RECIT FRANCEINFO. Comment Alain Juppé a perdu la primaire de la droite
Ce devait être son heure. Après tant de rendez-vous manqués, 2017 aurait dû être son année. Mais rien ne s'est passé comme prévu pour Alain Juppé. Le favori des sondages, celui qui devait passer sans encombre l'épreuve de la primaire et remporter facilement la présidentielle, s'est fracassé dès le premier obstacle. Une chute aussi violente qu'inattendue, vertigineuse et brutale.
De toutes les déconvenues subies au fil de sa carrière, celle-ci est peut-être la plus cruelle, tant la voie vers l'Elysée lui semblait dégagée. Mais aussi parce qu'à 71 ans, Alain Juppé disputait son dernier combat. Celui qui aurait pu lui permettre de passer à la postérité en devenant le huitième président de la Ve République. Condamné à une retraite forcée, il sait désormais qu'il ne réalisera jamais ce rêve, qui le guide depuis si longtemps.
Après son échec à Matignon en 1995-1997, sa condamnation judiciaire en 2004, sa défaite aux législatives en 2007, Alain Juppé avait pourtant réussi un retour patient sur le devant de la scène et dans le cœur des Français. Depuis qu'il s'était lancé officiellement dans la course à l'Elysée, à la fin de l'été 2014, tout semblait lui sourire. Juppé, revenu d'entre les morts - politiques -, avait mangé son pain noir, il lui restait à écrire son histoire.
Porté par son statut d'archi-favori pendant plus de deux ans, il n'a – pas plus que quiconque – vu venir la vague François Fillon. La déferlante, dont les premiers signes se sont manifestés à seulement trois semaines du vote, a emporté Nicolas Sarkozy dès le premier tour, et n'a laissé aucune chance à Alain Juppé au second. Retour en quatre actes sur cette campagne qui a vu le maire de Bordeaux porté aux nues avant d'échouer si près du but.
Le retour en grâce
Comment Alain Juppé a-t-il réussi à apparaître, des mois durant, comme le meilleur candidat pour faire gagner la droite en 2017 ? L'homme revient de loin, de très loin. Malgré son lourd passif.
Le "meilleur d'entre nous", comme l'avait surnommé Jacques Chirac en 1994 en le désignant pour prendre sa suite à la tête du RPR, s'est brûlé une première fois les ailes à Matignon, entre 1995 et 1997. Six mois à peine après sa nomination, sa réforme des retraites met la France dans la rue, pour ce qui reste le plus grand mouvement social depuis mai 1968. Après trois semaines de grèves et de manifestations, le "plan Juppé" pour réformer les régimes spéciaux est retiré, même si sa réforme de la sécurité sociale passe l’obstacle. Son impopularité atteint des niveaux records, et sa politique est sanctionnée quelques mois plus tard dans les urnes après la dissolution de l'Assemblée nationale.
C'est sa première traversée du désert. Défait et tenu responsable de l'échec, Alain Juppé se retranche dans sa ville de Bordeaux, qu'il dirige depuis deux ans, et où il tente de se reconstruire. Mais, mis en examen en 1999 pour "prise illégale d'intérêts" dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris, il vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Elle tombe début 2004, lorsque le tribunal de Nanterre le condamne à dix-huit mois de prison avec sursis, et surtout dix ans d'inéligibilité. La peine est réduite en appel fin 2004, à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité. Mais peu importe : contraint de quitter son fauteuil de maire, Alain Juppé s'exile au Québec.
L'envie de retourner dans l'arène n'est jamais bien loin. Son retour passe par Bordeaux, dont il redevient maire en octobre 2006. C'est un autre homme, moins raide, moins cassant, qui refait surface. Pas suffisant, bien sûr, pour voler la vedette à Nicolas Sarkozy, qui semble bien parti pour rafler la mise en 2007. Mais devenir président, il y pense. "J'avais ça un peu dans la tête, reconnaît-il dans le documentaire Juppé, le ressuscité, de Franz-Olivier Giesbert. C'est pour ça que je suis allé au gouvernement, très brièvement, en 2007. Pour me remettre dans le jeu."
Très brièvement, car un nouvel accident survient. Un mois après sa nomination comme numéro deux du gouvernement, à la tête d'un super-ministère de l'Ecologie, il est battu aux législatives à Bordeaux par Michèle Delaunay, une candidate socialiste inconnue du grand public. Il doit démissionner, en application de la règle édictée par le chef de l'Etat. Il lui faut encore patienter trois ans pour revenir, en 2010, cette fois comme ministre de la Défense, puis ministre des Affaires étrangères. Officiellement, il s'agit d'aider Nicolas Sarkozy à se faire réélire. "Je vais soutenir activement et loyalement Nicolas Sarkozy en 2012. Après, on verra. J'ai passé l'âge des plans de carrière", assure-t-il dans un entretien à L'Express.
En réalité, c'est bien un plan pour devenir présidentiable qu'il met en œuvre. Malgré ses échecs, ses revers et les pièges dans lesquels il est tombé, Alain Juppé a toujours cru en lui, persuadé que son destin inachevé n'était pas à la hauteur de son talent. Lorsque Nicolas Sarkozy perd la présidentielle en 2012, la voie s'ouvre en grand. Il aurait pu tenter de prendre l'UMP, pour devenir le chef de l'opposition. Mais Juppé, qui n'a pas d'écurie au sein du mouvement, préfère regarder de loin la guerre Fillon-Copé, qui fait rage fin 2012, sans prendre position. C'est naturellement vers lui qu'on se tourne pour tenter une médiation. Celui qui fait désormais figure de vieux sage échoue, mais il aura au moins tenté de pacifier le parti qu'il a cofondé en 2002. Un bon point pour son image.
La présidentielle suivante est déjà dans toutes les têtes. En enterrant la hache de guerre avec Jean-François Copé, François Fillon a réussi à obtenir l'organisation d'une primaire en 2016, revendication d'Alain Juppé également. Et quand on lui pose la question de sa participation, il a de moins en moins de mal à dissimuler son intérêt. "Il faudra voir si les conditions sont réunies. Beaucoup de gens me disent que je devrais me présenter… Cela me pousse à réfléchir", confie-t-il au Monde.
Les bonnes nouvelles se succèdent. En septembre 2013, il devient la personnalité politique la plus populaire, dépassant Manuel Valls, qui occupe alors l'Intérieur. Sa voix compte, au sein d'une droite toujours minée par les querelles internes. Sur son blog, un canal qu'il utilise lorsqu'il a un message important à faire passer, il tance ses camarades : "Sommes-nous devenus fous ?" Alain Juppé dénonce "les chicayas internes et les rivalités de personnes", estimant que "la survie même de l'UMP est en jeu".
Juppé avance ses pions, mais n'en fait pas trop. A l'approche des élections municipales, il se concentre sur sa campagne pour se faire réélire. Parfois, il fait mine de ne pas se soucier de la future échéance présidentielle, comme avec ce tweet remarqué.
Mais Bon Dieu! Qu'on nous foute la paix avec 2017! On n'est même pas en 2014!!
— Alain Juppé (@alainjuppe) December 3, 2013
Auréolé de sa victoire à Bordeaux, Alain Juppé reprend du service à Paris. Quand Jean-François Copé, empêtré dans l'affaire Bygmalion, est contraint de démissionner de la présidence de l'UMP, le parti nomme un triumvirat d'anciens Premiers ministres à sa tête. Le voilà donc aux commandes, aux côtés de François Fillon et de Jean-Pierre Raffarin. Un pas de plus vers une candidature, pendant que Nicolas Sarkozy organise son retour.
La débâcle
Le soir du premier tour, les premiers résultats du scrutin sonnent comme un coup de tonnerre dans les QG des candidats. La remontée spectaculaire de François Fillon, observée par les enquêtes d'opinion durant les trois semaines précédant le vote, et particulièrement durant les derniers jours, laissait imaginer une issue serrée entre les trois principaux prétendants. L'élimination de Nicolas Sarkozy, pour importante qu'elle soit, était donc prévisible. Ce qui ne l'était pas du tout, c'est le score de François Fillon, qui, non content de virer en tête, relègue Alain Juppé à plus de 15 points d'écart.
Dans les rangs juppéistes, le coup est dur à encaisser. La campagne a été pensée pour contrer les attaques des sarkozystes. Du jour au lendemain, tout est à revoir et autant dire que, vu l'ampleur du retard à combler, la victoire semble déjà inatteignable. A tel point que le camp Juppé semble envisager un temps de jeter l'éponge, avant de se raviser.
Qu'est-ce qui a cloché dans la campagne d'Alain Juppé ? Les explications, à chaud, ne sont pas évidentes. "Il a été le candidat le plus attaqué, parce qu'il était le favori", tente sa première adjointe à la mairie de Bordeaux, Virginie Calmels, interrogée deux jours après le vote. "Il n'a pas rendu coup pour coup. Il a peut-être sous-estimé la portée de ces attaques", développe-t-elle.
Le candidat s'y était pourtant préparé. "Je connais la musique. A mesure que l'élan autour de moi continuera de grandir, les attaques pleuvront. Ils diront que je suis vieux, je viens de fêter mon 71e anniversaire, bel âge pour accéder au pouvoir comme l'ont fait avant moi d'illustres hommes d'Etat… Ils diront que je suis trop dur, ou trop mou, à gauche, au centre ou nulle part, étatiste ou hyper-libéral, gaulliste ou atlantiste, que sais-je encore ? Tout cela, je vous l'assure, me laissera serein et conforté dans mon projet", clamait-il fin août lors d'un déplacement dans les Yvelines.
Cible privilégiée de ses concurrents : son âge. Lors du deuxième débat, Nicolas Sarkozy a eu cette phrase : "J'aurai 67 ans à la fin de ce mandat, si par hypothèse les Français me le confiaient. Ce serait le temps de remercier la France pour toutes ces années consacrées à son service." Suivez son regard. Quelques mois plus tôt, François Fillon avait évoqué cette question plus subtilement en qualifiant de "bonimenteurs" ceux "qui disent qu'on peut redonner de l'espérance avec des tisanes". Une saillie à laquelle Alain Juppé répondra, pour une fois, du tac au tac : "Attention à l'excès de vodka !"
Les attaques les plus violentes proviennent de la fachosphère, sur internet. Accusé de vouloir financer la construction d'une mosquée dans sa ville, il est renommé "Ali Juppé, grand mufti de Bordeaux" par des militants d'extrême droite. Ces derniers lui reprochent d'être lié aux Frères musulmans, à cause de ses bonnes relations avec l'imam bordelais Tareq Oubrou, membre de l'UOIF, émanation française de l'organisation islamique. Pendant toute la campagne, le candidat se tait, préférant ne pas faire de publicité à ces calomnies. Dans l'entre-deux-tours, persuadé d'avoir perdu de nombreuses voix dans cette affaire, il contre-attaque, reprochant à Fillon et aux autres candidats de n'avoir pas pris sa défense face à l'"ignominie".
Mais les raisons de la défaite sont-elles vraiment à chercher de ce côté-là ? Alain Juppé ne s'est-il pas fourvoyé en jouant le rassemblement des Français plutôt qu'en draguant l'électorat appelé aux urnes, en l'occurrence le peuple de droite ? "Si on s'est trompés de cible, on assume. Alain Juppé a fait une campagne de vérité. Les campagnes où on dit tout et son contraire en fonction du moment, c'est pas pour nous", se défend son porte-parole Benoist Apparu, entre les deux tours. Reste qu'avec son positionnement plus au centre, Alain Juppé a prêté le flanc à toutes les critiques. En particulier à l'offensive anti-Bayrou de Nicolas Sarkozy, vaste opération de décrédibilisation du candidat Juppé.
Cruel, le résultat du premier tour a contraint Alain Juppé à surjouer le clivage avec François Fillon. Celui qui, avant le premier tour, se posait en rassembleur, ne voulant froisser personne, doit désormais tenir le rôle du cogneur. Juppé critique le programme "irréaliste" et "brutal" de son concurrent, lui demande des comptes sur sa position vis-à-vis de l'avortement… Des arguments interprétés comme une tentative désespérée d'appeler une partie de la gauche à son secours. La manœuvre fait grincer des dents jusque dans son propre camp. En définitive, elle ne fait que conforter ses détracteurs, qui voient en lui l'incarnation d'un centrisme illégitime.
Trois jours avant le second tour, lors du débat télévisé face à François Fillon, Alain Juppé semble déjà ailleurs lorsqu'on lui demande s'il éprouve des regrets à l'issue de cette campagne. "Des regrets ? Oh, j'en ai beaucoup... Oh non, en fait pas tellement", corrige-t-il aussitôt. Peut-être savait-il que sa lourde défaite, au second tour, était inéluctable. Il quitte, cette fois pour de bon, l'arène politique nationale. Ce devait être son heure. C'était aussi son dernier combat. Il l'a perdu.
La "Juppémania"
L'étape suivante, Alain Juppé la franchit lors de la rentrée politique 2014. Dans un post de blog, intitulé "2017, bientôt", il se lance officiellement dans la bataille de la présidentielle. "On aura compris que j'ai envie de participer à cette belle construction. C'est pourquoi j'ai décidé d'être candidat, le moment venu, aux primaires de l'avenir", écrit-il. Il annonce déjà la couleur quant à son positionnement : "La première condition sera de rassembler dès le premier tour les forces de la droite et du centre autour d’un candidat capable d’affronter le Front national d’un côté et le PS ou ce qui en tiendra lieu de l’autre. Si nous nous divisons, l’issue du premier tour devient incertaine et les conséquences sur le deuxième tour imprévisibles."
Traduction de cette tirade par l'intéressé lui-même, selon des propos rapportés par Le Canard enchaîné : "Si je l'emporte lors des primaires, il n'y aura pas de candidature Bayrou et je suis donc certain d'être présent au second tour, avec de grandes chances de l'emporter." L'argument devient la pierre angulaire de sa stratégie. Grâce au soutien de François Bayrou, il peut se prévaloir d'un avantage de poids par rapport à Nicolas Sarkozy, contre lequel le leader du MoDem menace de se présenter.
En cette fin d'année 2014, Alain Juppé a le vent en poupe. Le retour de Nicolas Sarkozy, qui a déclaré en septembre sa candidature à la présidence de l'UMP, ne l'impressionne pas. Face aux moqueries sarkozystes, laissant courir l'idée qu'il ne mènera pas l'aventure jusqu'à son terme, Alain Juppé enfonce le clou. Sur Europe 1, le 21 septembre, il déclare : "Je ne suis pas une girouette. J'y ai réfléchi, pensé, j'en ai envie et donc je vais aller jusqu'au bout. Je sais bien qu'aujourd'hui le match a commencé et que le tacle commence. On essaie de faire croire que je n'irai pas jusqu'au bout. Eh bien je vais en apporter la démonstration."
Pendant ce temps, les sondages sont toujours aussi bons, et la presse se l'arrache. En novembre 2014, Les Inrockuptibles lui consacrent leur une, barrée d'un "Juppémania" en lettres capitales. Le mensuel masculin GQ le désigne "homme politique de l'année". Pour un peu, l'austère "droit dans ses bottes" serait presque devenu tendance.
Sa relation avec les Français évolue. Début octobre, à la fin de son passage dans "Des paroles et des actes", l'émission politique de France 2, un sondage révèle que 61% des téléspectateurs jugent qu'il ferait un "bon président", alors qu'ils n'étaient que 49% à l'affirmer avant l'émission. "Merci", réagit-il, ému, la voix chevrotante. Son style, qui tranche avec l'hyperactivité de Nicolas Sarkozy, rassure. Sa stature d'homme d'Etat aussi.
La drôle de campagne
Mais la route est encore longue. Face à un Nicolas Sarkozy pas encore candidat et un François Fillon qui paie toujours la facture de sa guerre avec Jean-François Copé, Alain Juppé risque de s'endormir sur ses lauriers. Dans cette situation, le statut de favori n'a rien d'un avantage. Il n'incite pas, en tout cas, à mouiller sa chemise. Ses propositions, libérales sur le plan économique, fermes sur le plan sécuritaire et tolérantes sur le plan sociétal, sont calibrées pour plaire au plus grand nombre, sans cliver. Quant à son concept d'"identité heureuse", il est souvent mal compris.
Distillés en 2015 et en 2016, ses quatre livres-programmes thématiques ne rencontrent pas l'écho espéré. Son best-seller, Pour un Etat fort, s'est vendu à moins de 50 000 exemplaires, selon Livres Hebdo. Loin des 95 000 impressions du Faire de François Fillon, ou des 170 000 exemplaires de La France pour la vie de Nicolas Sarkozy.
Par crainte de commettre la faute, l'erreur qui viendrait enrayer cette belle dynamique, Alain Juppé a décidé de mener une campagne prudente, loin des polémiques, cultivant une certaine distance avec les médias. Une "drôle de campagne" pendant laquelle les mots sont pesés, soupesés, les prises de risques systématiquement évitées. "Nous n'avons pas la volonté de saturer l'espace médiatique en étant présents matin, midi et soir sur tous les sujets", explique à L'Obs son porte-parole, le député de la Marne Benoist Apparu. Son conseiller en communication, Gilles Boyer, complète : "Nous avons décidé d'un cap, nous allons le tenir. Même si la pression est quotidienne, il y a des moments où il est urgent de se taire."
"Je ne veux pas d'une élection par défaut. (...) Je veux d'une élection par adhésion, par enthousiasme, par élan, et c'est là-dessus que va se jouer la campagne. Est-ce que je vais être capable de communiquer cela ?", s'interroge Alain Juppé devant la caméra de Franz-Olivier Giesbert. Pourtant, à en croire le sondeur d'Odoxa Gaël Sliman, cité en janvier 2016 dans Les Echos, "l'émergence d'Alain Juppé part d'un échec : la déception de la gauche au pouvoir, l'échec de Nicolas Sarkozy à incarner le recours et le fait que celui qui incarnait le recours le plus naturel, François Fillon, s'est pris les pieds dans le tapis".
Sur le terrain, Alain Juppé, qui n'est pas une bête de scène, ne soulève pas toujours les foules. En octobre, à la fin d'un meeting à Rennes, il lâche même cette phrase révélatrice : "C'est vrai que ce n'était pas un discours très folichon mais j'ai parlé de sujets sérieux." Au Zénith de Paris, une semaine avant le premier tour, il tente une formule un rien surannée, qui sera moquée sur les réseaux sociaux : "J'ai la pêche, et avec vous, j'ai la super pêche !"
Pour autant, personne ne voit qui pourrait voler la vedette au maire de Bordeaux. Jusqu'aux tous derniers jours de campagne, il apparaît quasiment certain qu'Alain Juppé affrontera Nicolas Sarkozy au second tour. Et qu'il suffira de jouer sur la corde antisarkozyste pour le battre. Mais le scénario était trop beau pour se réaliser comme prévu.