Les scénarios de l'équipe de campagne de Marine Le Pen

Jeudi 1er mars, Marine Le Pen était l'invitée du JT de 20 heures de France 2. Elle n'a toujours pas les 500 parrainages. Les sondages ne l'annoncent pas au second tour. Cette perspective est-elle forcément un echec ? Explications.

Marine Le Pen ne donnera pas de consigne pour le second tour. L'information n'est pas dans ce choix, mais dans le fait qu'elle accepte de répondre à cette question, hier sur France 2.

"Question piège"

Cela sous-entend qu'elle admet l'hypothèse de son élimination au soir du 22 avril. La candidate s'est empressé ce matin sur BFM-TV de dissiper toute impression de défaitisme, dans le droit fil de ce qu'elle répète depuis le début de la campagne. "Je pense que j'y serai au second tour (...), j'ai tenté d'échapper à une question piège", explique-t-elle.

Les sondages démentent, pour l'heure, les espoirs de la candidate. Mais ne pas participer au second tour est-ce si grave que cela pour elle ? N'y a-t-elle pas même intérêt ? La question commence à alimenter les conversations de son équipe

Si elle est éliminée du second tour

C'est en tout cas la thèse défendue par certains. Ils craignent qu'une présence de Marine Le Pen au second tour n'affaiblisse le score du FN aux législatives. Ils appuient leur raisonnement sur le précédent de 2002. A la présidentielle, Jean-Marie Le Pen réalise un peu moins de 17% des voix au premier tour mais un mois et demi de plus tard le FN, n'obtient que 11,34% aux législatives.

Une déception expliquée par le faible report des voix entre les deux-tours. Jean-Marie le Pen ne progresse que d'un point. La dymanique du 21 avril était cassée. Elle ne s'est pas retrouvée lors des législatives du mois de juin.

Ils estiment que cela peut se répéter même si Marine Le Pen était autour de 30% lors d'un second tour éventuel. Ils fixent néanmoins deux critères à remplir pour obtenir le label campagne réussie: un faible écart avec le score de Nicolas Sarkozy et faire mieux que le résultat de 2002 et si possible dépasser la barre des 20%.

Si elle est qualifiée pour le second tour

Une autre partie considère en revanche qu'une présence au second tour de la présidentielle est indispensable, du moins un bonus puissant, pour faire un bon score aux législatives.

Car contrairement à 2002, où la présence de M. Le Pen pour un deuxième dimanche de vote était une immense surprise, celle de Mme Le Pen en 2012 serait "presque" de l'ordre de la normalité.

Au contraire, son élimination serait vécue comme une déception, tellement elle a martelé cet objectif avec un réel espoir et non par simple forfanterie. Ils estiment qu'une disparition précoce démobiliserait l'électorat FN pour le mois de juin.

Objectif législatives

Tous partagent néanmoins une conviction. Les élections législatives, à laquelle la plupart des membres de l'entourage de Mme Le Pen seront candidats, sont peut-être plus importantes que l'élection présidentielle.

Pour deux raisons. Les législatives assurent la vie financière d'un parti. A chaque voix obtenue, correspond 1, 50 euros de financement public pour les cinq ans à venir. Le FN a besoin de réaliser un bon score pour éviter les péripéties financières des dernières années et préparer serein 2017.

Ensuite, les législatives doivent parachever la stratégie du Fn: multiplier les triangulaires ou les duels face à des candidats de gauche pour faire imploser l'UMP en deux. Un big bang à la base et non au sommet. Revivre ce qui s'est passé au moment des cantonales 2011 mais puissance 10, avec des contrordres, des messages contradictoires et de la cacophonie.

Il ne faut pas oublier que Mme Le Pen, en plus d'être candidate à l'élection présidentielle, est également chef de parti. Et c'est à ce titre qu'elle devra rendre des comptes à ses cadres et à ses militants après le mois de juin.