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Les réticences des socialistes à mettre fin au cumul des mandats donnent du grain à moudre au FN

Confrontés aux promesses de François Hollande, les parlementaires socialistes peinent à s'adapter à la règle en gestation du non-cumul des mandats. Une aubaine pour le FN qui a dénoncé vendredi le point de vue de Philippe Kemel (PS) sur le sujet.
Article rédigé par Adrian Buffel
France Télévisions
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Ambiance de fête au QG électoral de Marine Le Pen, dimanche 22 avril. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Confrontés aux promesses de François Hollande, les parlementaires socialistes peinent à s'adapter à la règle en gestation du non-cumul des mandats. Une aubaine pour le FN qui a dénoncé vendredi le point de vue de Philippe Kemel (PS) sur le sujet.

C'était l'une des promesses de François Hollande pendant la primaire socialiste. L'actuel président de la République s'était alors engagé à faire voter une loi pour limiter les mandats des parlementaires à la tête d'un exécutif local.

De son côté, le Parti socialiste avait annoncé une règle similaire pour ses députés en septembre 2012. Mais déjà nombre d'entre eux préfèrent attendre une loi qui ne serait votée que dans deux ans.

Une occasion en or pour le Front national. Celui-ci a vivement critiqué vendredi la position du tombeur de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont, Philippe Kemel, qui plaide pour un droit des parlementaires à cumuler des "mandats de proximité", notamment pour "comprendre par exemple les questions de logement".

Le secrétaire général du Front National Steeve Briois a dénoncé dans un communiqué ce qu'il considère être un "flagrant délit de tartufferie".

"Philippe Kemel se ridiculise totalement en tombant dans cette vieille manie des socialistes qui consiste à donner des leçons de morale sans être fichus de se les appliquer à eux-mêmes, écrit le conseiller municipal d'Hénin-Beaumont. (…) Quand on a déjà été incapable d'être totalement transparent (…), on évite de pousser le vice jusqu'à édicter des règles faites sur mesure pour ne pas avoir à s'y plier."

Eviter de choisir trop vite

Maire de Carvin (Pas-de-Calais), une ville de 18 000 habitants, Philippe Kemel entend ainsi conserver son "cumul maximal" (député, maire, conseiller régional).

Comme d'autres au Parti socialiste, il estime que le seuil des 20 000 habitants est nécessaire pour faire la distinction entre les maires des grandes villes, à qui il faudrait faire appliquer la règle du non-cumul, et ceux des petites communes.

D'autre part, le nouveau député du Pas-de-Calais souhaite attendre la décision du Conseil constitutionnel sur le recours que sa rivale FN a déposé après sa défaite sur le fil, à 118 voix d'écart.

Comme lui, de nombreux députés PS qui font aussi l'objet d'un recours mettent en avant leur risque d'être invalidé pour ne pas devoir choisir trop vite entre leurs différents mandats.

Prudence dans le camp socialiste

Promise par François Hollande et votée par les militants PS, la fin du cumul des mandats de parlementaire et de membre d'un exécutif local peine à entrer dans les mentalités des élus de la nouvelle majorité, qui disposent d'un délai jusqu'aux élections locales de 2014.

Selon un décompte du Monde.fr qui s'est appuyé sur une application de nos confrères de Francetv Info, 82% des responsables politiques français cumulent des mandats, contre seulement 10% de leurs homologues allemands.

Neuf mois plus tard, l'heure est donc à la prudence et aux débats pour bon nombre de parlementaires socialistes qui semblent vouloir faire marche arrière.

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