et tire les enseignements du débat sur l'identité nationale qui a libéré en France l'expression d'une parole raciste", a fait savoir l'association.

Le Modem s'est déclaré "choqué" et "infiniment triste pour notre démocratie". "Utiliser le terme harkis comme une insulte est aussi inacceptable qu'indigne de la part d'un ministre de la République", a ajouté le parti centriste dans un communiqué.

L'association "Harkis et droits de l'Homme" a réclamé la démission de Dominique Bussereau et son exclusion de l'UMP. Elle dénonce "une formulation tout à fait douteuse, qui ressemble fort (...) à des propos nauséabonds déjà prononcés par d'autres, Georges Frêche par exemple".

Le Dauphiné Libéré: "C'est à qui se livre au plus spectaculaire dérapage, quitte à ternir son image comme d'autres froissent de la tôle. Le dernier en date, on le doit à Dominique Bussereau, l'homme qui pilote la liste de la majorité en Poitou-Charentes. (...) Le fauteur d'écart a dû s'excuser".

Sud-Ouest: "Dominique Bussereau vient à son tour de déraper avec un mot malheureux sur les harkis. Mais le secrétaire d'Etat aux Transports a vite et bien réagi. Plutôt que de se perdre en explications vaseuses, comme un certain ministre de l'Intérieur il y a quelques mois, plutôt que d'en rajouter dans la provocation, comme un certain président de région ces derniers jours, il a reconnu sa bourde et s'en est excusé sans tergiverser".

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