Qui sont les trois candidats à la présidence du parti Les Républicains ?
Les adhérents LR élisent dimanche leur nouveau chef de parti. Trois candidats, Christian Jacob, Julien Aubert et Guillaume Larrivé, ont récolté suffisamment de parrainages pour se présenter.
Les quelque 130 000 adhérents des Républicains sont appelés à élire le nouveau président du parti. Le vote électronique s'est ouvert samedi 12 octobre à 20 heures et se terminera dimanche à la même heure, avant un possible second tour le week-end suivant. Trois choix s'offrent aux militants : Guillaume Larrivé, Julien Aubert et Christian Jacob, qui fait clairement figure de favori. Franceinfo vous résume ce qu'il faut savoir sur ces candidats.
Christian Jacob, le chiraquien rassembleur
Qui est-il ? Avec les signatures de quelque 10 500 adhérents et 122 parlementaires, le favori du scrutin a largement dépassé les seuils nécessaires fixés par le parti (1 311 signatures requises) pour présenter son dossier de candidature. Elu de Seine-et-Marne depuis 1995, président du groupe LR à l'Assemblée depuis 2010... A 59 ans, Christian Jacob affiche un CV politique bien fourni. Cet agriculteur de profession s'est lancé en politique en s'impliquant dans le syndicalisme agricole.
Après quelques années au Conseil économique et social, il est élu député européen RPR en 1994. Poulain de l'ex-président Jacques Chirac, il est élu maire de Provins (Seine-et-Marne) en 2001, avant d'être nommé ministre de la Famille en 2002, puis ministre délégué chargé "des PME, du Commerce, de l'Artisanat, des Professions libérales et de la Consommation" en 2004. Un an plus tard, dans le gouvernement Villepin, il obtient le ministère des Affaires publiques. Proche de Nicolas Sarkozy, il prend la tête de son comité de soutien à la primaire en 2016.
Que propose-t-il ? Rompu à l'exercice électoral, Christian Jacob s'est pour l'instant gardé de préciser son programme. Une tournée de meetings est prévue à la rentrée. Soutenu, entre autres, par Nicolas Sarkozy, François Baroin et Laurent Wauquiez, l'ancien maire de Provins s'inscrit dans une démarche de rassemblement. Un atout alors que le parti peine à trouver sa place entre la majorité LREM et le Rassemblement national, au sein desquels plusieurs ex-membres LR s'épanouissent désormais. Dans une interview donnée au Figaro, Christian Jacob a ainsi annoncé vouloir restaurer "l'ADN" de la droite.
Farouchement opposé au système de primaires, il assure ne nourrir aucune ambition présidentielle – ce qui joue en sa faveur et qui l'érige en homme de confiance pour le parti. C'est d'ailleurs une volonté du président LR par intérim, Jean Leonetti : les candidats à sa succession doivent s'engager à ne pas viser l'Elysée en 2022. Son âge reste toutefois un frein au renouvellement en vogue chez les partis. Début juillet, 19 députés de la jeune garde des Républicains lui ont pourtant apporté leur soutien dans une tribune du JDD, vantant les mérites d'un "capitaine qui sait faire vivre le collectif".
Guillaume Larrivé, le technocrate anti-primaire
Qui est-il ? Fils et petit-fils de militaires, énarque, militant RPR dans sa jeunesse : à 42 ans, Guillaume Larrivé est un technocrate intransigeant. En 2005, il rejoint l'équipe de Nicolas Sarkozy en devenant conseiller d'Etat au ministère de l'Intérieur, puis le suit à l'Elysée. "Plus encore qu'une leçon de politique, il m'a donné une leçon de vie", vante Guillaume Larrivé sur son site internet – malgré le soutien affiché de l'ex-président à son concurrent Christian Jacob.
Ce "dandy de droite", comme le surnomme Le Monde, a par la suite été directeur adjoint du cabinet de Brice Hortefeux dans différents ministères. Il est élu député de l'Yonne en 2012 puis en 2017. Refusant de voter pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle de 2017, il se fait remarquer en affichant son vote blanc. En juillet 2018, il est co-rapporteur de la commission d'enquête sur Alexandre Benalla, avant de claquer la porte, qualifiant de "parodie" cette commission. Il a publié plusieurs ouvrages : Insoumission (éditions Plon) en 2017, qu'il envisage comme une réponse à Soumission, de Michel Houllebecq. Puis, en 2018, Le Coup d'Etat Macron, le prince contre la nation, où il dresse un portrait acerbe d'un "nouvel absolutisme".
Que propose-t-il ? Guillaume Larrivé veut faire de LR "le grand mouvement de l'après-Macron", précise-t-il dans une lettre annonçant sa candidature. Réputé pour son expertise technique et juridique, il souhaite "proposer des solutions aux Français", parmi lesquels, selon lui,"80% ne veulent pas être prisonniers du faux duel" entre LREM et RN. En plus de ses "3 000 parrainages" recueillis, Guillaume Larrivé compte parmi ses soutiens Eric Woerth, président LR de la commission des finances à l'Assemblée nationale.
S'il est élu à la tête du parti, le député de l'Yonne commencerait par supprimer la primaine, passage préalable à l'investiture d'un candidat pour l'élection présidentielle et "machine à créer de la division". Il soumettra de nouveaux statuts lors d'un congrès en 2020, a-t-il précisé au micro de France Inter. Parmi ses autres prises de position, il dénonce, dans une interview à Valeurs Actuelles, "l'immigration de masse", le "chaos migratoire", "les territoires occupés qui cernent aujourd'hui la nécropole des rois de France à Saint-Denis". Sa politique, c'est "zéro regroupement familial" et la suppression du droit du sol. "Je serai soit président des Républicains, soit pas dans l'appareil de LR", a-t-il prévenu dans les colonnes du JDD.
Julien Aubert, le "patriote" opposé au "parti unique"
Qui est-il ? Ce n'est pas la première fois que Julien Aubert brigue la présidence de son parti. Le député du Vaucluse, âgé de 41 ans, a été contraint à renoncer à se présenter en 2017 faute de parrainages. Cette fois-ci, le plus jeune des trois candidats en a rassemblé plus de 4 600. Enarque issu de la même promotion qu'Emmanuel Macron, il compte parmi ses mentors Thierry Mariani (passé désormais au Rassemblement national) et Henri Guaino. Après cinq années à la Cour des comptes, il rejoint l'Elysée en 2009 en tant que conseiller de la présidence de la République.
Depuis son élection en 2012, le député de la cinquième circonscription du Vaucluse s'est fait remarquer à plusieurs reprises. Lors de son premier mandat parlementaire, il est au premier rang du combat législatif contre le mariage pour tous. En 2014, Julien Aubert fait l'objet d'un rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal (ce qui le prive d'un quart de son indemnité parlementaire mensuelle) pour avoir refusé à deux reprises de féminiser le titre de président de l'Assemblée nationale.
En décembre 2018, alors que la crise des "gilets jaunes" bat son plein, Julien Aubert est interrogé par l'émission Quotidien sur le prix du gasoil. Il est incapable de donner le prix d'un litre d'essence, déclenchant une polémique sur les réseaux sociaux. Il s'affiche pourtant comme un soutien du mouvement contestataire et dépose une proposition de loi visant à rendre "le référendum d'initiative partagé plus démocratique".
Que propose-t-il ? Celui qui se pose en "David contre Goliath" face à Christian Jacob entend défendre sa vision de l'Hexagone telle qu'incarnée par Oser la France, son mouvement fondé en 2017. Il défend une ligne "gaulliste, patriote, républicaine, mais aussi populaire", expose-t-il dans le JDD. Et pour mieux rassembler, Julien Aubert veut... scinder le parti de droite en "deux mouvements", "l'un d'une droite populaire et l'autre d'une droite plus modérée", qui seraient regroupés en "confédération". En revanche, un seul candidat à la présentielle serait proposé : une personne "susceptible de dépasser les partis et d'être représentatif des adhérents de ces deux France", résume l'élu du Vaucluse dans Le Figaro.
Dans la veine du référendum d'initiative citoyenne (RIC) proposé par les "gilets jaunes", Julien Aubert souhaite aussi mettre en place "un référendum d'initiative militant", pour permettre à des adhérents d'imposer un sujet à la direction du parti.
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